Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Plan contre la désertification médicale : du bla-bla-bla

- pas d'augmentation du numérus clausus
- pas de réforme des études pour favoriser l'orientation vers la médecine générale
- rien pour faciliter le développement d'un service public de médecine ambulatoire et le salariat des médecins généralistes qui seraient ainsi dégagés des tâches de gestion.
Bref, juste un peu d'argent pour faire de la surenchère entre territoires très désertifiés et territoires à peine moins désertifiés, entre communes qui ont les moyens et communes qui n'ont pas les moyens de construire une maison médicale, bref, simplement changer un peu la carte de la pénurie : du gâchis !
Et de la poudre aux yeux, avec la télémédecine, car évidemment, il y a là source de progrès, mais à condition qu'il y ait des professionnels pour l'utiliser !
Le gouvernement est en pleine contradiction : son PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) est traversé par une volonté d'étatisation de la Sécurité Sociale, comme d'ailleurs de l'assurance chômage, avec même concrètement, pour 2018 ponction d'une partie de la CSG normalement réservée à la sécu pour alimenter les caisses de l'état (c'est tout l'intérêt pour lui du décalage entre l'augmentation de la CSG dès le 1er janvier et la baisse des cotisations salariales étalée au cours de l'année). Mais par contre, il ne veut pas que l'état prenne ses responsabilités pour lutter contre la désertification médicale et propose comme méthode de "faire confiance aux acteurs des territoires pour construire des projets et innover dans le cadre d’une responsabilité territoriale". En fait, il obéit à une logique, celle de l'argent pour les riches !
Je ne reviens pas sur ce PLFSS. J'en ai déjà parlé sur ce blog (à retrouver en cliquant ici). La publication du texte jeudi n'a été l'occasion d'aucune surprise heureuse. Elle permet tout au plus d'apprécier à quel point tout est fait pour le patronat, avec un effet bingo pour lui en 2019 à travers la suppression des cotisations pour les salaires en dessous de 2,5 SMIC, alors qu'il bénéficiera encore du CICE, dont l'effet sur l'emploi a bien du mal a être prouvé !
Parlons de la désertification médicale et regardons concrètement ce qui pourrait être fait :
La suppression du numerus clausus ou tout du moins son augmentation rapide (en donnant les moyens aux facs d'accueillir les étudiants) ne résoudra pas l'urgence .. mais cela doit maintenant faire 20 ans que l'on dit que ce n'est pas la solution car elle n'agit qu'avec retard. Alors, n'attendons pas 20 ans de plus !
La réforme des études médicales devrait permettre aux étudiants, non pas d'avoir des enseignements d'hyperspécialistes (ou tout du moins pas que), mais une formation plus générale, pas seulement purement scientifique d'ailleurs mais aussi en psychologie, sociologie .., leur facilitant l'approche globale de la médecine : il sera toujours temps pour ceux qui veulent se spécialiser de creuser leur domaine ! Et, sans doute, plutôt qu'un service civique pour aller porter la bonne parole de la prévention sans y avoir été formé, un stage obligatoire chez un médecin généraliste pourrait leur faire découvrir la richesse humaine du métier !
Le développement d'un service public de santé ambulatoire, articulé sur le développement de centres de santé, répondrait à deux aspirations des jeunes médecins : le travail en groupe, mais aussi le salariat, aspiration fréquente, complètement absente des préoccupations gouvernementales, alors que le salariat décharge les médecins de tout ce qui n'est pas travail médical et simplifie grandement la prise d'un poste ! Pour mémoire, dans les maisons de santé, les médecins ont un exercice libéral et dans les centres de santé, un exercice salarié. Le gouvernement devrait donner un statut d'établissement public de santé aux centres de santé, avec pour les professionnels y travaillant un statut équivalent à la fonction publique hospitalière ou de praticien hospitalier pour les médecins (évitant les contractuels à vie, facilitant les mutations ...). Ce serait un geste fort. Et il devrait aussi impulser les créations, en s'appuyant là où les collectivités ou les mutuelles (les porteurs traditionnels des centres de santé) ne sont pas volontaires, sur les hôpitaux et tout particulièrement les hôpitaux locaux et pourquoi pas sur la Sécurité Sociale, une Sécurité Sociale rénovée, démocratisée ... Je rêve, sauf qu'il y a urgence sanitaire. La courbe est exponentielle de ceux qui se retrouvent sans médecin traitant. C'est à cause de cette urgence sanitaire que mon propos porte essentiellement sur la médecine générale, même si d'autres spécialités sont aussi très en difficulté, une raison de plus pour augmenter le numérus clausus. Face à cette urgence sanitaire, le gouvernement doit prendre ses responsabilités ! Or il ne les prend pas.

Catégories : santé et protection sociale Lien permanent 0 commentaire

Les commentaires sont fermés.