Le rapport du Haut Conseil pour l'Avenir de
l'Assurance Maladie n'est pas encore officiel, mais il a déjà fait
l'objet de commentaires dans les médias. On peut le trouver sur
internet : en
cliquant ici, vous pourrez le lire.
Sa première partie répond aux attentes de la population face à la catastrophe sanitaire qui s'annonce : il faut changer de paradigme. Tous en sont conscients ! Et le premier changement nécessaire est parfaitement décrit : il faut partir des besoins de la population et non de l'offre de soins existantes !
" Pour répondre à cette exigence, la transformation du système doit s’appuyer non plus sur l’analyse de l’offre mais sur les services attendus par la population. Il ne s’agit pas d’organiser la présence ou le maintien d’un type d’offreur sur un territoire, en supposant que sa présence permettra de répondre aux besoins des habitants alentour mais d’organiser l’accès des habitants d’un territoire à des services pertinents et de qualité définis concrètement, par exemple :
- avoir un médecin traitant ;
- avoir accès à une consultation dans des délais appropriés suivant l’apparition d’un problème de santé et à l’expertise spécialisée, le cas échéant nécessaire ;
- accéder, en cas de pathologie chronique, à une équipe qui suive le patient et l’oriente ;
- bénéficier effectivement, en cas de besoin, d’un service d’éducation thérapeutique ;
- accéder si nécessaire aux technologies les plus rares et les plus coûteuses ;
- pouvoir vivre ses derniers jours chez soi si tel est son voeu…"
Il faut permettre aux usagers et aux professionnels d'être les acteurs des transformations. Mais déjà là, des interrogations ! Car leur rôle est vu individuellement. C'est nécessaire, mais non suffisant ! Développer l'information sur la santé, donner des éléments à chacun sur la meilleure manière de se soigner est nécessaire, mais il faut aussi des droits collectifs, renforcer les moyens des associations par exemple, pour qu'elles puissent développer une expertise collective face aux lobbies des laboratoires pharmaceutiques ou aux diktats de pouvoirs publics, avide d'économies. Le plus élémentaire serait le rétablissement d'élections à la Sécurité Sociale ! La même question se pose pour les professionnels, d'autant plus que ce rapport pose la question de rebattre les cartes des métiers de la santé. Cela est de fait, indispensable, mais pas n'importe comment ! Il s'agit bien de faire monter en compétences, en qualifications reconnues l'ensemble des professionnels de santé pour leur permettre de faire face aux défis techniques et sociaux liés au progrès médical, mais aussi à la transformation de la société. Le rapport propose de recentrer le rôle des médecins généralistes sur l'expertise médicale. Veut il nous habituer à une réduction drastique du nombre de médecins généralistes, sans chercher à y remédier, des médecins délégateurs de taches à un personnel sous payé, sous qualifié et sans droit d'intervention sur son travail ?
La suite est intéressante : constituer un réseau territorial fortement intégré. Pour répondre aux besoins de la population d’un bassin de vie (30 000 à 100 000 habitants selon la densité de population), le HCAAM propose d'intégrer dans le cadre des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), une offre large, dépassant celle sous-entendue actuellement par la notion de premier recours avec des plateaux d’imagerie et de biologie, des services centrés sur la prévention ou la prise en charge de la perte d'autonnomie par exemple.
Mais ce projet est foncièrement libéral, réinventant l'eau froide ! Il est fondé sur l'adhésion volontaire de professionnels libéraux à laquelle seraient consentis des avantages, en particulier financiers, en échange. Cela serait tellement plus simple d'impulser une véritable politique de centres de santé dans chaque territoire, pouvant passer des conventions dans un premier temps avec des professionnels libéraux du secteur, des associations, mais permettant la véritable construction d'un service public de santé de premier recours dans les territoires, ouvert à une gestion démocratique par les personnels et les usagers.
Deuxième étage : des établissements de santé communautaires centrés sur les personnes âgées, pouvant servir de lieux de régulation des urgences ou de support à la télémédecine, impliquant les médecins des CPTS. S'agit il de débarasser les hôpitaux des vieux, limitant ainsi le recours de ceux-ci à des soins lourds ? Il y aurait un peu moins d'établissements de santé communautaires que de CPTS (550 à 600 contre 1000)
Il est amusant de voir que l'adhésion de ces CPTS aux GHT (Groupements hospitaliers de territoire) est restée en suspens dans le HCAAM : les GHT sont tant décriés ! D'ailleurs, plus loin, le rapport demande un bilan sur leur mise en place !
Le recours dans des établissements aux missions redéfinies !
J'ai peut être été caricaturale en posant la question des établissements de santé communautaires lieu d'éloignement des vieux, mais ce rapport propose aussi de fermer les plateaux techniques à faible activité ! Encore des maternités qui vont fermer. Pourtant, un bassin de population de 100 000 habitants, c'est de l'ordre de 1200 naissances par an. Pourquoi les établissements de santé communautaires ne seraient pas aussi siège de maternité au moins de niveau 1 ? Les mêmes remarques peuvent s'appliquer à la chirurgie courante !
Toute la partie concernant les hôpitaux présente des réflexions intéressantes sur la recherche, la formation, le développement de liens ville/hôpital, l'éthique pour la prise en charge de tous, mais repose sur une idéologie mortifère : renforcer l'association du privé et du public. Et cela se retrouve dans les propositions pour la tarification en proposant d'assurer la cohérence de la nomenclature en ville et à l'hôpital.
L'idéologie libérale apparaît encore dans le rôle qui serait attribué aux ARS : un rôle de régulation entre les initiatives diverses pour une part à but lucratif !
Cet intéressant rapport est bien la marque des contradictions de notre époque, de la composition pluraliste du HCAAM. Il marque des avancées en particulier pour la proximité mais oublie la notion de services publics, la nécessité d'une démocratie renouvelée aussi et ne mérite sans doute pas les éloges actuels, sauf à vouloir contribuer à la confusion idéologique !
Sa première partie répond aux attentes de la population face à la catastrophe sanitaire qui s'annonce : il faut changer de paradigme. Tous en sont conscients ! Et le premier changement nécessaire est parfaitement décrit : il faut partir des besoins de la population et non de l'offre de soins existantes !
" Pour répondre à cette exigence, la transformation du système doit s’appuyer non plus sur l’analyse de l’offre mais sur les services attendus par la population. Il ne s’agit pas d’organiser la présence ou le maintien d’un type d’offreur sur un territoire, en supposant que sa présence permettra de répondre aux besoins des habitants alentour mais d’organiser l’accès des habitants d’un territoire à des services pertinents et de qualité définis concrètement, par exemple :
- avoir un médecin traitant ;
- avoir accès à une consultation dans des délais appropriés suivant l’apparition d’un problème de santé et à l’expertise spécialisée, le cas échéant nécessaire ;
- accéder, en cas de pathologie chronique, à une équipe qui suive le patient et l’oriente ;
- bénéficier effectivement, en cas de besoin, d’un service d’éducation thérapeutique ;
- accéder si nécessaire aux technologies les plus rares et les plus coûteuses ;
- pouvoir vivre ses derniers jours chez soi si tel est son voeu…"
Il faut permettre aux usagers et aux professionnels d'être les acteurs des transformations. Mais déjà là, des interrogations ! Car leur rôle est vu individuellement. C'est nécessaire, mais non suffisant ! Développer l'information sur la santé, donner des éléments à chacun sur la meilleure manière de se soigner est nécessaire, mais il faut aussi des droits collectifs, renforcer les moyens des associations par exemple, pour qu'elles puissent développer une expertise collective face aux lobbies des laboratoires pharmaceutiques ou aux diktats de pouvoirs publics, avide d'économies. Le plus élémentaire serait le rétablissement d'élections à la Sécurité Sociale ! La même question se pose pour les professionnels, d'autant plus que ce rapport pose la question de rebattre les cartes des métiers de la santé. Cela est de fait, indispensable, mais pas n'importe comment ! Il s'agit bien de faire monter en compétences, en qualifications reconnues l'ensemble des professionnels de santé pour leur permettre de faire face aux défis techniques et sociaux liés au progrès médical, mais aussi à la transformation de la société. Le rapport propose de recentrer le rôle des médecins généralistes sur l'expertise médicale. Veut il nous habituer à une réduction drastique du nombre de médecins généralistes, sans chercher à y remédier, des médecins délégateurs de taches à un personnel sous payé, sous qualifié et sans droit d'intervention sur son travail ?
La suite est intéressante : constituer un réseau territorial fortement intégré. Pour répondre aux besoins de la population d’un bassin de vie (30 000 à 100 000 habitants selon la densité de population), le HCAAM propose d'intégrer dans le cadre des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), une offre large, dépassant celle sous-entendue actuellement par la notion de premier recours avec des plateaux d’imagerie et de biologie, des services centrés sur la prévention ou la prise en charge de la perte d'autonnomie par exemple.
Mais ce projet est foncièrement libéral, réinventant l'eau froide ! Il est fondé sur l'adhésion volontaire de professionnels libéraux à laquelle seraient consentis des avantages, en particulier financiers, en échange. Cela serait tellement plus simple d'impulser une véritable politique de centres de santé dans chaque territoire, pouvant passer des conventions dans un premier temps avec des professionnels libéraux du secteur, des associations, mais permettant la véritable construction d'un service public de santé de premier recours dans les territoires, ouvert à une gestion démocratique par les personnels et les usagers.
Deuxième étage : des établissements de santé communautaires centrés sur les personnes âgées, pouvant servir de lieux de régulation des urgences ou de support à la télémédecine, impliquant les médecins des CPTS. S'agit il de débarasser les hôpitaux des vieux, limitant ainsi le recours de ceux-ci à des soins lourds ? Il y aurait un peu moins d'établissements de santé communautaires que de CPTS (550 à 600 contre 1000)
Il est amusant de voir que l'adhésion de ces CPTS aux GHT (Groupements hospitaliers de territoire) est restée en suspens dans le HCAAM : les GHT sont tant décriés ! D'ailleurs, plus loin, le rapport demande un bilan sur leur mise en place !
Le recours dans des établissements aux missions redéfinies !
J'ai peut être été caricaturale en posant la question des établissements de santé communautaires lieu d'éloignement des vieux, mais ce rapport propose aussi de fermer les plateaux techniques à faible activité ! Encore des maternités qui vont fermer. Pourtant, un bassin de population de 100 000 habitants, c'est de l'ordre de 1200 naissances par an. Pourquoi les établissements de santé communautaires ne seraient pas aussi siège de maternité au moins de niveau 1 ? Les mêmes remarques peuvent s'appliquer à la chirurgie courante !
Toute la partie concernant les hôpitaux présente des réflexions intéressantes sur la recherche, la formation, le développement de liens ville/hôpital, l'éthique pour la prise en charge de tous, mais repose sur une idéologie mortifère : renforcer l'association du privé et du public. Et cela se retrouve dans les propositions pour la tarification en proposant d'assurer la cohérence de la nomenclature en ville et à l'hôpital.
L'idéologie libérale apparaît encore dans le rôle qui serait attribué aux ARS : un rôle de régulation entre les initiatives diverses pour une part à but lucratif !
Cet intéressant rapport est bien la marque des contradictions de notre époque, de la composition pluraliste du HCAAM. Il marque des avancées en particulier pour la proximité mais oublie la notion de services publics, la nécessité d'une démocratie renouvelée aussi et ne mérite sans doute pas les éloges actuels, sauf à vouloir contribuer à la confusion idéologique !