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Formation professionnelle : la fabrique de l'employabilité.

arton1285-6ddd1.pngJe reprend dans le titre de cet article un livre que j'ai lu avec intérêt au cours de cette période, un livre écrit sous l'égide de l'institut de recherche de la FSU.
C'est un livre démontrant bien l'utilisation faite par le patronat de la formation professionnelle avec un brillant historique, décortiquant ce nouvel eldorado : l'employabilité, en d'autres termes l'adaptabilité aux contraintes de l'économie ultralibérale, et avançant des  propositions à partir de l'histoire de l'éducation populaire, de l'éducation ouvrière par les syndicats, des propositions par la mise en mouvement démocratique.
Bon antidote à l'uniformisation de la réflexion autour de ce lieu devenu commun de l'importance de la formation, pensée unifiée sur la nécessité d'en augmenter durée et qualité, pensée aveugle sur les finalités recherchées, l'émancipation ou l'augmentation de la rentabilité et des profits !
J'irai peut être un peu plus loin dans la remontée historique, non pas plus loin dans le temps, mais plus loin dans les causes, dans les volontés du capitalisme pour poursuivre son but constant, le profit maximum : n'y-a-t-il pas eu volonté d'externaliser la formation professionnelle, en lui donnant ce cadre légal de la loi de 1971, de l'externaliser pour en faire payer une partie par l'Etat ? Totalement en ce qui concerne la formation initiale où l'antique compagnonnage a été remplacé par le lycée professionnel, une évolution nécessaire, le développement technique supposant une élévation du niveau des connaissances, une évolution souhaitable, car s'accompagnant de la prolongation de la scolarité avec tout ce que cela comporte d'"Education" au sens plus global du terme, mais une évolution également tout à fait profitable pour le patronat qui n'a plus besoin de former les jeunes (et il a d'ailleurs un certain culot de se plaindre que les jeunes ne soient pas assez formatés à ses besoins), plus partiellement en ce qui concerne la formation des adultes ...
Mais, et ce sera ma deuxième interrogation,  peut être bien avec un autre but tout aussi peu avouable, transformer ce qui n'était que transmission de savoir des uns vers les autres en une nouvelle source de profit : la formalisation de la formation permet sa marchandisation !
Permettez moi de continuer cet article par deux éléments d'actualité :
- le décret permettant aux régions d'habiliter des organismes de formation est sorti. Vous pouvez le retrouver en cliquant ici. C'est un peu la montagne qui a accouché d'une souris ! La loi de mars dernier proclamait la naissance du service public régional de formation professionnelle. On peut épiloguer sur le mot "régional", mais tel n'est pas mon propos, même si l'instauration de barrières entre nos différentes régions est problématique. Je voudrais surtout commenter le mot public. C'est un vrai abus de langage, car il n'a de public que le nom, faisant appel aux organismes de formation de tout type, public ou privé, avec ou sans but lucratif, bref, la novlangue libérale. Les régions qui s'étaient lancées dans les procédures de mandatement attendaient cependant avec impatience la sortie du décret sus-cité. A défaut de service public, ces procédures permettent de négocier avec les organismes de formation tant le contenu, que le financement, permettant de payer les organismes en fonction de leurs dépenses réelles pour effectuer la formation, évitant le nivellement par le bas, les formateurs payés au lance-pierre ... On s'appuyait sur du droit européen et on espérait simplifier les procédures avec ce décret.
Mais il n'y a vraiment rien de bon à attendre de ce gouvernement ! C'est la déclinaison la plus libérale qui soit des textes européens, en rajoutant une couche sur la nécessité de la mise en concurrence, au prix d'une complexification juridique. Mais c'est aussi un refus de prendre ses responsabilités : l'état vu par Hollande et Valls ne se porte pas garant des procédures à respecter, du mode de calcul pour payer les organismes de formation, les compensations à leurs obligations de "service public". Il renvoie cela aux conventions passées entre régions et organismes de formation : la loi ne cherche même plus à contrôler l'économie !
- Mon deuxième élément d'actualité sera sur la mise en place du compte personnel de formation(CPF). Avec la complicité de la CFDT, le MEDEF a inventé une usine à gaz pour limiter la formation : sous prétexte, au combien louable, de ne pas permettre dans le cadre du CPF, des formations bidons, ou des formations d'adaptation au poste de travail, les formations financées dans ce cadre doivent appartenir à des listes. Derrière les principes louables, le patronat a gagné le droit de pouvoir financer moins de formation ! Alors, vous pensez bien qu'il se donne les moyens de faire marcher cette réforme à sa sauce et il écrase les autres partenaires sociaux bien incapables, car il faut y consacrer du temps, des moyens, d'élaborer ces listes et, aux insuffisances, la réponse est : "la liste n'est pas parfaite, d'ailleurs elle pourra être modifiée, mais c'est mieux que rien ! Donc, approuvez ! "La fabrique de l'employabilité" décrit d'ailleurs bien les pièges du paritarisme.
Sauf que c'est en fait limiter le compte personnel de formation, ce qui est à la main du salarié, aux besoins de l'économie actuelle, simplement sous une forme un peu masquée. Même pas aux besoins de l'économie, aux besoins du patronat, dans une forme très contre productive, car en limitant les possibilités de formation aux besoins immédiats, on bride le développement futur.
Ceux qui comptaient sur ce CPF comme d'un élément de sécurisation de l'avenir se sont lourdement trompés : la collaboration avec le MEDEF n'est pas possible !
En Champagne Ardenne, le MEDEF s'est donné la peine de retirer des listes des formations accessibles aux demandeurs d'emploi des formations qui mènent les stagiaires vers des emplois, peut être un peu plus dans le champ de l'économie sociale ou solidaire que ce que souhaiterait le MEDEF : il faut bien trouver une argumentation !
Enfin, que les demandeurs d'emploi ne s'inquiètent pas : le conseil régional continuera à financer ! Mais le MEDEF a perdu une occasion de construire l'avenir !

Catégories : Education, formation Lien permanent 0 commentaire

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