La cour régionale des comptes a publié il y a
quelques jours son rapport sur l'hôpital de St Dizier. On y trouve
ce que l'on trouve dans quasiment tous les rapports de la cour des
comptes concernant des hôpitaux sur la paie des médecins, histoire
de faire les choux gras de la presse locale et de masquer le reste
et le reste, c'est que
l'hôpital finance des banques ! Sans
parler, l'air de ne pas y toucher, des allusions à l'avenir, un
avenir en forme de GHT (groupement hospitalier de territoire) et
de GCS (groupement de coopération sanitaire), bref concrètement de
réduction de l'offre de soins si on ne se bouge pas !
Je ne commenterai pas, pour rester sur l'essentiel, d'autres points intéressants, comme la vente
de l'ancien hôpital, sans estimation des domaines. Pour lire le
rapport dans sa totalité
cliquez
ici.
Le banal d'un rapport
de la cour des comptes !
- tout est bon à prendre pour ceux qui veulent réduire les
dépenses publiques, et la cour des comptes stigmatise l'accord
local au moment de la mise en application des 35 heures comme trop
bon pour les personnels : quand on sait la difficulté du travail
hospitalier ! En plus les avantages n'ont pas l'air bien
conséquent !
- le grand truc : les médecins contractuels, intérimaires ...
Effectivement, c'est indécent ! Sauf que quand un directeur
d'hôpital n'a pas d'autres choix pour assurer la continuité du
service public, on peut comprendre qu'il accepte. D'autant plus
que l'absence de remplacements, la contrainte sur les équipes en
place peut déstabiliser celles-ci, faciliter des départs, et
fragiliser encore plus l'hôpital. Curieusement, on ne met jamais
en cause ce que gagnent les médecins dans une clinique privée.
Pourtant un anesthésiste dans le privé gagne facilement deux fois
plus qu'un médecin dans le public en fin de carrière, que
l'intérimaire le mieux rémunéré ... et souvent sans les aléas des
urgences. Et les mesures contre les dépassements d'honoraires sont
si timides !
- enfin,
la cour des comptes se permet de juger de l'activité
médicale ! Les durées d'hospitalisation seraient trop longues, le
taux de chirurgie ambulatoire pas assez élevé. Pourtant le rapport
décrit brièvement les particularités du bassin de population,
l'importance du taux de chômage. Mais la relation n'est pas faite !
Combien de personnes âgées isolées, car les enfants sont partis au
loin chercher un emploi ? Derrière les chiffres se cachent ces
réalités, la vie réelle, la misère trop souvent.
Sans les intérêts payés aux banques, le
budget de l'hôpital serait quasiment équilibré !
Je résume : en gros 2,5 Millions d'euros de déficit annuel moyen,
2 M€ d'intérêts annuels payés aux banques sans compter les
intérêts pour une ligne de trésorerie, dont le rapport laisse bien
comprendre que les banques tiennent compte de la situation
difficile de l'hôpital pour en majorer les taux !
Soit moins de 500 000 € de déficit annuel sur un budget de près de
70 M€ (moins de 1% ; je n'ose affiner, mes chiffres étant
arrondis, à la fois parce que certains ne sont pas dans le
rapport, et puis pour plus de clarté).
Rappelons : l'hôpital de St Dizier a été reconstruit, avec des
fonds venant essentiellement d'un emprunt !
La nécessité pour un
hôpital de devoir emprunter auprès des banques privées est un
véritable scandale. D'ailleurs on peut même fort légitimement se
poser la question du financement de ces travaux : ne serait-ce pas
à l'Etat de payer ces investissements nécessaires à notre pays ?
Les mécanismes actuels servent à enrichir les banques privées,
qui, elles, s'alimentent auprès de la BCE à des taux quasiment
nuls. En plus, à St Dizier, cela c'est plutôt mal passé puisque
deux emprunts sont "à risque". Si cela vous intéresse, je vous
laisse découvrir comment l'hôpital a renégocié l'un d'entre eux et
comment le second reste une menace en allant voir ce
rapport.
Mais la conclusion est
claire : avec l'argent de nos cotisations de sécurité sociale,
nous payons les banques privées !
Et quand on parle de déficit, c'est aussi en incluant 2 M€ de
remboursement de la dette chaque année. Bref, si l'hôpital n'avait
pas été reconstruit, ou si, l'état avait joué le rôle qui devrait
être le sien, l'hôpital serait excédentaire !
Une suite en pointillé.
Le rapport de la cour des comptes décrit le plan de retour à
l'équilibre (PRE) demandé par l'ARS : 2,8M € économies par an : 1
M€ sur les personnels médicaux, le reste, 1,8M€ sur les personnels
non médicaux. Il y a déjà eu 30 emplois supprimés entre 2010 et
2013. Combien le seront dans ce PRE ? On fait payer au personnel
et donc, à travers la qualité des soins qui évidemment va en
souffrir, à la population, les intérêts payés aux banques !
Le début du rapport pointe l'absence de projet médical. Sauf qu'il
n'en donne pas les causes. Car d'après ce que je sais, la volonté
des médecins n'était pas celle de l'ARS. Et on ne peut que le
comprendre. La volonté de l'ARS, c'était de mettre en place un GCS
avec la clinique privée de St Dizier. On y a goûté à
Charleville-Mézières. On sait comment cela détériore l'hôpital !
Et là, le projet était encore pire, puisqu'il n'y aurait plus eu
de chirurgie dans un cadre public (et je vous passe les détails).
L'ARS n'a pas dit son dernier mot !
Dans son approche comptable, la cour des comptes se félicite de la
fermeture de la maternité de Vitry le François et reproche le
manque de coopération avec l'hôpital de Bar le Duc : des
perspectives nouvelles sont ouvertes par la loi Touraine et la
mise en place de GHT, des perspectives nouvelles pour des
économies nouvelles et des suppressions d'activité à St Dizier ou
à Vitry le François ou à Bar le Duc.
Cela ne peut qu'inciter à la vigilance et à
l'action : moins de proximité, c'est moins de santé ! Ce ne sont
pas les comptables qui doivent avoir le dernier mot, mais la
population.