La ministre de la santé a lancé sur le site du
ministère une consultation publique sur la stratégie nationale de
santé à retrouver en cliquant
ici
Cette consultation s'apparente à la recherche d'un plébiscite, car les questions posées sous forme "Etes vous d'accord un peu, beaucoup, pas du tout ?" ne concernent que les objectifs. Or qui pourrait être en désaccord avec l'objectif de mettre en place une politique de prévention ou de lutter contre les inégalités sociales et territoriales ? Aucune question n'est posée sur les méthodes proposées pour atteindre les objectifs, beaucoup plus contestables !
Mais vous pouvez vous faire plaisir (et qui sait, si on est très nombreux ...) en vous exprimant dans les deux zones de texte libre. Il n'est en effet pas nécessaire de cocher les cases qui précèdent pour que la réponse soit acceptée.
Que contient cette stratégie nationale de santé (SNS) ?
- La prévention est mise en avant (cela fait partie des objectifs incontestables). Il s'agit malheureusement plus d'une normalisation des comportements que de vraie prévention. Certes, les objectifs d’information et d’éducation sont importants, mais ne suffisent pas. Comme l'a indiqué A. Bruneel, député PCF du Nord lors de la discussion sur le volet santé du budget 2018 (intervention à retrouver en cliquant ici) "cette approche comportementaliste ne saurait masquer que, plus que les mauvais comportements, c’est surtout la violence sociale de notre société qui dégrade au quotidien les corps et les esprits de nos concitoyens. D’ailleurs les indicateurs de performance de ce programme, tant pour la prévalence du tabagisme que pour les taux de couverture vaccinale contre la grippe, sont tous calculés par moyenne. Or les moyennes sont souvent trompeuses en cela qu’elles rendent invisible la brutalité des inégalités. Si l’espérance de vie s’accroît dans notre pays, les inégalités sociales face à la mort sont plus violentes que jamais. La santé est donc avant tout le résultat de l’inscription dans les corps et dans les esprits du fonctionnement social inégalitaire de nos sociétés par lequel les disparités sociales passent sous la peau."
Que dire aussi de l'alimentation, du bio pour ceux qui le peuvent et des pesticides pour les autres, du laissez-aller concernant les perturbateurs endocriniens (mais il ne faut pas perturber l'industrie chimique), de la pollution atmosphérique (mais pour la rentabilité, cars et camions sont mieux que le train, moins pollueurs) ...
Et malheureusement, là comme dans les parties consacrées aux soins, la SNS noie le poisson de la pénurie : Il faudrait " Rapprocher les acteurs de la prévention, notamment médecine scolaire, services de santé universitaires, médecine du travail et autres professionnels de santé et les mobiliser autour des mêmes objectifs de promotion de la santé" Sauf que cela suppose d'avoir des médecins scolaires et des médecins du travail !
- Le deuxième objectif est la réduction des inégalités sociales et territoriales. Le flou entretenu depuis la campagne des élections présidentielles sur le mode de réduction des restes à charge perdure. Ce qui est sur, c'est que l'on a vu le retrait de l'obligation du tiers payant et que les annonces de la SNS peuvent correspondre à tout, sauf à la seule mesure qui serait vraiment efficace, la prise en charge à 100% par la sécurité sociale de tous les soins prescrits. Bref, un zéro pointé à la SNS pour la réduction des inégalités sociales. La réduction des inégalités territoriales est du même tonneau. La télémédecine est mise à toutes les sauces ... sauf que si l'on n'augmente pas le nombre de médecins, il n'y aura personne au bout du téléphone et que faire sortir les médecins de l'hôpital n'aurait de sens que si les médecins hospitaliers étaient trop nombreux. Actuellement, ils sont débordés et en manque d'effectifs.
Les objectifs suivants rebrassent les mèmes incohérences : qualité, innovation, télémédecine. Avec une certaine satisfaction, on peut lire qu'il faut prendre soin des soignants, mais au delà des mots ?
Je voulais conclure ici ce déjà trop long article là, mais à la relecture il me semble que je donne l'impression que cette SNS ne contient que du vide. Or, ce n'est pas cela ! Car non seulement elle va faire perdre un temps précieux pour mettre en place les vraies mesures de progrès pour la prévention et les soins, mais en plus elle est dangereuse ! Juste un exemple avec l'évolution annoncée des modes de financements, que ce soit en ville ou à l'hôpital. De fait, la situation actuelle est mauvaise ... mais on peut faire pire en finançant non plus des actes, mais un parcours de soins pour lequel la rapidité et la qualité de la prise en charge serait fonction de la couverture sociale, une complémentaire à forte cotisation étant nécessaire pour ne pas attendre ou pour bénéficier de kinésithérapie intensive ou .... Et cette SNS fourmille d'allusions inquiétantes à des mesures qui contribueraient à la destruction de notre sécurité sociale et à une marchandisation plus importante encore des soins. Jupiter est vraiment le président des riches !
Cette consultation s'apparente à la recherche d'un plébiscite, car les questions posées sous forme "Etes vous d'accord un peu, beaucoup, pas du tout ?" ne concernent que les objectifs. Or qui pourrait être en désaccord avec l'objectif de mettre en place une politique de prévention ou de lutter contre les inégalités sociales et territoriales ? Aucune question n'est posée sur les méthodes proposées pour atteindre les objectifs, beaucoup plus contestables !
Mais vous pouvez vous faire plaisir (et qui sait, si on est très nombreux ...) en vous exprimant dans les deux zones de texte libre. Il n'est en effet pas nécessaire de cocher les cases qui précèdent pour que la réponse soit acceptée.
Que contient cette stratégie nationale de santé (SNS) ?
- La prévention est mise en avant (cela fait partie des objectifs incontestables). Il s'agit malheureusement plus d'une normalisation des comportements que de vraie prévention. Certes, les objectifs d’information et d’éducation sont importants, mais ne suffisent pas. Comme l'a indiqué A. Bruneel, député PCF du Nord lors de la discussion sur le volet santé du budget 2018 (intervention à retrouver en cliquant ici) "cette approche comportementaliste ne saurait masquer que, plus que les mauvais comportements, c’est surtout la violence sociale de notre société qui dégrade au quotidien les corps et les esprits de nos concitoyens. D’ailleurs les indicateurs de performance de ce programme, tant pour la prévalence du tabagisme que pour les taux de couverture vaccinale contre la grippe, sont tous calculés par moyenne. Or les moyennes sont souvent trompeuses en cela qu’elles rendent invisible la brutalité des inégalités. Si l’espérance de vie s’accroît dans notre pays, les inégalités sociales face à la mort sont plus violentes que jamais. La santé est donc avant tout le résultat de l’inscription dans les corps et dans les esprits du fonctionnement social inégalitaire de nos sociétés par lequel les disparités sociales passent sous la peau."
Que dire aussi de l'alimentation, du bio pour ceux qui le peuvent et des pesticides pour les autres, du laissez-aller concernant les perturbateurs endocriniens (mais il ne faut pas perturber l'industrie chimique), de la pollution atmosphérique (mais pour la rentabilité, cars et camions sont mieux que le train, moins pollueurs) ...
Et malheureusement, là comme dans les parties consacrées aux soins, la SNS noie le poisson de la pénurie : Il faudrait " Rapprocher les acteurs de la prévention, notamment médecine scolaire, services de santé universitaires, médecine du travail et autres professionnels de santé et les mobiliser autour des mêmes objectifs de promotion de la santé" Sauf que cela suppose d'avoir des médecins scolaires et des médecins du travail !
- Le deuxième objectif est la réduction des inégalités sociales et territoriales. Le flou entretenu depuis la campagne des élections présidentielles sur le mode de réduction des restes à charge perdure. Ce qui est sur, c'est que l'on a vu le retrait de l'obligation du tiers payant et que les annonces de la SNS peuvent correspondre à tout, sauf à la seule mesure qui serait vraiment efficace, la prise en charge à 100% par la sécurité sociale de tous les soins prescrits. Bref, un zéro pointé à la SNS pour la réduction des inégalités sociales. La réduction des inégalités territoriales est du même tonneau. La télémédecine est mise à toutes les sauces ... sauf que si l'on n'augmente pas le nombre de médecins, il n'y aura personne au bout du téléphone et que faire sortir les médecins de l'hôpital n'aurait de sens que si les médecins hospitaliers étaient trop nombreux. Actuellement, ils sont débordés et en manque d'effectifs.
Les objectifs suivants rebrassent les mèmes incohérences : qualité, innovation, télémédecine. Avec une certaine satisfaction, on peut lire qu'il faut prendre soin des soignants, mais au delà des mots ?
Je voulais conclure ici ce déjà trop long article là, mais à la relecture il me semble que je donne l'impression que cette SNS ne contient que du vide. Or, ce n'est pas cela ! Car non seulement elle va faire perdre un temps précieux pour mettre en place les vraies mesures de progrès pour la prévention et les soins, mais en plus elle est dangereuse ! Juste un exemple avec l'évolution annoncée des modes de financements, que ce soit en ville ou à l'hôpital. De fait, la situation actuelle est mauvaise ... mais on peut faire pire en finançant non plus des actes, mais un parcours de soins pour lequel la rapidité et la qualité de la prise en charge serait fonction de la couverture sociale, une complémentaire à forte cotisation étant nécessaire pour ne pas attendre ou pour bénéficier de kinésithérapie intensive ou .... Et cette SNS fourmille d'allusions inquiétantes à des mesures qui contribueraient à la destruction de notre sécurité sociale et à une marchandisation plus importante encore des soins. Jupiter est vraiment le président des riches !