Déjà une première remarque : les élus
communistes reversent leur indemnités au PCF, histoire d'éviter
toute source d'enrichissement personnel ! Qu'en pensent les
donneurs de leçon sur la moralisation de la vie politique ?
Quelques échos de la campagne ensuite
: comme à chaque élection législative depuis la réforme
constitutionnelle et ce calendrier où l'élection des députés suit
de quelques semaines l'élection présidentielle, l'intérêt pour le
politique baisse dès que le nom du président de la république est
connu, comme si les dés étaient jetés, confirmant ce régime
monarchique. Déjà le sentiment d'impuissance est présent en
permanence après ces décennies d'alternance sans véritable
changement, dans une continuité d'aggravation des inégalités
sociales, mais pour les élections présidentielles certains se
disent que à tout hasard, si un bulletin dans l'urne peut
servir, pourquoi s'en priver une fois tous les cinq ans et puis,
ils sont contents ou déçus, mais remisent leur carte d'électeur
pour cinq ans.
Cette année, il y a du nouveau, un élu inattendu. Trop tôt pour
savoir ce qu'il vaut. "
Donnons une chance à Macron" revient
souvent dans les discussions mais pas de quoi passionner les
débats !
Beaucoup sont conscients de la gravité de la
situation dans notre pays, de cette crise de sens, du retard
pris dans notre pays sur le progrès humain et le quinquennat qui
vient de s'achever laisse une image de stagnation, avec une
équipe gouvernementale empêtrée dans ses contradictions et qui,
pour faire plaisir à tous a déçu tout le monde.
Prenons trois exemples de réformes qui auraient pu être un
progrès.
- la réforme des rythmes scolaires. L'insupportable diminution de
6 h d'école en 40 ans a été traitée par une réforme génératrice
d'inégalités territoriales avec les nouvelles activités
périscolaires et totalement inefficace sur les apprentissages des
enfants : ils doivent apprendre en 24 h par semaine ce que l'on
apprenait (et même plus) en 30, et au lieu de rajouter des temps
de respiration dans ces apprentissages, du temps avec le maître ou
la maitresse pour "digérer" sous une autre forme les
enseignements, on a rajouté des activités nouvelles, au demeurant
souvent intéressantes, mais coupées du reste et qui plus est
facultatives et souvent payantes. A un besoin clair a répondu une
mauvaise réforme.
- le tiers payant : une mesure indispensable pour tous ceux qui
remettent à plus tard les soins, faute de moyens. Mais une usine à
gaz pour les médecins, si simple à résoudre si on allait vers des
remboursements à 100% par la sécu au lieu de promouvoir les
mutuelles et surtout leur évolution vers des complémentaires
privées.
- le compte pénibilité : encore une usine à gaz, pour être sur de
limiter au maximum la reconnaissance de la pénibilité et répondre
aux demandes du patronat, qui s'appuie maintenant sur la
complexité qu'il a voulu pour ne pas appliquer.
Alors, c'est vrai que beaucoup se demandent
si un président qui tranche, au lieu de rechercher le consensus
mou qui ne satisfait personne, ce n'est pas un plus.
Reprenons donc nos trois exemples :
- l'école : l'équipe Macron veut rendre facultative, au choix des
communes, la réforme précédente, c'est à dire renforcer les
inégalités territoriales. Et en plus, cela ne résout en rien le
problème de fond, la réduction du temps scolaire et la
concentration des apprentissages, qui fatigue les enfants et qui
conduit les enseignants à se reposer sur ce que les enfants
peuvent apprendre en dehors de l'école, renforçant les inégalités
sociales.
- le tiers payant : même solution macronesque : le rendre
facultatif. Cela résoudra le problème des médecins, pas celui des
malades, ni d'ailleurs celui des dépenses de santé, car plus on
soigne tard, plus cela coute cher.
- le compte pénibilité : silence radio sur le sujet, mais pas sur
les retraites, ce qui porte à penser que Macron ignore la
pénibilité.
En résumé, sur ces trois sujets, où on avait
failli avancer vers des solutions de progrès, Macron va mettre
fin aux légitimes reproches faits ... en nous renvoyant quelques
années en arrière.
La vraie nature de Macron et de la
République en Marche ne doit pas être méconnue : il
s'agit bien de mettre en oeuvre des politiques ultralibérales,
c'est à dire de donner toute liberté, surtout de gagner de
l'argent sur le dos des autres en laissant chacun se débrouiller
dans la jungle du capitalisme. Ce n'est pas la continuité avec le
gouvernement précédent, ni une vision améliorée par un autre mode
de gouvernement, qui serait plus efficace, mais
une étape nouvelle
dans l'adaptation du capitalisme au XXIème siècle pour plus de
satisfaction des actionnaires, du monde de la finance et de la
grande bourgeoisie internationale. Macron
ne doit pas avoir de majorité à l'assemblée nationale : il ne
représente pas l'espoir en une société meilleure sauf
peut être pour les 1% de la société qui sont déjà ceux qui vivent
le mieux ... au détriment des autres !
L'espoir, c'est la gauche, pas la
gauche revue par Hollande/Valls, qui n'a fait que salir ce beau
mot mais la gauche qui a créé les congés payés, la sécurité
sociale, la gauche qui fait vivre les valeurs de liberté,
d'égalité, de fraternité, la gauche qui nous fait avancer tous
ensemble vers un pays où on vit mieux, pas en opposant les
salariés aux retraités, comme veut le faire Macron mais en s'en
prenant aux grandes fortunes, construites sur l'exploitation des
autres et l'évasion fiscale.
Alors, c'est vrai que cet espoir à gauche a
du mal à se concrétiser : les expériences depuis 1981 ont
déçu, laissant à chaque fois un capitalisme plus offensif
reprendre le dessus et cela doit nous convaincre qu'il n'est pas
possible d'aménager le capitalisme, mais qu'il faut avoir de
courage de réformes beaucoup plus offensives, privant de leur
pouvoir de nuisance les actionnaires.
Et en plus, à ces élections, la gauche est
particulièrement divisée : toute une partie du PS a renié
la gauche rejoignant Macron, et ceux qui restent n'ont pas fait
l'analyse nécessaire des causes des échecs ; les écologistes
poursuivent leur habituel opportunisme et leur réflexion obnubilée
autour des questions écologiques, alors que la défense de la
planète passe par une analyse plus globale sur les rapports
sociaux et les comportements humains à l'origine des dégradations
; comme à l'accoutumée, Lutte ouvrière est dans le témoignage,
mais pas dans l'action nécessaire pour le changement.
Transformer
la société ne peut passer que par le rassemblement de toutes les
femmes et les hommes de bonne volonté, dans leur diversité. Et
c'est cette diversité que Mélenchon et la France Insoumise n'ont
pas comprise. Pourtant, que les motivations au vote Mélenchon à
l'élection présidentielle ont été variées, entre électeurs
socialistes cherchant le vote utile à gauche, au vu des sondages,
laissant Hamon loin derrière le quarteron de tête, écolos,
insoumis divers, communistes, qui n'avaient pas voulu rajouter un
candidat de plus à cette élection, mais déçus de l'évolution
du programme de Mélenchon depuis 2012, revenu à des idées plutôt
social démocrate que de réelle transformation sociale, comme par
exemple son projet de modulation de la CSG selon les revenus,
plutôt que de modulations des cotisations sociales permettant
d'intervenir dans le rapport cout du travail/cout du capital et de
prendre l'argent nécessaire là où il est. En demandant obéissance
aux candidats souhaitant le soutien de la France Insoumise, en
recherchant l'hégémonie d'un nouveau parti à gauche, qui
s'appellerait la France Insoumise, Mélenchon se contredit lui-même
avec la notion d'insoumission, de 6ème république. Ses militants
sont privés de tout esprit d'initiative, à tel point que quand on
critique un point de son programme sur les réseaux sociaux, plutôt
que d'avoir une argumentation sur ce point, on a comme réponse "le
programme, c'est un tout, à prendre dans sa globalité, car c'est
sa cohérence qui en fait la force". A prendre ou à laisser ? Quel
appauvrissement ! Les communistes sont bien placés pour avoir
depuis longtemps fait l'analyse des dégâts d'un parti unique !
Dans leur diversité, les voix se lèvent, de
plus en plus nombreuses, pour rejeter une société fondée sur le
règne de l'argent roi, de la seule recherche du profit, pour
l'humain d'abord. Et ceci est un vrai signe d'espoir. Il
y a moyen de reconstruire une gauche puissante, apte à prendre le
pouvoir pour le partager avec le peuple, une gauche combative sur
le terrain politique et social, car n'oublions jamais, l'ennemi,
ce n'est pas l'autre mais le pouvoir de l'argent, ces rapports
sociaux d'exploitation, de domination.
Mais dimanche, la gauche est divisée
... on fait quoi ? Déjà,
on ne
reste pas chez soi, car l'abstention c'est le jeu de la
droite, sous toutes ses formes, extrême, traditionnelle ou
macronesque. Ensuite, on peut se dire qu'
il
n'y a pas de vote utile, sauf celui pour ses idées. Car
contrairement à l'élection présidentielle, où les sondages avaient
donné des indications sur les candidats qui avaient des chances
d'être présents au second tour, les sondages nationaux ne donnent
aucune idée de ce qui se passera dans chaque circonscription
dimanche, car la recomposition politique nationale va être
pondérée par les personnalités de chaque candidat localement.
Osez donc le vote communiste ! Pas de
volonté hégémonique, mais seulement celle de rassembler largement
pour concrètement changer les choses. Mais aussi, la volonté de
changer vraiment, dans l'intérêt des 99% de la population qui vit
de son travail (présent ou passé pour les retraités) et pas de
revenus financiers : augmentation de salaire, amélioration de la
protection sociale, services publics ... en changeant le rapport
des forces avec le grand patronat, pour l'amener à, durablement,
ne plus être le maitre du monde. Et les communistes, vous savez
que vous pouvez compter sur eux : ils sont dans les luttes toute
l'année, tous les ans, pas seulement dans les trois mois qui
précèdent l'élection présidentielle !
Dans les Ardennes,
dimanche, on vote Sylvain Dalla Rosa, Igor Nivelet ou Dalila
Maouche.