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  • Billet d'humeur de ce début septembre

    Lundi, c'est la rentrée, avec de la poudre aux yeux : le dédoublement des CP en zone prioritaire ! Notons que cela témoigne de la reconnaissance que les effectifs des classes ont un rôle non négligeable sur les résultats des élèves. Dont acte ! Mais cette décision à moyens constants, c'est déshabiller certains pour en habiller d'autres, supprimer les maitres supplémentaires, supprimer des remplaçants ... Dans les Ardennes, les CP dédoublés sont uniquement à Sedan et à Charleville-Mézières, alors que l'on connaît les difficultés à Revin, à Bogny sur Meuse, à Nouzonville .... Nous sommes dans une politique de communication plus que d'action véritable !
    Seule note positive : la création d'une cinquième classe de sixième au collège Turenne de Sedan, annoncée en cette fin de semaine, à la suite de la mobilisation des enseignants et des parents d'élèves. Comme quoi la lutte paie !
    Humeur en lisant la presse locale de ce matin, avec cet article sur le projet de poulailler géant dans le Vouzinois : d'abord un sentiment de satisfaction à voir que le journal se faisait l'écho des protestations et pour finir l'impression de malaise. La critique ne porte pas sur le fond, mais seulement sur un immense égoïsme : pas à côté de chez moi, ailleurs ce serait mieux, avec comme raison allouée la peur de perte de valeur des biens immobiliers ! Pourtant le scandale du Fipronil vient de mettre au grand jour le danger de ces élevages industriels pour notre santé et ce qu'il faut, ce n'est pas déplacer le problème mais aider les agriculteurs à se sortir du piège dans lequel ils sont enfermés par l'industrie agroalimentaire, avide de profits.
    Le scandale de la situation faite aux anciens Ardenne Forge aura marqué les Ardennais, à tel point que les journalistes de L'Union ont jugé bon d'en faire une question au Premier Ministre à l'occasion de son passage à la foire de Chalons. La réponse n'est, elle, pas du tout à la hauteur de l'indignation, renvoyant vers une étude au cas par cas des dossiers, à l'assistanat, alors qu'un effacement général des sommes dues serait la moindre des choses : les patrons ont été condamnés et les salariés paient !
    Sans doute, vous pouvez penser en lisant ce billet que je ne parle pas de l'essentiel  de cette semaine : les ordonnances ! Mais d'autres font tellement mieux que moi le décryptage de cette casse du droit du travail. Quatre remarques cependant :
    - le Premier Ministre et la ministre du travail s'appuient sur la majorité qui leur a été donnée par l'élection présidentielle, (le patronat peut remercier le FN pour avoir faciliter l'élection de Macron), par les élections législatives, en oubliant le caractère antidémocratique du mode de scrutin (à quand la proportionnelle ?) et l'abstention, donnant ainsi tort aux absents : il faut donc être plus que jamais présents dans les luttes à commencer par le 12 (à 11 h au pont des deux villes à Charleville-Mézières).
    - même le leader de la CFDT se dit déçu : c'est dire la gravité du contenu, fait uniquement pour le patronat, au delà de quelques mesures, faites pour essayer de faire passer la pilule mais qui ne tromperont pas
    - le gouvernement se vante de sa méthode : c'est un test pour les réformes futures, l'application de la même casse du droit du travail aux fonctionnaires, l'augmentation de la CSG, les APL (la baisse de 5€ n'est que la première étape d'une réforme plus globale dont elle donne le sens !), les retraites ... Nous avons donc tous intérêt à lui montrer notre refus de sa politique de mépris pour les travailleurs qui sont ceux qui font la richesse de notre pays, à être présents le 12.
    - à propos de retraites, la dernière des ordonnances les concerne à travers le compte pénibilité, donnant là encore raison au patronat.
    Dernière information : les salariés de la CAF des Ardennes seront dans l'action le mardi 5 septembre. Les restrictions budgétaires ne leur permettent pas de faire leur boulot à la hauteur des enjeux sociaux de notre département. Allons les soutenir à 11 h le 5 devant la CAF (à côté de la gare)

    Catégories : Ardennes, Au fil des jours Lien permanent 0 commentaire
  • Chronique estivale n°4 : rejet des élites, populisme ...ou les échappatoires du capitalisme !

    Dernière chronique en ce 31 août et sans doute la moins concrète, mais il me paraît nécessaire de parler de la recomposition idéologique au service du capital, une recomposition au long cours, mais qui s'est particulièrement traduite dans les faits dans notre pays au cours des derniers mois.
    Commençons par le rejet des élites, le dégagisme, mélangeant les grands patrons, les élus, les journalistes, faiseurs d'opinions ...dans un flou artistique qui peut aussi englober des artistes, des sportifs, des intellectuels ... en fait tous ceux qui n'ont pas de difficultés de fin de mois et/ou ont une fonction leur conférant peu ou prou d'autorité. C'est si simple de donner des boucs émissaires à toutes les victimes de la crise économique, à tous les opprimés du capitalisme : pour le FN, ce sont les étrangers, pour d'autres populistes, se disant de gauche, ce sont les élites sans plus d'analyse, en jouant un jeu dangereux d'amalgame.
    C'est d'autant plus facile, que de fait, le capitalisme doit sa survie à l'imbrication des élites, aux liens étroits entre politique et monde économique, médias ... Comme je le disais dans mon précédent article, la démocratie n'est plus censitaire et le capitalisme a du s'adapter pour faire passer ses idées à travers une emprise idéologique et en travaillant l'"entre-soi", en plaçant ses pions partout, en fermant l'accès aux savoirs les plus complexes à ceux qui ne sont pas issus des rangs de la bourgeoisie, en embrigadant ceux qui malgré tout s'immiscent dans leur sphère bien gardée. Lisez donc les livres de Michel et Monique Pinçon si vous doutez de la réalité de cette bourgeoisie. Et le succès de L'amie prodigieuse  d'Elena Ferrante témoigne à quel point beaucoup se retrouvent dans cette héroïne, qui malgré un brillant parcours universitaire, alors qu'elle était issue d'un milieu très populaire, ne se sent pas intégrée parmi les intellectuels qu'elle côtoie, d'autant plus qu'elle est une femme : il s'agit d'un roman féministe, mais pas que ; il témoigne aussi des barrières qui entourent l'élite intellectuelle, et pas seulement en Italie !
    Mais c'est aussi de plus en plus faux ! Car si l'engagement d'intellectuels dans le camps des progressistes ne date pas d'aujourd'hui, ils sont de plus en plus nombreux au côté des classes populaires, souvent d'ailleurs pour des raisons objectives, liées à la précarité de leur vie ; de plus en plus nombreux, car même si la démocratisation de l'école est un échec - je vais y revenir ci-dessous - la massification de l'université permet à de plus en plus de jeunes, issus de milieu populaire, d'atteindre un haut niveau intellectuel. L'entre soi de la bourgeoisie, s'appuyant sur des médias pour la plupart sous domination du grand capital financier, lui permet malheureusement encore de choisir ses "experts" officiels, avec de fait, une réussite idéologique par rapport à la période des trente glorieuses où les intellectuels avaient la réputation d'être engagés à gauche.
    C'est aussi très dangereux car le rejet de l'oligarchie se confond si facilement, dans la tête de ceux qui voient cela d'un peu loin, avec le rejet de la politique, mettant dans le même panier les élus, quelqu'ils soient, avec le rejet des fonctionnaires - Allègre avait bien commencé, avec les enseignants, en parlant de dégraisser le mammouth - avec des doutes systématiques par rapport à des vérités scientifiques, etc ...
    Mais c'est aussi très dangereux, car cet amalgame efface la réalité, celle de la lutte des classes, celle d'un système économique, le capitalisme, dont une petite minorité profite, en exploitant directement ou indirectement 99% de la population. Certes, la lutte contre le capitalisme est complexe : celui-ci se renouvelle constamment, utilisant de nouvelles formes d'oppression, comme l'uberisation, de nouvelles formes de domination idéologique, comme les algorithmes des réseaux sociaux ou des moteurs de recherche sur internet ou la séduction sur la réussite individuelle. Et précisément, cette complexité ne doit pas faire céder à la facilité.
    C'est enfin totalement inefficace, car le but est bien l'émancipation humaine, politique, sociale, économique, culturelle ...avec une difficulté majeure : l'émancipation politique concrète - au delà de la démocratie formelle issue de la révolution française, et sans renier celle ci : elle est nécessaire pour la suite - a besoin d'émancipation sociale, économique, culturelle ... pour être réelle. Et l'émancipation sociale et économique a besoin d'émancipation politique, culturelle pour se construire ! Cette difficulté majeure, les forces de progrès ont su la dépasser dans les luttes avec des acquis non négligeables dans tous les domaines parce qu'elles ont su conjuguer  luttes politiques, sociales,  économiques, culturelles. La bourgeoisie n'est évidemment pas restée bras ballants et si par exemple elle a du accepter la scolarité obligatoire puis sa prolongation, le collège unique, elle a aussi réussi à faire intérioriser les inégalités culturelles : là où les ouvriers n'avaient pas eu accès à l'école - mais ceci laissait intact une envie de formation permanente -  on veut maintenant faire croire  aux jeunes des couches populaires qu'ils sont incapables d'accéder à des savoirs complexes par une école qui s'appuie trop sur les acquis culturels familiaux et pratique le tri.
    Privilégier l'émancipation politique aux autres champs, c'est outre le fait que ce n'est que marcher dans les pas de la bourgeoisie, lui laisser le champ libre où déposer ses bombes à retardement et ne pas permettre de réunir les conditions d'une démocratie réelle.
    C'est pourtant le choix du dégagisme, du "nous contre eux" - le nous pouvant même se résumer à ceux qui soutiennent la "ligne" -, du populisme soit disant de gauche.
    Je dis "soit disant" car c'est tellement contradictoire avec les valeurs de gauche : c'est consubstantiellement le césarisme,  que le  César soit roi, monarque ou le dieu Jupiter !
    Je pourrais continuer en disant comment le rejet des partis, des syndicats, c'est aussi le rejet de ses formes d'organisation que,  dans leurs insuffisances, mais aussi dans leurs réussites,  le peuple s'est donné pour s'émanciper, et beaucoup plus démocratiques que le césarisme.
    Mais terminons...  et avec une note d'actualité : la non prise en compte par le leader de la France Insoumise de l'appel à l'action de la CGT le 12 septembre contre les ordonnances de casse du droit du travail relève bien de sa négation des possibilités d'émancipation sociale. La seule lutte politique est une lutte tronquée qui ne peut conduire qu'a l'échec.

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