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  • L'esbrouffe des annonces sur la formation des demandeurs d'emploi

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    Je reprends ce blog après un long silence, en lien avec quelques jours de congés, mais pas seulement : aussi des articles laissés en attente pour les améliorer, comme celui-ci et un disparu malheureusement alors que je pensais l'avoir publié !

    Cet article fait partie de ceux que j'ai laissé en suspens pour le rendre plus lisible, car il y aurait tant à dire !

    Mais sans doute l'idée principale à travers toute cette campagne médiatique sur les efforts faits par le gouvernement pour former les personnes en recherche d'emploi, c'est bien encore de stigmatiser les chômeurs, de faire passer l'idée qu'il y a des emplois vacants et des personnes qui refusent de travailler, sans se poser la question du pourquoi de ces emplois vacants, prendre une fois de plus la défense des patrons contre le peuple ... et diviser !

    Et concrètement, pour ceux qui se sont penchés sur la question de la formation des demandeurs d'emploi, cela donne l'impression que le gouvernement Ayrault a trouvé le fil à couper le beurre : loin de moi l'idée de dénigrer la formation. Elle est indispensable, à la fois globalement pour le développement de notre pays et à titre individuel, la formation aidant à trouver, retrouver un emploi. Mais l'adéquationnisme entre la formation et les offres d'emploi n'est pas possible. D'autres s'y sont déjà essayé.

    Regardons donc quelles sont les offres d'emplois qui ne trouvent pas chaussure à leur pied, si je peux me permettre cette expression. Disons déjà d'emblée que leur nombre est bien inférieur au nombre des chômeurs  (un peu plus de 100 000 sans doute pour plus de 3 millions de chômeurs (nombre officiel, l'officieux étant bien au delà, car beaucoup ont renoncé à l'inscription à Pôle Emploi). Certaines ne relèvent pas du tout de l'absence de demandeurs d'emploi qualifiés susceptibles de les occuper mais de leurs conditions, la précarité du contrat, le salaire indécent, les conditions de travail... Une offre d'emploi cela peut être par exemple du démarchage auprès de particuliers, un travail de commercial pour laquelle l'entreprise qui recrute ne propose ni salaire minimum, ni véhicule, ni téléphone, ni liste de clients potentiels. Ne souriez pas : une telle offre, il y en a plusieurs par mois en Champagne Ardenne

    D'autres nécessitent de hautes qualifications - cela ne se réglera pas avec quelques mois de formation - ou une extrême spécialisation : on peut se demander dans ces cas si les entreprises ont vraiment envie d'aller de l'avant, car ne pourraient elles pas embaucher et permettre le développement de cette spécialisation par la formation ensuite ?

    Et puis, il y a les "trous perçés", les métiers, les entreprises où les gens ne font que passer, tellement ce qui leur est demandé n'est qu'un pis aller en attendant mieux, les centres d'appel par exemple. Ces entreprises là ne méritent pas qu'on leur finance la formation de leurs salariés : en la finançant elles-mêmes, elles seront beaucoup plus attentives aux conditions de travail et de salaires de leurs salariés, pour qu'ils restent !

    Le patronat reconnait d'ailleurs implicitement l'absence de possibilité d'adéquationnisme, puisque, à la préparation opérationnelle à l'emploi (POE) individuelle, il préfère les POE collectives ! Pour mémoire, les POE sont des formations financées par les fonds mutualisés de la formation professionnelle des entreprises à destination des demandeurs d'emploi. La POE individuelle correspond à une formation pour un emploi repéré dans lequel le demandeur d'emploi sera embauché au terme de sa formation. Les POE collectives ne donnent pas cette garantie d'embauche : cela permet aux patrons de pousser à la formation de 10 pour en choisir un !
     
    Le gouvernement Ayrault a trouvé le fil à couper le beurre, mais en plus, il veut le faire payer par d'autres ! Il a donné quelques sous à Pôle Emploi et compte pour le reste sur les financements des entreprises (ceux qui financent les POE citées plus haut) avec ce risque majeur que cela ne soit au détriment de la formation des salariés, pourtant indispensable aux transformations économiques en cours et sur les conseils régionaux, dont l'essentiel des ressources viennent des dotations de l'état, dotations annoncées en diminution !

    Certes, la formation des demandeurs d'emploi mérite amélioration : malheureusement, trop de demandeurs d'emploi sont déçus par les formations suivies. Trop mais pas tous, heureusement ! Car depuis les stages bidons, à seule ambition de diminuer le taux de chômage, bien des choses ont été faites, à la fois par les organismes de formation publics ou associatifs, comme les GRETA, l'AFPA et par les financeurs : conseils régionaux, Pôle Emploi,  sans attendre Ayrault et Sapin !

    Et je peux vous dire qu'en Champagne Ardenne, on n'a pas attendu cette année pour faire en sorte que les formations permettent de répondre aux offres d'emploi ... mais pas uniquement, car il est nécessaire de qualifier dans la durée la population, pas uniquement à l'offre passgère ou à l'utilisation très spécialisée d'un logiciel qui ne sera plus utilisé dans quelques mois.

    Améliorer les formations, faire en sorte qu'elles permettent d'amener des personnes très éloignées de la qualification recherchée à celle-ci, cela demande du temps, des innovations pédagogiques, c'est un peu un travail de broderie, pas d'injonctions médiatiques !

    La concertation pour adapter au mieux le programme des formations aux besoins n'a pas attendue Aurault pour s'engager en Champagne Ardenne et les réunions participatives territoriales sont rentrées dans les habitudes. La mise en place du réseau public régional de formation professionnelle et les procédures de mandatement permettent autant que le permet le droit européen de se sortir des peocessus de formation marchandise, avec son corollaire, la perte de qualité.

    J'aurais sans doute préféré comme aide du gouvernement, le renforcement des moyens de Pôle Emploi, car la qualité de la formation, cela passe aussi par le fait d'orienter les personnes vers les formations répondant à leurs besoins, mettre la bonne personne dans la bonne formation. Mais le gouvernement a sans doute jugé moins fun d'annoncer des recrutements pour Pôle Emploi que la formation de 30 000 demandeurs d'emploi, mais pour bien les orienter, les conseillers Pôle Emploi auraient besoin de beaucoup plus de temps !

    Les besoins de formation sont énormes : c'est donc malgré toutes ces réserves, avec satisfaction que l'on peut accueillir les annonces du ministre ... un peu plus, c'est toujours cela, mais attention à toutes les frustrations engendrées pour ceux qui ne trouveront pas d'emploi à la sortie !
    Catégories : Education, formation Lien permanent 1 commentaire