Comme je le disais dans un précédent billet, je
viens de lire La nouvelle société du coût marginal zéro de Jeremy
Rifkin : du meilleur et du pire !
Deux remarques préliminaires déjà : la première, c'est que c'est un auteur américain, et c'est en cela sans doute que ce livre est le plus intéressant. Là bas aussi des questions se posent sur l'avenir du capitalisme ... Autre facette de ce que nous a également montré la campagne de Bernie Sanders. C'est une bonne nouvelle. La seconde, c'est que ce livre ne vaut pas le succès médiatique de son auteur (comme exemple de ce succès, pour ceux qui n'auraient pas suivi, l'ancien président de la région Nord Pas de Calais, socialiste, lui avait demandé de venir conseiller sa région. Xavier Bertrand, nouveau président de droite des Hauts de France, vient de confirmer la poursuite de la démarche, étendue à la Picardie) ou plutôt, cela l'explique : pas trop dangereux pour le capital ! Sans parler d'un art pour noyer le poisson : livre long, avec plein de redites, à croire qu'il est payé à la page !
Le point de départ du livre est intéressant : la contradiction entre la recherche du profit, moteur des capitalistes, et tout ce qui tourne autour de la révolution informationnelle : ce fait nouveau qu'une information, une fois qu'elle est produite peut être partagée indéfiniment, les possibilités de travail coopératif à distance ...
Sauf que ce qui sortira de cette contradiction n'est pas inéluctable : J. Rifkin pense probable que l'avenir soit à une société avec beaucoup plus de "communaux" où le capitalisme deviendra marginal. Mais jamais il ne pose la question de l'action collective nécessaire pour avancer dans cette direction, alors que l'on connaît la capacité du capitalisme à se sortir de bien des crises, à surmonter bien des contradictions : Uber, Amazon ... pour être dans l'actualité de ce début de siècle. La question de la lutte de classe est absente de ce livre, alors que la mobilisation populaire est bien l'élément déterminant du mode de sortie de cette contradiction majeure actuelle.
"Une économie de la pénurie cède lentement la place à une économie de l'abondance" : cette idée revient à de nombreuses reprises tout au long de ce livre. De fait, on peut passer d'une période de pénurie de l'information à une période d'abondance de l'information : c'est techniquement possible. Encore faut il qu'il y en ait volonté ! Car je n'ai pas vu dans ce livre poser les questions du contrôle de l'information, des libertés ... Mais abondance d'énergie ??? J'ai cru jusqu'à la fin trouver une réflexion sérieuse sur le sujet, car qui dit énergies renouvelables dit aussi entretien des installations, matières premières, recyclage ... bref, pas forcément un coût marginal zéro. Je n'ai pas trouvé ! Tout cela est assez virtuel ! Et évidemment, dans cette économie d'abondance, on ne parle pas eau, alimentation ...
Pour rester dans le concret, j'ai illustré cet article avec une photo de mes cadres de lecture en cet été : la forêt d'Ardenne, là une photo prise à la frontière belge, au confluent de la Hulle et de la Houille, le bois, l'eau ....
J'avais espéré une conclusion concrète : quelle déception ! La fin est moralisatrice .. l'abondance serait surtout celle des relations humaines si - et là j'espère que ce n'est qu'une question de traduction - notre société devient moins matérialiste en souhaitant évidemment que ce terme ne soit pas écrit dans son sens philosophique.
"Ne vous en faites pas : la société va devenir meilleure pour autant que l'on s'empare des nouvelles techniques" semble être le sens profond de ce livre. Et n'hésitez pas à utiliser les formes de l'économie capitaliste : elles disparaitront d'elles mêmes. C'est évidemment une forme de passivité que je ne peux accepter !
Au delà de toutes ces critiques, ce livre est bien documenté, même si le parti pris entraine des lacunes et il y a de belles formulations à retenir, qui font d'autant plus plaisir à lire que, rappelons le l'auteur est américain.
Mais pas de quoi donner 350 000 euros à son auteur comme l'a fait la région Nord Pas de Calais (source la Voix du Nord et pour en savoir plus sur cette collaboration, cliquez ici.) Vous y apprendrez que la commission européenne veut aussi lui donner une mission !
Si vous voulez mieux comprendre véritablement la révolution informationnelle, lisez plutôt Economie et Politique. Le dossier de son dernier numéro porte sur ce sujet. Il est en ligne en cliquant ici.
Deux remarques préliminaires déjà : la première, c'est que c'est un auteur américain, et c'est en cela sans doute que ce livre est le plus intéressant. Là bas aussi des questions se posent sur l'avenir du capitalisme ... Autre facette de ce que nous a également montré la campagne de Bernie Sanders. C'est une bonne nouvelle. La seconde, c'est que ce livre ne vaut pas le succès médiatique de son auteur (comme exemple de ce succès, pour ceux qui n'auraient pas suivi, l'ancien président de la région Nord Pas de Calais, socialiste, lui avait demandé de venir conseiller sa région. Xavier Bertrand, nouveau président de droite des Hauts de France, vient de confirmer la poursuite de la démarche, étendue à la Picardie) ou plutôt, cela l'explique : pas trop dangereux pour le capital ! Sans parler d'un art pour noyer le poisson : livre long, avec plein de redites, à croire qu'il est payé à la page !
Le point de départ du livre est intéressant : la contradiction entre la recherche du profit, moteur des capitalistes, et tout ce qui tourne autour de la révolution informationnelle : ce fait nouveau qu'une information, une fois qu'elle est produite peut être partagée indéfiniment, les possibilités de travail coopératif à distance ...
Sauf que ce qui sortira de cette contradiction n'est pas inéluctable : J. Rifkin pense probable que l'avenir soit à une société avec beaucoup plus de "communaux" où le capitalisme deviendra marginal. Mais jamais il ne pose la question de l'action collective nécessaire pour avancer dans cette direction, alors que l'on connaît la capacité du capitalisme à se sortir de bien des crises, à surmonter bien des contradictions : Uber, Amazon ... pour être dans l'actualité de ce début de siècle. La question de la lutte de classe est absente de ce livre, alors que la mobilisation populaire est bien l'élément déterminant du mode de sortie de cette contradiction majeure actuelle.
"Une économie de la pénurie cède lentement la place à une économie de l'abondance" : cette idée revient à de nombreuses reprises tout au long de ce livre. De fait, on peut passer d'une période de pénurie de l'information à une période d'abondance de l'information : c'est techniquement possible. Encore faut il qu'il y en ait volonté ! Car je n'ai pas vu dans ce livre poser les questions du contrôle de l'information, des libertés ... Mais abondance d'énergie ??? J'ai cru jusqu'à la fin trouver une réflexion sérieuse sur le sujet, car qui dit énergies renouvelables dit aussi entretien des installations, matières premières, recyclage ... bref, pas forcément un coût marginal zéro. Je n'ai pas trouvé ! Tout cela est assez virtuel ! Et évidemment, dans cette économie d'abondance, on ne parle pas eau, alimentation ...
Pour rester dans le concret, j'ai illustré cet article avec une photo de mes cadres de lecture en cet été : la forêt d'Ardenne, là une photo prise à la frontière belge, au confluent de la Hulle et de la Houille, le bois, l'eau ....
J'avais espéré une conclusion concrète : quelle déception ! La fin est moralisatrice .. l'abondance serait surtout celle des relations humaines si - et là j'espère que ce n'est qu'une question de traduction - notre société devient moins matérialiste en souhaitant évidemment que ce terme ne soit pas écrit dans son sens philosophique.
"Ne vous en faites pas : la société va devenir meilleure pour autant que l'on s'empare des nouvelles techniques" semble être le sens profond de ce livre. Et n'hésitez pas à utiliser les formes de l'économie capitaliste : elles disparaitront d'elles mêmes. C'est évidemment une forme de passivité que je ne peux accepter !
Au delà de toutes ces critiques, ce livre est bien documenté, même si le parti pris entraine des lacunes et il y a de belles formulations à retenir, qui font d'autant plus plaisir à lire que, rappelons le l'auteur est américain.
Mais pas de quoi donner 350 000 euros à son auteur comme l'a fait la région Nord Pas de Calais (source la Voix du Nord et pour en savoir plus sur cette collaboration, cliquez ici.) Vous y apprendrez que la commission européenne veut aussi lui donner une mission !
Si vous voulez mieux comprendre véritablement la révolution informationnelle, lisez plutôt Economie et Politique. Le dossier de son dernier numéro porte sur ce sujet. Il est en ligne en cliquant ici.