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Modifier l'ordre de la file du chômage ou agir durablement pour éradiquer le chômage ?

pe.jpgFaute de s'attaquer à la vraie cause du chômage, le capitalisme, les mesures emploi du gouvernement ne visent qu'à changer l'ordre dans la file du chômage.

Car l'on aurait pu attendre d'un gouvernement de gauche une relance économique par la consommation - en plus la prise en compte du respect de l'environnement aurait pu accroître encore le nombre d'emplois ainsi créés.

Car l'on aurait pu attendre d'un gouvernement de gauche une voix forte dans les négociations internationales, portant l'exigence de taxer les comportements asociaux des entreprises pour freiner la mise en concurrence des peuples entre eux.

Car l'on aurait pu attendre d'un gouvernement de gauche une vraie loi de protection des salariés, sécurisant leur existence de 18 à 60 ans, permettant d'alterner périodes de travail et de formation sans la menace permanente du chômage, de la précarité.

Hélas, l'inféodation de nos dirigeants aux exigences du capitalisme ne nous conduit pas dans cette voie et les mesures annoncées pour l'emploi ne visent qu'à changer l'ordre dans la file du chômage, faute de création d'emplois.

Les communistes continueront à porter haut et fort les exigences d'une autre politique économique, mais cela ne les empêche évidemment pas de s'intéresser aux mesurettes pour l'emploi, les parlementaires communistes ont, par exemple, voter la loi portant création des emplois d'avenir, considérant qu'il y avait urgence pour notre société à faire plus de place aux jeunes.

Des mesurettes pour l'emploi, changeant l'ordre dans la file du chômage, ce n'est pas l'essentiel, pas ce que l'on aurait pu attendre d'un vrai gouvernement de gauche, mais c'est effectivement utile pour ne pas exclure durablement toute une partie de notre société de ce qui en fait le "en commun", le travail. Encore faut il que ces mesures ne contribuent pas à fragmenter notre société, à fausser la concurrence entre les salariés potentiels, sans y mettre fin, créant jalousie, sentiment d'injustice et faisant le terreau des idéologies les plus rétrogrades. Ainsi, les aides à l'emploi n'ont de sens que si elles sont là pour compenser un handicap de quelque nature qu'il soit, financer le temps passer à tutorer par exemple un jeune sans qualification. Elles sont délétères dés lors qu'elles peuvent faire préférer un jeune de 24 ans à un de 27.

Parmi les mesures pour l'emploi, le développement de la formation a l'avantage d'aller au delà du pansement, vers l'investissement dans l'avenir. Encore faut il que ce ne soit pas formation des salariés ou formation des personnes en recherche d'emploi, mais bien les deux.

L'aide à l'insertion professionnelle, s'adressant à tous, jeunes à la recherche d'un premier emploi, ou demandeur d'emploi en quête de reconversion mérite également intérêt : une sécurité emploi formation ou une sécurité sociale professionnelle, selon les termes que l'on préfère nécessite un grand service public de l'emploi, de la formation et de la certification !

Les mesurettes pour l'emploi étant à l'ordre du jour au Parti Socialiste faute de volonté de s'en prendre à la racine des problèmes, une députée socialiste, Monique Iborra, a présenté en juin un rapport d'information sur Pôle Emploi et le Service Public de l'Emploi, qui mérite attention. Vous pouvez le lire sur le site de l'Assemblée Nationale en cliquant ici. Il mérite attention pour ce qu'il contient ... et pour ce qu'il ne contient pas ! Annonciateur sans doute de la politique gouvernementale dans ces domaines pour les mois à venir, en particulier dans le cadre des projets de loi de décentralisation. Aussi il m'a paru intéressant de vous faire partager quelques unes des réflexions que sa lecture m'a inspirées.

Dans ce qu'il contient, il y a un constat intéressant sur la situation de Pôle Emploi, la dénonciation par exemple des radiations abusives - on apprend qu'il y en a eu plus de 500 000 en 2012 - la reconnaissance des difficultés, à la fois à un véritable accompagnement des demandeurs d'emploi et au calcul de leurs indemnités. Mais les propositions restent bien timides, comme la proposition 24 : "réduire à moins de quatre mois le délai de convocation du demandeur d’emploi au premier entretien suivant l’entretien d’inscription et de diagnostic", d'une part parce que ce délai de quatre mois est en effet beaucoup trop long et que des objectifs ambitieux de réduction doivent être donnés, mais surtout, car il convient d'inverser autant que possible la démarche pour permettre facilement au demandeur d'emploi d'être à l'origine de l'entretien ! Mais la question des moyens de Pôle Emploi semble tabou !

Dans ce qu'il ne contient pas, il y a tout le lien nécessaire entre Pôle Emploi et le service public de l'orientation créé dans les textes par la loi de 2009 sur la formation et l'orientation. Quelle participation de Pôle Emploi à ce service ? Seule est évoquée dans ce rapport la place des psychos de l'AFPA. Et pourtant, les demandeurs d'emploi doivent pouvoir accéder facilement à des informations leur permettant de s'orienter éventuellement vers un nouveau métier, leur permettant de choisir une formation. C'est ce que nous expérimentons en Champagne Ardenne avec notre charte pour un service public d'orientation incluant Pôle Emploi, avec nos Espaces Métiers qui sont pour certains dans les locaux même de Pôle Emploi.

Car il ne suffit pas de faire de l'incantation en disant que les demandeurs d'emploi doivent se former : encore faut il que les éléments leur soient donnés pour se retrouver dans le maquis de la formation, qu'ils ne soient pas chargés de trouver les financements, laissés dans l'incertitude concernant les frais de transport ou tout simplement leur indemnisation si la formation est longue : cela nécessite une vraie complémentarité entre orientation permettant de choisir la formation adaptée aux souhaits et aux compétences déjà acquises et prescription de la formation ouvrant droit à la prise en charge des frais pédagogiques, frais annexes et rémunération pendant la formation.

Pour en rester dans le domaine de la formation, on ne peut qu'être inquiet de la proposition n° 35 du rapport : expérimenter d’autres formes d’achat de formation que par le biais de la procédure des marchés publics afin d’améliorer la réactivité du dispositif de formation dans son ensemble. C'est clairement indiquer la volonté de rester sur de l'achat, sans vouloir sortir de la marchandisation de la formation, en ne cherchant à améliorer que la réactivité, pas la qualité, pourtant gravement mise à mal par des organismes de formation à but lucratif cherchant par exemple les moyens de faire les prestations pour lesquelles ils ont été sélectionnés, au vu sans doute du nombre de couleurs dans leur dossier, une fois qu'ils sont retenus, par l'embauche de formateurs précaires.

Dans ce que ce rapport ne contient pas, il y a la nécessaire réflexion à avoir sur un vrai service public de la formation répondant aux besoins des demandeurs d'emploi !

Dans ce qu'il contient, il y a toute la question du service territorial de l'emploi avec deux constats excellents, celui de la nécessaire implication des élus locaux, en particulier des maires, les plus interpellés par les chômeurs, et celui de la superposition de structures et dispositifs, conséquence du premier constat, des dispositifs créés au fil des années pour répondre à l'interpellation des élus.

Mais les propositions faites sont en décalage avec la qualité des constats, avec tout d'abord un mélange entre les écoles de la deuxième chance, dispositif de formation occupant à temps plein les jeunes inscrits dans ces écoles, et les dispositifs ne faisant que de l'accompagnement, avec ensuite une mise en cause de la qualité des missions locales, alors que précisément, si un dispositif issu des territoires a démontré son utilité, ce sont ces missions locales avec leur capacité à accompagner les jeunes dans leur globalité, pas seulement dans leur insertion professionnelle. Evidemment, ici ou là on pourrait espérer qu'elles soient encore plus performantes, mais elles ont l'avantage, contrairement à d'autres dispositifs, les PLIE par exemple, d'être présentes dans tous les territoires. Et on ne peut que s'étonner que le rapport leur reproche de  tendre " à se substituer à l’éducation nationale dans la prise en charge des « décrocheurs »." Le reproche doit plutôt être adressé à l'Education Nationale, en échec vis à vis de ces jeunes abandonnés et les propositions devraient plutôt porter vers des moyens nouveaux pour l'Education Nationale, tout en tirant les leçons des expériences qui sont en train de se dérouler dans les missions locales où un accompagnement plus global permet de dénouer des situations, évitant la fuite en avant dans l'exclusion sociale de ces jeunes.

Et dans ce que ce rapport ne contient pas, il y a les nécessaires propositions pour que le service territorial de l'emploi réponde véritablement aux besoins, c'est à dire qu'il s'appuie sur de vraies pratiques démocratiques, impliquant les élus locaux et les représentants socio économiques. La première proposition du rapport veut : "reconnaître la région comme chef de file d’un service public régional de l’insertion professionnelle, de la formation professionnelle, de l’orientation et de l’apprentissage.". Les régions ont effectivement une expérience dans la formation et sont sans doute un bon échelon pour coordonner toutes ces politiques mais cela nécessite d'institutionnaliser le lien avec les communes, le vrai lieu de démocratie de proximité et avec les départements, dont les compétences sociales doivent s'articuler avec l'insertion professionnelle. Et c'est localement que peuvent se construire les synergies nécessaires pour avancer dans la sécurisation des parcours professionnels, permettre des transitions professionnelles d'une entreprise vers une autre du même bassin d'emploi en anticipant sur la gestion des emplois et des compétences plutôt que d'exiger la mobilité géographique des demandeurs d'emploi, sans égard pour les conséquences familiales de celle-ci. Encore faudrait il qu'une loi en donne le cadre !

Catégories : Education, formation Lien permanent 1 commentaire

Commentaires

  • Une formation pour les salariés licenciés

    Suite aux propositions du regroupement d'associations ouvrières, lors des rencontres avec les élus du département et de la région, une première action a été décidée avec le conseil régional.
    Une formation se déroulera du 16 septembre au 20 décembre 2013 à Bogny sur Meuse
    Cette formation permettra d'avoir les outils nécessaires afin de permettre de définir un projet personnel (auto-entrepreneur, commerce, aide à la personne....), une reconversion professionnelle dans un autre métier, une évolution du parcours individuel, la recherche d'une VAE, d'une formation adaptée ou d'un emploi durable dans une entreprise locale.

    Cette formation aura lieu à Bogny-sur-Meuse pendant 15 semaines et durera 462 heures (dont 210 H. en entreprise). Cette formation sera rémunérée pour le stagiaire, qui touchera donc un salaire.

    Une réunion d'information collective et individuelle pour les personnes intéressées se tiendra le vendredi 6 septembre 2013, dans la salle de la place Jean-Baptiste Clément à Monthermé.

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