A l'évidence, les forces de progrès ont pris une claque hier dans notre pays à l'occasion des élections européennes et le grand gagnant n'est sans doute pas celui que l'on dit, le FN, mais bien le capitalisme !
C'est pire que les résultats que l'on pouvait attendre, mais soyons sérieux : les gens nous l'avaient dit et nous avaient expliqué pourquoi ils allaient voter extrême droite même si, sans doute, il faut décrypter le vocabulaire : les étrangers, terme accompagné d'un insupportable racisme chez certains, plutôt cité par mimétisme chez d'autres pour signifier l'"autre", celui qui a du boulot, alors que je n'en ai pas, ou celui qui a des aides, alors que je m'épuise au travail et ne sais comment finir le mois. Signe évident de la division de notre peuple.
Car plus que le mot étranger, ce sont les mots de travail et de courage qui ressortent ! Et dans un contexte témoins d'une évidente victoire idéologique du capitalisme : les luttes, symbole de la gauche, pour l'amélioration des conditions de travail, pour de meilleurs salaires, sont assimilées à de la paresse ! Un message est passé, une vraie victoire pour les patrons, confondant lutte pour l'émancipation du travail et paresse et vantant le courage d'entreprendre. Et c'est vrai qu'en ce qui concerne le courage, le gouvernement socialiste n'en a guère fait preuve, se contentant d'essayer de soudoyer l'adversaire, que ce soit politiquement la commission européenne, ou économiquement, le patronat.
C'est bien une victoire avant tout du capitalisme que cette première place du FN aux élections européennes dans notre pays. Leurs conceptions rétrogrades économiques conduiraient notre pays dans une impasse à l'époque de la mondialisation, mais dans l'immédiat c'est une bouffée d'oxygène pour le capitalisme, un étouffoir sur les luttes.
Car il en a bien besoin, en échec dans d'autres pays, et je pense tout particulièrement à la Grèce, où Syriza, qui porte des idées proches de celles du PCF et du Front de Gauche, arrive en tête des élections.
L'extrême droite est une bouffée d'oxygène pour le capitalisme, mais elle ne le sortira pas de son agonie. A nous de faire en sorte que les soubresauts de cette agonie soient le moins meurtriers possibles, en rassemblant notre peuple autour de droits nouveaux à acquérir, plutôt que d'un saupoudrage de pansements sur la misère, diviseurs - l'état de développement de notre pays, de l'Europe, le permet - et en faisant de l'émancipation du travail, du travail libéré, le chemin pour mieux vivre ensemble.