En supprimant la compétence générale des collectivités, le projet de loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la république) est profondément antidémocratique en retirant aux élus du peuple la possibilité d'intervenir dans tous les domaines !
C'est vrai que le gouvernement n'en est pas à une entorse près à la démocratie, comme il vient de le démontrer en utilisant l'article 49-3 pour faire adopter la loi Macron !
Mais en plus le projet de loi NOTRe s'avère plein de possibilités pour semer quelques graines de privatisation ! Le débat autour de la régionalisation des politiques de l'emploi en est l'exemple.
Toutes les personnes en recherche d'emploi vous diront leur insatisfaction vis à vis de Pôle Emploi. Posons nous les bonnes questions :
- Pôle Emploi peut il résoudre le manque d'emplois en France ? Ne faut il pas plutôt parler augmentation du pouvoir d'achat permettant de relancer la consommation ? Je sais bien que les écolos sont contre, mais il y a une différence entre augmenter le pouvoir d'achat de ceux qui sont en dessous du salaire médian (pour faire court) et qui n'ont pas de quoi vivre dignement et augmenter le pouvoir d'achat du un pour cent qui a les revenus les plus élevés et qui gaspille ! Ne faut il pas parler réduction du temps de travail ? Ne faut il pas parler investissements dans les services publics ?
- Pôle Emploi a-t-il les moyens humains d'accompagner correctement les personnes en recherche d'emploi ? Non et en plus l'obsession du résultat entraîne un malaise chez les personnels (comme dans beaucoup d'autres services publics).
Allez donc lire ce qu'a dit Christian Favier, sénateur PCF du Val de Marne, à ce sujet lors de la discussion au Sénat en cliquant ici.
Mais figurez vous qu'entre un gouvernement qui cherche à se faire mousser en montrant qu'il s'occupe de l'emploi et des présidents de région assoiffés de pouvoir, une solution géniale au chômage a été trouvée : régionaliser les politiques de l'emploi ! Certes, Pôle Emploi resterait une institution nationale, mais le pouvoir des régions serait renforcé, elles auraient la charge de la coordination et auraient un transfert des fonds consacrés à l'emploi par l'état, hors contrats aidés.
Avec des conséquences lourdes pour les missions locales dont le rôle est l'accompagnement des jeunes, un accompagnement global, pas uniquement vers l'emploi : le transfert des crédits de l'état vers des régions désireuses de démontrer leurs résultats en terme d'insertion dans l'emploi risque de recentrer les missions locales vers cette seule mission. La garantie de l'égalité sur l'ensemble du territoire de la République est en cause : actuellement la part des financements des Régions dans le budget des Missions Locales varie de 10,4 % à 26,8% (chiffres 2012). Et il y a une certaine absurdité à promouvoir la décentralisation de quelque chose qui est déjà décentralisé ! Car ce qui fait la richesse des missions locales, c'est précisément leur implantation locale, leur conseil d'administration ... Voudrait on leur recentralisation au niveau régional ?
Avec les prémices d'une privatisation du service public de l'emploi : les régions vont être sollicitées pour accompagner les adultes dans leur recherche d'emploi. Comment peuvent elles le faire ? En lançant des appels d'offres pour faire ce que Pôle Emploi n'a pas les moyens de faire, avoir des conseillers ayant du temps à consacrer aux demandeurs d'emploi ! Une porte ouverte pour les OPP (organismes privés de placement) !
Où est l'humain dans tout cela ? L'adoption de ces projets par l'Assemblée Nationale ne ferait que flatter l'égo des présidents de région et faire perdre de l'argent aux contribuables : les études ont déjà démontrées que Pôle Emploi est plus efficace que les OPP. Et il ne suffit pas de changer l'ordre dans la file des demandeurs d'emploi : il faut créer des emplois !
Pour finir, comme je ne suis pas critique par principe, je voudrais souligner l'intérêt d'un amendement proposé par le gouvernement lors de la discussion au Sénat, celui qui permettrait à Pôle Emploi d'acheter des formations collectives à caractère national. C'est le bon sens car pour les métiers "rares" il n'est pas possible de monter un groupe de formation au niveau d'une région et si ce n'est pas Pôle Emploi qui le fait, cela va nécessiter une usine à gaz d'organisation entre les régions pour un résultat incertain. Il faut que cet amendement reste dans le texte final, même si l'ego des présidents de régions en prend un coup !