Pour faire suite à mon précédent article, quelques éléments sur le lycée de Revin et le CIO.
Même si les lycées n'étaient pas à l'ordre du jour du CDEN, le lycée de Revin et la fermeture annoncée d'une classe de seconde à la prochaine rentrée a fait partie des discussions : à juste titre, un représentant de la FCPE est intervenu pour demander au directeur académique de bien vouloir servir d'intermédiaire pour que les représentants du conseil d'administration du lycée de Revin puissent avoir un entretien avec le Recteur. J'ai confirmé le bien fondé de la démarche en expliquant le refus actuel d'une audience ! Plus tard dans la réunion, nous avons eu droit à cette réflexion extraordinaire du Directeur Académique expliquant qu'il aurait pu fermer dès la rentrée dernière cette quatrième classe de seconde !
En ce qui concerne les CIO, un projet de réorganisation est actuellement en cours qui pourrait être la fermeture de tous les CIO du département sauf celui de Charleville sachant que contrairement à d'autres départements où l'Education Nationale utilise le désengagement des conseils généraux en terme de locaux pour ces fermetures, ce ne peut être le cas dans notre département. J'ai confirmation, au moins en ce qui concerne celui de Revin, qu'il s'agit de locaux appartenant à l'Etat !
J'ai rebondi vendredi au conseil départemental de l'Education Nationale sur la déclaration d'un délégué de la FSU sur ce sujet pour faire part de mon inquiétude : la loi du 5 mars 2014 a bien clarifié les responsabilités en terme d'orientation, de l'Etat en ce qui concerne l'orientation des jeunes en formation initiale, des régions pour la coordination de l'orientation en ce qui concerne les autres publics. Petite précision et pas des moindre : cette compétence nouvelle des régions leur a été donnée sans le moindre centime ! En Champagne Ardenne, on ne part pas de rien en ce qui concerne la coordination de l'orientation, puisqu'avant cette loi existait déjà une charte incluant l'Education Nationale à travers ses CIO et permettant la coopération de tous dans le strict respect des compétences de chacun (missions locales, Pôle Emploi, Points d'information jeunesse, Espace Métiers). Des groupements ont été mis en place dans les différents territoires permettant aux professionnels de l'orientation de mieux se connaître pour être mieux complémentaires. Ces annonces de fermetures de CIO me donnent la désagréable impression que ceux qui voulaient retirer à l'Education Nationale sa mission d'orientation, battus dans le vote de la loi, en particulier grâce à la mobilisation des personnels d'orientation de l'EN, cherchent à prendre leur revanche en coupant les moyens. La réponse apportée par le Directeur Académique est si scandaleuse que si je ne l'avais revue sur le site du SNUIPP, j'aurais eu peur d'avoir mal compris et je n'aurais pas osé vous en faire part. Elle fait référence au fait que la fermeture des CIO ne sera pas un obstacle à la proximité avec les entreprises. Sauf que précisément, si la loi demande à l'Education Nationale de s'occuper de l'orientation des jeunes, c'est pour permettre de donner à chacun les mêmes possibilités dans l'ensemble du territoire de notre République, c'est pour permettre aux jeunes de se sortir des stéréotypes sociaux, c'est pour leur permettre d'avoir une véritable éducation au choix ! (pour voir l'article du SNUIPP, cliquez ici, vous y aurez en plus tout leur compte rendu du CDEN).
Je termine cet article en vous communiquant le texte du courrier que j'ai adressé à la ministre de l'Education Nationale cette semaine :
Madame la Ministre,
Permettez moi de vous interpeller sur deux sujets concernant la situation à Revin dans le Nord des Ardennes : l'annonce de la fermeture du CIO et la suppression d'une classe de seconde à la rentrée prochaine au lycée.
Il s'agit d'un bassin de population où les difficultés sociales sont amplifiées par une succession de fermetures d'entreprises industrielles avec tout dernièrement le désengagement du groupe Electrolux.
Alors qu'il est particulièrement important d'aider les jeunes à s'imaginer un futur différent de celui de leurs parents, la fermeture du CIO apparaît comme la condamnation supplémentaire aux difficultés socio-économiques. Pour les jeunes de Givet, cela va représenter deux heures minimum de transport pour accéder au CIO de Charleville-Mézières, pas de quoi inciter ceux qui en auraient le plus besoin !
L'annonce de la fermeture à la rentrée prochaine d'une classe de seconde au lycée de Revin est la deuxième mauvaise nouvelle dans le secteur. Pourtant un travail important de collaboration avec le lycée de Givet a été entrepris à la suite de la mobilisation de l'ensemble de la communauté éducative et des élus, dont d'ailleurs votre ministère avait été saisi il y a deux ans. Cette annonce est d'autant plus mal comprise qu'elle repose sur des taux d'accès à la seconde des élèves de troisième du secteur très faibles, paraissant anticiper des stratégies d'évitement de ce lycée, à l'encontre de la mixité sociale souhaitable. La demande de rencontre de représentants du conseil d'administration de cet établissement avec le Recteur de l'Académie s'est soldée par une fin de non-recevoir, alors même qu'il serait intéressant de chercher à prévenir ces stratégies d'évitement plutôt que de les utiliser pour réduire le nombre de classes.
Je vous remercie, Madame la Ministre, de bien vouloir faire étudier avec bienveillance ces dossiers : ils sont vécus comme la punition supplémentaire aux difficultés économiques du secteur et la mise en œuvre effective des mesures annoncées y auraient des conséquences particulièrement graves pour les jeunes.