L'Agence Régionale de Santé élabore
actuellement sa stratégie pour les années à venir. Le premier
document, le cadre d'orientation stratégique, les orientations
pour les dix ans à venir, a changé depuis le printemps, témoignant
de la richesse des contributions, de l'implication du personnel de
l'ARS engagé dans ces travaux et ceci montre à quel point l'envie
domine d'améliorer la santé dans le Grand Est : une immense bonne
volonté et un gâchis phénoménal !
Même l'analyse du déficit de la sécurité sociale est intéressante dans ce texte ; il pointe le rôle du chômage ! Mais la conclusion dictée est implacable : il faut faire des économies ! Pourtant on y apprend que les dépenses de santé dans le Grand Est représentent 8,5% de la dépense nationale, alors que la population compte pour 8,7% de la population française et que la mortalité "prématurée", la mortalité avant 65 ans, a un indice de 192 dans le Grand Est alors que le chiffre est de 187 en France. Ce même indice atteint 199 en Lorraine, 212 en Champagne Ardenne et même 226 dans les Ardennes et en Haute Marne (225 dans les Vosges).
Ce document fourmille d'excellentes analyses. Mais, même la reconnaissance du problème lié au manque de médecins est masquée ! Dans l'avant projet du printemps, l'orientation stratégique n°2 était "Agir sur la démographie et la formation des professionnels de santé". C'est devenu plus discrètement le levier stratégique n°6 sous l'intitulé "Adapter la politique de ressources humaines". Une catastrophe sanitaire s'annonce avec l'importance des départs en retraite de médecins généralistes prévus dans les cinq ans, alors qu'il en manque déjà tant et que de plus en plus de gens se retrouvent sans médecin référent. Comment peut on se satisfaire de lire que les 3 UFR de la région ont un "numérus clausus médical important" ? Plus globalement, c'est toute la politique prévue de "ressources humaines" qui est totalement désadaptée aux besoins Il y aune faille immense dans les économies attendues par le développement des hospitalisations ambulatoires : les besoins de personnels sont appréciés en fonction du nombre de lits, mais le raccourcissement des durées d'hospitalisation intensifie les soins, avec des conséquences dramatiques sur la qualité des soins malgré l'immense dévouement des personnels, malades de ne pas réussir à faire tout ce que l'on attend d'eux. Sans parler des maisons de retraite, qui accueillent des personnes de plus en plus dépendantes ... sans plus de moyens.
J'avais largement abordé dans mon précédent article sur le PRS (à retrouver en lisant ici) la perte complète de repère entre public et privé. L'adhésion affichée de ce document à l'idéologie libérale, le refus du service public ne permet même pas d'imaginer que certains médecins pourraient souhaiter être salariés, plutôt que gestionnaire d'une entreprise, car c'est bien en fait le travail annexe d'un médecin libéral, gérer son cabinet !
La semaine dernière, j'ai participé à la CRSA (commission régionale de la santé et de l'autonomie) où je représente la Coordination Nationale des Comités de défense des Hôpitaux et Maternités de proximité Comme à l'autre réunion de la CRSA à laquelle j'avais assisté en mai (la Coordination Nationale n'a qu'un siège de suppléant), je suis intervenue sur la nécessité de permettre des formes d'exercice salarié de la médecine générale, de développer des centres de santé. Il y aurait tant de choses à dire sur un tel document, il faut bien choisir et si les tares les plus profondes sont liées à la politique nationale, l'impasse faite sur les centres de santé est bien une spécificité du Grand Est ! Au printemps, cela m'avait valu la réponse de l'élue représentant le conseil régional, là celle du directeur de l'ARS, avec le même mépris pour le travail salarié, pour ceux qui ne feraient que 35 heures par semaine ! Sans parler de la machine à décourager les meilleures volontés ! Sur le papier, on bouche des manques par les professionnels des établissements voisins, sans se rendre compte qu'ils ont déjà trop de travail, et on romance sur la notion de parcours, sur la télémédecine, sans se rendre compte que le contact avec un professionnel à distance, cela nécessite qu'il soit disponible ! Cinquante pour cent des jeunes médecins quittent la région. Sans commentaire.
Même l'analyse du déficit de la sécurité sociale est intéressante dans ce texte ; il pointe le rôle du chômage ! Mais la conclusion dictée est implacable : il faut faire des économies ! Pourtant on y apprend que les dépenses de santé dans le Grand Est représentent 8,5% de la dépense nationale, alors que la population compte pour 8,7% de la population française et que la mortalité "prématurée", la mortalité avant 65 ans, a un indice de 192 dans le Grand Est alors que le chiffre est de 187 en France. Ce même indice atteint 199 en Lorraine, 212 en Champagne Ardenne et même 226 dans les Ardennes et en Haute Marne (225 dans les Vosges).
Ce document fourmille d'excellentes analyses. Mais, même la reconnaissance du problème lié au manque de médecins est masquée ! Dans l'avant projet du printemps, l'orientation stratégique n°2 était "Agir sur la démographie et la formation des professionnels de santé". C'est devenu plus discrètement le levier stratégique n°6 sous l'intitulé "Adapter la politique de ressources humaines". Une catastrophe sanitaire s'annonce avec l'importance des départs en retraite de médecins généralistes prévus dans les cinq ans, alors qu'il en manque déjà tant et que de plus en plus de gens se retrouvent sans médecin référent. Comment peut on se satisfaire de lire que les 3 UFR de la région ont un "numérus clausus médical important" ? Plus globalement, c'est toute la politique prévue de "ressources humaines" qui est totalement désadaptée aux besoins Il y aune faille immense dans les économies attendues par le développement des hospitalisations ambulatoires : les besoins de personnels sont appréciés en fonction du nombre de lits, mais le raccourcissement des durées d'hospitalisation intensifie les soins, avec des conséquences dramatiques sur la qualité des soins malgré l'immense dévouement des personnels, malades de ne pas réussir à faire tout ce que l'on attend d'eux. Sans parler des maisons de retraite, qui accueillent des personnes de plus en plus dépendantes ... sans plus de moyens.
J'avais largement abordé dans mon précédent article sur le PRS (à retrouver en lisant ici) la perte complète de repère entre public et privé. L'adhésion affichée de ce document à l'idéologie libérale, le refus du service public ne permet même pas d'imaginer que certains médecins pourraient souhaiter être salariés, plutôt que gestionnaire d'une entreprise, car c'est bien en fait le travail annexe d'un médecin libéral, gérer son cabinet !
La semaine dernière, j'ai participé à la CRSA (commission régionale de la santé et de l'autonomie) où je représente la Coordination Nationale des Comités de défense des Hôpitaux et Maternités de proximité Comme à l'autre réunion de la CRSA à laquelle j'avais assisté en mai (la Coordination Nationale n'a qu'un siège de suppléant), je suis intervenue sur la nécessité de permettre des formes d'exercice salarié de la médecine générale, de développer des centres de santé. Il y aurait tant de choses à dire sur un tel document, il faut bien choisir et si les tares les plus profondes sont liées à la politique nationale, l'impasse faite sur les centres de santé est bien une spécificité du Grand Est ! Au printemps, cela m'avait valu la réponse de l'élue représentant le conseil régional, là celle du directeur de l'ARS, avec le même mépris pour le travail salarié, pour ceux qui ne feraient que 35 heures par semaine ! Sans parler de la machine à décourager les meilleures volontés ! Sur le papier, on bouche des manques par les professionnels des établissements voisins, sans se rendre compte qu'ils ont déjà trop de travail, et on romance sur la notion de parcours, sur la télémédecine, sans se rendre compte que le contact avec un professionnel à distance, cela nécessite qu'il soit disponible ! Cinquante pour cent des jeunes médecins quittent la région. Sans commentaire.