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Une vraie politique solidaire de la perte d’autonomie

Dans la suite de mes deux précédents articles, analysant le rapport Libault, voici quelques propositions pour une vraie politique solidaire de la perte d'autonomie.
Retenons de la consultation la volonté populaire de la prise en charge publique : c’est un point d’appui essentiel dans les luttes à mener pour une politique solidaire permettant de prévenir et de minimiser les conséquences de la perte d’autonomie pour assurer à nos aîné.e.s une vie digne.

Un financement à la hauteur des besoins est possible.
Les difficultés d’un financement à la hauteur des besoins de la perte d’autonomie,  besoins croissants avec le vieillissement de la population, sont un des exemple de la totale inefficacité de notre système économique. Une partie de la richesse produite par les hommes et les femmes de notre pays est spoliée par les capitalistes français ou internationaux, avec la bénédiction du gouvernement français et des dirigeants européens. C’est de cette richesse dont nous avons besoin ! C’est à sa source qu’il faut la prendre par la cotisation. C’est de plus un moyen universel, qui devrait permettre d’assurer à tous une prise en charge, pas seulement aux plus démunis : cela fait société et donne sens aux cotisations, à la Sécurité Sociale, puisque chacun pourra en bénéficier, à l’opposé d’un système poussant les classes moyennes et aisées vers une assurance privée, tout en stigmatisant les plus pauvres.
Comme le rapport l’indique, il est difficile de distinguer soins et accompagnement. Mais allons jusqu’au bout de la démarche ! C’est évidemment à l’Assurance Maladie de prendre en charge cette globalité. La demande largement partagée dans le pays d’une cinquième branche doit être entendue : il traduit l’exigence de solutions ! Demander à l’assurance maladie de prendre en charge la perte d’autonomie ne signifie évidemment pas rester au statu quo. Il s’agit d’augmenter à hauteur des besoins les cotisations patronales. Cette augmentation pourrait être l’occasion de mettre en œuvre la modulation des cotisations pour pénaliser les entreprises ayant des politiques anti-sociales ou anti-environnementales, responsabiliser les donneurs d’ordre vis à vis de leurs sous-traitants …. Dans l’immédiat, une cotisation sur les revenus financiers des entreprises pourrait également alimenter l’assurance maladie.
Si le financement est le nerf de la guerre, il n’est évidemment pas tout.
Lutter contre la perte d’autonomie passe par les services publics.
Indispensables pour tous, les services publics ont un rôle primordial dans le vivre ensemble qui permet de prévenir la perte d’autonomie : des transports publics qui doivent être accessibles, des équipements culturels … Avoir un logement adapté à un handicap ne doit pas être synonyme de listes d’attentes à rallonge et les démarches administratives ne pas se traduire par le mur d’un écran  ou un répondeur téléphonique où l’on n’appuie jamais sur la bonne touche ! L’essor des services publics est un enjeu majeur.
Mention particulière pour les services de santé : qu’il s’agisse d’hospitalisation ou de soins ambulatoires, l’accès doit pouvoir se faire sans attente, dans la proximité, condition de la sécurité, sans à priori lié à l’âge : il y a urgence à créer un vrai service public de santé de proximité autour des centres de santé et à donner aux hôpitaux publics les moyens dont ils ont besoin.
Quand le recours à une aide s’avère nécessaire, c’est aussi le service public qui devrait répondre ! Cela pourrait se faire sous la forme d’un pôle public de l’autonomie, organisé au niveau départemental, en lien avec les services déjà existants. Il aurait pour mission l’autonomie des personnes âgées ou en situation de handicap, la promotion de leurs activités sociales. Il pourrait intégrer sous des formes à définir les actuelles associations d’aide à domicile.
Ce pôle public aurait aussi comme rôle de développer de nouvelles formes de prise en charge, intermédiaires entre le maintien à domicile et l’institution.
Lorsque le maintien à domicile n’est plus possible ou plus souhaité, c’est aussi au service public d’assurer la prise en charge : les personnes âgées rentrent de plus en plus tard en institution, nécessitant alors une aide importante. Il est nécessaire d’aller très rapidement vers un ratio d’un personnel par personne accueillie.
La création d’emplois, leur revalorisation et un ambitieux plan de formation sont donc nécessaires.
Un mot sur un aspect trop souvent oublié : occupés très majoritairement par des femmes, les métiers en lien avec la perte d’autonomie sont très dévalorisés, alors qu’ils nécessitent des qualifications et sont très pénibles. Cet état de fait participe grandement aux inégalités salariales entre les hommes et les femmes et impose une réelle revalorisation.
Il y a urgence à créer 100 000 emplois. Cela nécessite un plan de formation ambitieux à la fois pour former de nouvelles personnes et pour élever la qualification de celles déjà en poste. C’est une véritable filière gériatrique qu’il faut créer et développer, pas seulement pour donner des compétences sous forme de recettes de cuisine mais pour permettre à ces personnes d’être actrices d’une prise en charge globale, privilégiant l’humain et d’acquérir des qualifications reconnues par leur salaire.
C’est un chamboulement démocratique qui est nécessaire !
- Démocratie dans la gestion de la Sécurité Sociale avec des élections des administrateurs par les salariés : c’est bien à ceux qui produisent de dire à quoi doit servir leur travail !
- Démocratie pour les salariés travaillant dans le champ de la perte d’autonomie : leur donner des droits d’intervention sur la gestion et l’organisation de leur travail est une des conditions de la qualité de celui-ci !
- Démocratie pour les usagers, tout à la fois démocratie représentative avec de véritables pouvoirs pour les élus et démocratie plus participative avec les associations, les mutuelles dont cela pourrait devenir un rôle essentiel, une fois débarrassées de leur fonction de financeur par le remboursement à 100 % par la sécu.
C’est dans ce cadre que se pose la question du rapport niveau départemental/niveau national. Le département paraît l’échelon pertinent pour la gestion démocratique d’un pôle public de l’autonomie. Cette proximité est en effet la garante de sa qualité par la possibilité d’un véritable contrôle citoyen sur sa gestion. Mais cela ne se conçoit que dans le cadre de règles générales nationales seules à même de garantir l’égalité des citoyens, quelque soit leur lieu de résidence. Les pôles publics départementaux pourraient être structurés nationalement pour garantir la maîtrise et la cohérence : c’est au niveau national, par exemple, que doivent être déterminés les critères pour juger de la perte d’autonomie.
Des institutions antidémocratiques comme les ARS ou la HAS n’ont plus lieu d’être.
Cela passe par une réforme de l’impôt juste et progressive, tant pour les particuliers que pour les entreprises, permettant à des collectivités comme les départements d’avoir les ressources financières dont elles ont besoin pour assurer leurs services publics. Dans l’immédiat, l’état doit rembourser sa dette aux départements en matière d’APA et de PCH et indexer sa dotation de compensation sur les dépenses réelles des départements.
La fonction d’aidant.e doit être volontaire et reconnue !
Nul ne doit devenir aidant.e par la force des choses, devant l‘incapacité d’une prise en charge publique correcte d’une personne en perte d’autonomie.
Ces aidants doivent être reconnus, accompagnés.
Catégories : santé et protection sociale Lien permanent 0 commentaire

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