Ne ternissons pas l'image de la télémédecine !
Il y a déjà tout ce que l'article n'aborde pas : la mise en place du Groupement Hospitalier de Territoire (GHT), un groupement qui comprend les hôpitaux de Charleville-Mézières, Sedan, Belair, Nouzonville et Fumay, avec une convention constitutive non publique (qu'est ce qui y est caché ?), une direction commune (l'article n'est d'ailleurs pas clair, puisqu'il parle à la fois de la nouvelle directrice de l'hôpital de Fumay et du directeur commun à Charleville-Mézières, Sedan et Fumay mais en fait, la nouvelle directrice annoncée n'est sans doute qu'un des membres de l'équipe de direction commune à ces trois établissements, en charge plus spécifiquement de l'hôpital de Fumay mais qui doit faire avec, par exemple, une direction des ressources humaines communes à ces trois hôpitaux) et un projet médical en construction sur lequel il serait souhaitable que les usagers puissent dire si cela répond à leurs besoins.
A l'opposé des nécessaires coopérations entre les hôpitaux du département, leur adhésion à ce GHT leur a été imposée, avec l'hôpital de Charleville-Mézières comme hôpital support, chargé entre autre de la fonction achat. Et la solidarité financière entre les établissements s'imposent puisque le décret paru le 29 avril précise que le directeur général de l’agence régionale de santé "apprécie l’état des prévisions de recettes et de dépenses et le plan global de financement pluriannuel de chacun des établissements parties au groupement hospitalier de territoire en prenant en compte l’ensemble des budgets de ces établissements." Il s'agit là d'un élément essentiel pour peser dans l'élaboration du projet médical ("Ne maintenez pas cette activité déficitaire, car ça va nous pénaliser") : ce ne sont plus des coopérations choisies mais imposées, pour ne pas dire du "diviser pour régner" de la tutelle !
Et puis il y a ce qu'il aborde :
- une consultation sans rendez-vous ... si on trouve des médecins ! Il ne s'agit pas de faire de la com. et de dire après que l'on n'a pas trouvé. Il faut s'en donner les moyens et cela ne supporte pas le bricolage. Ce qui serait nécessaire, c'est que l'hôpital crée un véritable centre de santé publique, avec plusieurs médecins, une antenne à Givet. Plus de la moitié des étudiants en médecine souhaitent être salariés. Offrons leur cette possibilité pour qu'ils fassent de la médecine générale dans de bonnes conditions, avec des rendez vous, leur permettant de revoir leur patient, comme tout médecin généraliste ... et évidemment des plages sans rendez-vous pour prendre en charge les semi-urgences.
- une consultation d'anesthésie à distance. C'est ce qui justifie les sous titres de mon article ! Déjà cela me fait supposer qu'il n'y a plus de consultations d'anesthésie à Fumay. J'en avais pourtant mise une en place les dernières années où j'ai travaillé et l'on voyait des gens contents de ne pas avoir à se déplacer jusqu'à Charleville-Mézières. Elle a du disparaitre avec la volonté de rationaliser (on sait ce que cela veut dire) du précédent directeur, avec le manque de médecins aussi (mais il en a fait fuir vers d'autres cieux !). C'était pourtant écologiquement plus logique de déplacer un médecin plutôt que plusieurs patients ! Je viens de chercher sur le site de la Société Française d'Anesthésie Réanimation les recommandations. Elles n'ont pas changé : "L’examen préanesthésique comporte un examen du dossier, un interrogatoire et un examen physique." Expliquez moi comment faire un examen physique à distance, car même s'il est souvent succinct, surtout chez les personnes voyant régulièrement leur médecin, il s'intéresse à des particularités propres à l'anesthésie ! De quoi ternir l'image des consultations faites à Fumay ! De quoi aussi ternir l'image de la télémédecine, ceux que beaucoup font d'ailleurs par les temps qui courent, alors que des possibilités existent techniquement, qui seraient fort intéressantes avec d'un côté le malade et son médecin généraliste, et de l'autre un spécialiste, au moins pour débrouiller certaines situations. Ah oui, cela demanderait de l'organisation, des plages consacrées à cela par les spécialistes, de la reconnaissance ... et de pas croire que cela réglerait tout ! Mais cela ne ternirait pas l'image des nouvelles technologies comme on est en train de le faire !
Intermède culturel
Une fois n'est pas coutume, j'ai envie de vous parler culture, entre deux articles graves, celui sur la Syrie écrit hier - au fait, je viens de lire que Obama veut recueillir l'avis de son congrès ; il n'y a vraiment qu'en France où le Président de la République se sent autorisé à déclarer la guerre sans avis du Parlement ; vivement une 6ème république - et celui que je vous mijote sur la réforme des retraites.
Mais est ce aussi peu sérieux que cela parait ? Sans doute pas.
J'ai été ce samedi représenter le Président Bachy à l'inauguration de la voix verte à Fumay, une fête clôturant un ensemble d'initiatives culturelles avec le collectif de conteurs Front de l'Est : pour en savoir plus, cliquez ici.
La présence de Nathalie Dahm, la vice présidente en charge de la culture au conseil régional ayant été annoncée, mais elle était sur une autre initiative culturelle, je l'ai évidemment excusée, en étant un peu confuse vis à vis des acteurs de la culture qui espéraient la rencontrer. Et à défaut de parler de la politique de la culture de la région, ce que je ne saurais bien faire, j'ai parlé de ce que je sais, de la formation professionnelle, évidemment pas d'une manière générale, mais pour dire que, à côté de la formation professionnelle des demandeurs d'emploi, compétence obligatoire de la région, nous travaillons aussi à la sécurisation des parcours professionnels. Dans ce cadre, en lien avec l'ORCCA, nous préparons la mise en place d'une plateforme de formation pour les acteurs de la culture, car entre intermittents du spectacle reconnus et ceux à qui il manque quelques heures pour avoir le statut, il y a un vrai besoin de lutter contre la précarité et la formation peut y contribuer.
J'ai continué avec quelques idées générales sur la culture, des idées qui méritent d'être redites et redites : la culture ne doit pas être la victime de la crise et de la réduction des moyens des collectivités. En permettant l'interprétation de notre vécu, en permettant le rêve, en permettant, que sais-je encore, la culture nous permet d'avancer dans l'émancipation humaine. Face à la crise, qui n'est pas qu'économique, mais pour faire court, également sociétale, la culture nous nous ouvrent des pistes de sortie de cette crise, des pistes vers une société plus humaine.
La voix verte, fête autour de la Meuse, (la photo qui illustre ce blog veut traduire le cadre grandiose de la Meuse à Fumay : je ne vous ferais évidemment pas croire que je l'ai prise hier : c'est une photo faite en janvier et à quelques centaines de mètres au moins du lieu où se déroulait la fête) est le résultat d'un appel à projet fait par le conseil régional " de médiation culturelle en lien avec les populations ". Au delà de cette appellation un peu technocratique, il s'agit bien de la volonté de sortir des chemins battus pour mélanger professionnels et amateurs, pour mettre en mouvement ceux qui ne sont pas les spectateurs habituels des théâtres parisiens et le résultat est une vraie réussite qui mérite d'en féliciter tous les acteurs.