Jeudi, se tenait le Conseil Départemental de l'Education Nationale (CDEN) avec comme seul ordre du jour : "Evolution du réseau des EPLE"
Le Directeur Académique de l'Education Nationale (DASEN) a appelé au courage pour faire évoluer le réseau des lycées, notamment ceux de la Pointe, et des collèges ardennais.
Remarquons tout d'abord, comme je lui ai indiqué, et il en a convenu (mais sans doute pour avoir oublier dès vendredi), que le CDEN n'était pas le meilleur endroit pour discuter des lycées, un sujet beaucoup plus dans les attributions du CAEN, le conseil académique de l'Education Nationale.
D'ailleurs, la concertation ne doit pas être que l'apanage de cette institution feutrée, se réunissant à des heures où les parents d'élèves travaillent (et ils étaient tous absents jeudi, mais le statut de délégués parent, permettant de se libérer de ses obligations professionnelles pour ce genre de réunion n'est toujours pas acté !)
Mais le courage est il d'aller dans le sens du DASEN, d'aller dans le sens d'une politique qui traverse les alternances politiques (à quand une vraie alternative politique ?) pour concentrer les lieux d'études dans notre département (et ailleurs), une politique d'ailleurs identique à celle de la santé ? Le courage est il d'aller dans le sens d'une politique qui, au nom d'une soit disant qualité, désertifie nos territoires ? Le courage est il d'aller dans le sens de la réduction des services publics ?
Certes, le courage, c'est de ne pas faire la politique de l'autruche devant la dépopulation de notre département, tous ces jeunes qui s'en vont ailleurs, faute d'emplois. Mais au delà de ce constat, c'est aussi d'avoir le courage d'une politique qui permette aux Ardennais de bien vivre dans leur territoire (ou aux Bretons, ou aux ch'tis ...).
Il est quand même extraordinaire qu'à une époque où les distances s'effacent, avec les TGV, avec internet, à une époque où l'isolement a perdu son fondement matériel (et si je dis cela, c'est parce que je suis bien convaincue que toutes ces nouvelles technologies ne règlent pas des isolements sociaux, affectifs ...), il est quand même extraordinaire que des gens soient obligés de quitter leur territoire, pour trouver les moyens de vivre, avec des déplacements de population qui ne s'accompagnent pas d'une augmentation de la qualité de la vie, bien au contraire, en particulier en ce qui concerne les relations humaines.
Le courage, c'est de considérer que les pertes d'emplois dans les Ardennes sont avant tout le fait d'une politique économique qui privilégie les profits à l'humain. Le courage, c'est de mettre l'humain d'abord et de lutter pour reconstruire une société où il fasse bon vivre partout, avec des entreprises ayant avant tout pour but de produire ce qui est nécessaire au bien être et non de rechercher uniquement les conditions de plus de profits. Il se murmure par exemple que l'entreprise de fabrication d'escaliers qui va déménager dans les prochaines semaines de Brieulles sur Bar à Charleville Mézières le fait plus pour les aides accordées dans le cadre de la zone franche du quartier de la Ronde Couture que pour toutes autres difficultés. Par pitié, arrêtons cette mise en concurrence de nos territoires !
Le courage, c'est de ne pas aggraver la désertification en anticipant par le départ des services publics, avec un effet boule de neige.
Le courage, c'est de ne pas mentir aux populations en prétextant des questions de qualité avec une argumentation qui oublie tout ce qui ne va pas dans le sens voulu. Avoir plus de choix d'options au collège ou au lycée est il plus important que de ne pas avoir à passer une heure ou plus dans le bus le matin ? Le courage, c'est aussi de ne pas tricher sur l'utilisation de l'argent public en n'évoquant que celle de l'Etat, les dépenses d'enseignants, sans parler de celles des collectivités, les transports en particulier !
Le DASEN veut pacifier la situation en proposant bilan, concertation, recours à des chercheurs de l'université... et délais. Ces délais ne doivent pas être mis à profit pour pourrir la vie des jeunes et des enseignants à travers des contraintes artificielles pour faire accepter des fermetures dans deux ou trois ans. Les Ardennais sauront être vigilants sur tout cela !