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Chroniques estivales 4 : politique du Grand Est, état d'urgence, 35 h

J'ai lu l'autre jour avec amusement la délibération de la commission permanente du conseil régional du 1er juillet, concernant l'utilisation faite des 75 millions d'euros donnés par l'état pour la formation des demandeurs d'emploi. Vous vous souvenez, les nouveaux présidents de droite des régions  avaient annoncé qu'ils feraient bien mieux qu'avant, qu'il fallait leur donner plus de pouvoir ... Que fait notre président de région ? Sans la moindre publicité, à part dire qu'il a passé un accord avec Pôle Emploi (ce qui existait déjà en Champagne Ardenne), il donne pratiquement deux tiers de ces 75 millions d'euros (exactement 47 892 000€) à Pôle Emploi. Vous pouvez trouver cette délibération en cliquant ici. Amusant, cette reconnaissance du rôle essentiel de ce qui est le service public national de l'emploi, un service public à transformer, en particulier en lui donnant des moyens pour l'accueil, mais, malgré ses difficultés actuelles, un service public national ! Et, au delà des discours de P. Richert, non seulement président de région, mais aussi président de l'Association des Régions de France, ce geste témoigne de son incapacité à faire mieux qu'un service public national ! Je ne vais évidemment pas critiquer cette mesure, elle m'amuse simplement et c'est pour cela que je la fais remarquer, car sans doute Pôle Emploi utilisera mieux cette manne financière que lui ! Dans l'accord que la Champagne Ardenne avait avec Pôle Emploi, la région ne subventionnait pas Pôle Emploi (sauf ponctuellement quelques actions cofinancées), mais il y avait un engagement à travailler ensemble et de fait les services échangeaient très activement, car c'est bien cela qu'il faut, un grand service public national de l'emploi, en lien étroit avec les réalités locales. J'ai quand même quelques inquiétudes. C'est d'ailleurs lié aux choix gouvernementaux faits : former les demandeurs d'emplois, c'est bien mais sans emploi créé, cela ne conduit pas à grand chose et en multipliant le nombre de formations, le  nombre de chômeurs ne trouvant pas d'emploi au terme de leur formation va augmenter, avec tout ce que cela peut comporter de désespoir à la clé. Par ailleurs, cela ne doit pas se faire au détriment des salariés, qui ont besoin aussi d'être formés. Le conseil régional participe à plein à la politique de communication gouvernementale : bluffer auprès des demandeurs d'emploi. En plus, la politique de formation de Pôle Emploi ne comporte pas ou trop peu de formations longues, qualifiantes, permettant d'investir dans l'avenir. Soixante quinze millions dans le Grand Est en plus pour la formation des demandeurs d'emploi, c'est quand même une somme énorme (en gros, c'était le budget total formation professionnelle - hors apprentissage et formations sanitaires et sociales - en Champagne Ardenne). Autre inquiétude, je n'ai toujours pas vu comment le conseil régional va contribuer aussi au développement du conseil en évolution professionnelle, quelque chose d'essentiel pour accompagner le compte personnel de formation et permettre son utilisation par tous, même par ceux qui ne sont pas au courant des arcanes de la formation professionnelle.
Je me suis encore laissée entraîner à parler longuement formation ! Pourtant ma raison d'aborder les politiques régionales aujourd'hui c'était l'article sur les clubs sportifs dans la presse locale du jour ! On est vraiment dans la politique de communication ! Je comprends la satisfaction des dirigeants des clubs concernés par les annonces. Mais il faut voir ce qu'il y a dessous ! Le rapprochement des différentes politiques des trois ex régions, pourquoi pas ! En l’occurrence, l'uniformisation avec celle qui était pratiquée en Alsace, pourquoi pas ! Sauf que la politique du sport en Alsace était une politique élitiste ! A enveloppe constante, plus pour les clubs professionnels, c'est moins pour les autres ! Dans le budget 2016 du sport du Grand Est, près de la moitié est consacré aux clubs professionnels, pas de quoi favoriser le développement du sport pour tous, avec ce que cela nécessite, en particulier d'attention auprès des bénévoles !
L'actualité, c'est encore, dans les suites de l'attentat de Nice, l'annonce de la prolongation de l'état d'urgence : encore de la communication, car plus que jamais cette mesure a montré son inefficacité.
Revenons aux questions d'emploi, car là encore, il y a quelque chose de cocasse (prenons bien les choses, plutôt que de dire que c'est scandaleux) : la non publication d'un rapport de l'IGAS. Il n'était pas politiquement correct en défendant la réduction du temps de travail ! Idéologiquement, parler de réduction du temps de travail, c'est reconnaître que faire faire des heures sup pendant que d'autres sont au chômage n'est sans doute pas la meilleure manière de gérer notre société, c'est mettre en cause une certaine conception de la valeur travail, celle du "travaille et tais toi" à l'opposé d'un travail réfléchi, concerté, partagé, coopératif, répondant aux besoins de la société, c'est ainsi stigmatiser un peu plus ceux qui n'ont pas d'emploi, c'est contribuer à l'opposition des salariés pauvres avec les personnes en recherche d'emploi ... C'est jouer avec le diable en divisant pour régner, en favorisant les idées du F Haine...
Pourtant, ce rapport n'avait rien de révolutionnaire : il proposait même de nouveaux cadeaux au patronat en échange d'une nouvelle réduction du temps de travail ! Mais c'était s'attaquer à un tabou idéologique ! N'hésitez pas à aller lire l'article de L'Humanité à ce sujet en cliquant ici.

Catégories : Au fil des jours, Champagne Ardenne, Education, formation Lien permanent 1 commentaire

Commentaires

  • Sans oublier qu'un nouveau rapport indique que le CICE n'a crée aucun emploi . Ce qui était une mesure phare du quinquennat d'Hollande .

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