J'ai lu l'autre jour avec amusement la
délibération de la commission permanente du conseil régional du
1er juillet, concernant l'utilisation faite des 75 millions
d'euros donnés par l'état pour la
formation
des demandeurs d'emploi. Vous vous souvenez, les nouveaux
présidents de droite des régions avaient annoncé qu'ils
feraient bien mieux qu'avant, qu'il fallait leur donner plus de
pouvoir ...
Que fait notre président de région ? Sans la moindre
publicité, à part dire qu'il a passé un accord avec Pôle Emploi
(ce qui existait déjà en Champagne Ardenne),
il donne pratiquement
deux tiers de ces 75 millions d'euros (exactement 47 892 000€)
à
Pôle Emploi. Vous pouvez trouver cette délibération en
cliquant
ici. Amusant, cette reconnaissance du rôle essentiel de ce
qui est le service public national de l'emploi, un service public
à transformer, en particulier en lui donnant des moyens pour
l'accueil, mais, malgré ses difficultés actuelles, un service
public national ! Et, au delà des discours de P. Richert, non
seulement président de région, mais aussi président de
l'Association des Régions de France, ce geste témoigne de son
incapacité à faire mieux qu'un service public national !
Je ne
vais évidemment pas critiquer cette mesure, elle m'amuse
simplement et c'est pour cela que je la fais remarquer, car sans
doute Pôle Emploi utilisera mieux cette manne financière que lui !
Dans l'accord que la Champagne Ardenne avait avec Pôle Emploi, la
région ne subventionnait pas Pôle Emploi (sauf ponctuellement
quelques actions cofinancées), mais il y avait un engagement à
travailler ensemble et de fait les services échangeaient très
activement, car c'est bien cela qu'il faut, un grand service
public national de l'emploi, en lien étroit avec les réalités
locales.
J'ai quand même quelques inquiétudes. C'est d'ailleurs
lié aux choix gouvernementaux faits : former les demandeurs
d'emplois, c'est bien mais sans emploi créé, cela ne conduit pas à
grand chose et en multipliant le nombre de formations, le
nombre de chômeurs ne trouvant pas d'emploi au terme de leur
formation va augmenter, avec tout ce que cela peut comporter de
désespoir à la clé. Par ailleurs,
cela ne doit pas se faire au
détriment des salariés, qui ont besoin aussi d'être formés.
Le
conseil régional participe à plein à la politique de communication
gouvernementale : bluffer auprès des demandeurs d'emploi. En plus,
la politique de formation de Pôle Emploi ne comporte pas ou trop
peu de formations longues, qualifiantes, permettant d'investir
dans l'avenir. Soixante quinze millions dans le Grand Est en plus
pour la formation des demandeurs d'emploi, c'est quand même une
somme énorme (en gros, c'était le budget total formation
professionnelle - hors apprentissage et formations sanitaires et
sociales - en Champagne Ardenne). Autre inquiétude, je n'ai
toujours pas vu comment le conseil régional va contribuer aussi au
développement du conseil en évolution professionnelle, quelque
chose d'essentiel pour accompagner le compte personnel de
formation et permettre son utilisation par tous, même par ceux qui
ne sont pas au courant des arcanes de la formation
professionnelle.
Je me suis encore laissée entraîner à parler longuement formation
! Pourtant ma raison d'aborder les politiques régionales
aujourd'hui c'était l'article sur les
clubs
sportifs dans la presse locale du jour ! On est vraiment
dans la politique de communication ! Je comprends la satisfaction
des dirigeants des clubs concernés par les annonces. Mais
il faut
voir ce qu'il y a dessous ! Le rapprochement des différentes
politiques des trois ex régions, pourquoi pas ! En l’occurrence,
l'uniformisation avec celle qui était pratiquée en Alsace,
pourquoi pas ! Sauf que la politique du sport en Alsace était une
politique élitiste ! A enveloppe constante, plus pour les clubs
professionnels, c'est moins pour les autres ! Dans le budget 2016
du sport du Grand Est, près de la moitié est consacré aux clubs
professionnels, pas de quoi favoriser le développement du sport
pour tous, avec ce que cela nécessite, en particulier d'attention
auprès des bénévoles !
L'actualité, c'est encore, dans les suites de l'attentat de Nice,
l'annonce de la
prolongation de l'état
d'urgence : encore de la communication, car plus que
jamais cette mesure a montré son inefficacité.
Revenons aux questions d'emploi, car là encore, il y a quelque
chose de cocasse (prenons bien les choses, plutôt que de dire que
c'est scandaleux) :
la non publication d'un
rapport de l'IGAS. Il n'était pas politiquement correct
en défendant la réduction du temps de travail ! Idéologiquement,
parler de réduction du temps de travail, c'est reconnaître que
faire faire des heures sup pendant que d'autres sont au chômage
n'est sans doute pas la meilleure manière de gérer notre société,
c'est mettre en cause une certaine conception de la valeur
travail, celle du "travaille et tais toi" à l'opposé d'un travail
réfléchi, concerté, partagé, coopératif, répondant aux besoins de
la société, c'est ainsi stigmatiser un peu plus ceux qui n'ont pas
d'emploi, c'est contribuer à l'opposition des salariés pauvres
avec les personnes en recherche d'emploi ... C'est jouer avec le
diable en divisant pour régner, en favorisant les idées du F
Haine...
Pourtant, ce rapport n'avait rien de révolutionnaire : il
proposait même de nouveaux cadeaux au patronat en échange d'une
nouvelle réduction du temps de travail ! Mais c'était s'attaquer à
un tabou idéologique ! N'hésitez pas à aller lire l'article de
L'Humanité à ce sujet en
cliquant
ici.