Je viens de lire La médecine sans médecin
? Le numérique au service du malade de Guy Vallancien.
Connaissant les idées de l'auteur, je ne m'attendais évidemment
pas à un livre progressiste, mais j'espérais au moins apprendre
des choses : il y a en effet besoin d'imaginer ce que peut nous
apporter le développement du numérique pour anticiper, contribuer
au débat nécessaire sur les choix de société, les orientations
nécessaires à donner pour que le numérique contribue, dans la
santé - comme d'ailleurs dans d'autres domaines - à l'émancipation
humaine et pour se prémunir de ses dangers. Malheureusement en
terme d'anticipation des capacités futures permises par le
numérique l'auteur ne fait que répéter les banalités des médias :
robot opératoire par exemple.
En plus, et ce dès son prologue, il fait un lien insupportable entre critique radicale du capitalisme et "retour au bon vieux temps de la charrue à bras". Nous connaissons tous évidemment quelques écolos obscurantistes, mettant systématiquement en cause les progrès de la science. Ils sont bien minoritaires dans le mouvement de critique du capitalisme ... et ce ne sont d'ailleurs pas les plus révolutionnaires.
Je conseillerai bien à Vallancien de lire Marx !
En fait, je resterai bien sur un silence teinté de mépris à l'égard de cet auteur si son plaidoyer conjoint pour le capitalisme et la médecine scientifique n'était pas dangereusement criminel ! Car ce sont bien quelques expériences où l'intérêt privé, la soif de profit, ont amené à taire les dangers pour les populations (pensons au Médiator par exemple) qui contribuent à développer cet obscurantisme, avec des patients qui se privent de traitement par peur sans parler des vaccinations, où l'absence de transparence, la pression des laboratoires, fait que trop de Français hésitent à vacciner leurs enfants. Et quand un enfant mourra du tétanos, faute de vaccination, l'obscurantisme de ses parents aura joué un rôle, mais la vraie cause, ce sera la tyrannie des labos pharmaceutiques privés : ces labos, Vallancien les défend bec et ongles dans son chapitre 2 ... tout en reconnaissant avoir été confronté à des industriels qui voulaient présenter des résultats statistiques avec lesquels il n'était pas d'accord (!).
Au fil des chapitres, il nous donne sa version du futur, pas celle liée au développement du numérique mais celle qu'il souhaite, en lien avec sa promotion du capitalisme, en lien avec la privatisation de l'hôpital, la marchandisation des soins, leur morcellement, tel geste étant confié à tel technicien, tel accompagnement à tel autre professionnel, le médecin étant le grand chef d'orchestre. Il confond gestes répétitifs après formation courte et spécialisation sur un socle de connaissance large, condamnant ainsi le développement des métiers paramédicaux à un travail d'exécution pour réserver à quelques médecins (il défend le maintien du numérus clausus) la possibilité d'initiatives : triste défense corporatiste ! Avec le risque majeur que chaque individu est différent et doit donc être soigné différemment !
Tout en critiquant la situation actuelle des hôpitaux (mais qui peut dire que cela va bien ?) il nous ressort toutes les recettes utilisées qui ne marchent pas : l'adaptation des modes de financement des hôpitaux sans sortir du cadre de l'ONDAM (l'objectif national de dépenses d'assurance maladie), la fermeture des services de proximité, la privatisation ... C'est vraiment l'expert autoproclamé, comme aiment nos médias assujettis aux marchés financiers.
Et pourtant, que de possibilités à explorer avec le numérique ... à condition de lui faire servir l'intérêt général ! A condition de lui faire servir les femmes et les hommes, pas de leur substituer la froideur du zéro/un, la base de tout numérique. Ah, si l'état investissait dans la recherche, plutôt que de laisser les assoiffés de profits en jouer. Ah, si le service public était mis à contribution pour développer de nouvelles possibilités, plutôt que soumis à la fois à la réduction de ses dépenses et au soutien au secteur privé. Le progrès scientifique et technique, mis au service des populations et non instrumenté par le capitalisme pourrait rendre bien des services, comme par exemple faciliter la proximité des soins, celle-là même que condamne Vallancien au nom d'un numérique au service des malades, pour reprendre son titre !
En plus, et ce dès son prologue, il fait un lien insupportable entre critique radicale du capitalisme et "retour au bon vieux temps de la charrue à bras". Nous connaissons tous évidemment quelques écolos obscurantistes, mettant systématiquement en cause les progrès de la science. Ils sont bien minoritaires dans le mouvement de critique du capitalisme ... et ce ne sont d'ailleurs pas les plus révolutionnaires.
Je conseillerai bien à Vallancien de lire Marx !
En fait, je resterai bien sur un silence teinté de mépris à l'égard de cet auteur si son plaidoyer conjoint pour le capitalisme et la médecine scientifique n'était pas dangereusement criminel ! Car ce sont bien quelques expériences où l'intérêt privé, la soif de profit, ont amené à taire les dangers pour les populations (pensons au Médiator par exemple) qui contribuent à développer cet obscurantisme, avec des patients qui se privent de traitement par peur sans parler des vaccinations, où l'absence de transparence, la pression des laboratoires, fait que trop de Français hésitent à vacciner leurs enfants. Et quand un enfant mourra du tétanos, faute de vaccination, l'obscurantisme de ses parents aura joué un rôle, mais la vraie cause, ce sera la tyrannie des labos pharmaceutiques privés : ces labos, Vallancien les défend bec et ongles dans son chapitre 2 ... tout en reconnaissant avoir été confronté à des industriels qui voulaient présenter des résultats statistiques avec lesquels il n'était pas d'accord (!).
Au fil des chapitres, il nous donne sa version du futur, pas celle liée au développement du numérique mais celle qu'il souhaite, en lien avec sa promotion du capitalisme, en lien avec la privatisation de l'hôpital, la marchandisation des soins, leur morcellement, tel geste étant confié à tel technicien, tel accompagnement à tel autre professionnel, le médecin étant le grand chef d'orchestre. Il confond gestes répétitifs après formation courte et spécialisation sur un socle de connaissance large, condamnant ainsi le développement des métiers paramédicaux à un travail d'exécution pour réserver à quelques médecins (il défend le maintien du numérus clausus) la possibilité d'initiatives : triste défense corporatiste ! Avec le risque majeur que chaque individu est différent et doit donc être soigné différemment !
Tout en critiquant la situation actuelle des hôpitaux (mais qui peut dire que cela va bien ?) il nous ressort toutes les recettes utilisées qui ne marchent pas : l'adaptation des modes de financement des hôpitaux sans sortir du cadre de l'ONDAM (l'objectif national de dépenses d'assurance maladie), la fermeture des services de proximité, la privatisation ... C'est vraiment l'expert autoproclamé, comme aiment nos médias assujettis aux marchés financiers.
Et pourtant, que de possibilités à explorer avec le numérique ... à condition de lui faire servir l'intérêt général ! A condition de lui faire servir les femmes et les hommes, pas de leur substituer la froideur du zéro/un, la base de tout numérique. Ah, si l'état investissait dans la recherche, plutôt que de laisser les assoiffés de profits en jouer. Ah, si le service public était mis à contribution pour développer de nouvelles possibilités, plutôt que soumis à la fois à la réduction de ses dépenses et au soutien au secteur privé. Le progrès scientifique et technique, mis au service des populations et non instrumenté par le capitalisme pourrait rendre bien des services, comme par exemple faciliter la proximité des soins, celle-là même que condamne Vallancien au nom d'un numérique au service des malades, pour reprendre son titre !