Quelques réflexions à
la veille du vote des militants communistes.
Il convient sans doute de resituer le débat
français à quelques mois des élections présidentielles dans le
cadre européen et mondial. En quelques phrases, même si cela
nécessiterait de longs développements, disons que nous sommes dans
une nouvelle phase du capitalisme qui, pour dépasser ses
contradictions, a besoin de réassurer sa domination sur le monde,
de trouver des exutoires à la colère populaire qui gronde partout,
car les énormes potentialités liées au développement sans
précédent des techniques ont accru les inégalités. Les médias
mondialisés exposent chaque jour le cadre d'une vie moins pénible,
plus épanouie, faisant rêver, mais inaccessible au plus grand
nombre. Et l'action de l'homme sur la nature, sans discernement,
est une menace pour les générations futures, avec déjà des
conséquences actuelles. Les grandes multinationales dominent le
monde, sans contrôle des états, des peuples : c'est la recherche
du profit qui gouverne le monde ! Et 99% de la population en subit
les conséquences. Les capitalistes débridés doivent assurer leur
domination, à quelques uns contre l'immense majorité. Quel
meilleur moyen pour cela que de diviser ! C'est tout le sens de
ces politiques de droite extrême qui se développent, l'élection de
D. Trump aux Etats Unis en étant un exemple criant : rejet de
l'étranger, rejet du pauvre et il faudrait sans doute analyser
plus profondément les mécanismes psychologiques sur lesquels joue
le capitalisme : quand on est travailleur pauvre, mais que l'on
vote pour des politiques d'exclusion des pauvres, c'est une
manière de se réassurer : "Je ne suis pas en bas de l'échelle
sociale...."
Prolétaires de tous
les pays, unissez vous !
Ceci est plus que jamais d'actualité, face à ce capitalisme mondialisé.
Ceci est plus que jamais d'actualité, face à ce capitalisme mondialisé.
Venons en à la France. Déjà pour dire que sa voix compte dans le
monde, son passé révolutionnaire, son histoire, ses philosophes,
savants ... et pour autant qu'elle cesserait ses politiques
néocolonialistes de gendarme du monde, la France pourrait être
écoutée ! Et si le désamour du peuple de France avec son président a
été aussi rapide, aussi profond, c'est bien parce qu'il a tout de
suite abdiqué en 2012 toute parole de progrès au sein de l'Europe,
se pliant aux diktats de la commission européenne et d'A. Merkel. Je
vous passe la suite.
Quelques mots d'histoire ensuite : cette longue alternance droite gauche depuis 1981 ; jamais plus d'une législature de gauche et au bout, la sanction, une sanction qui a pris un tour caricatural en 2002 avec l'élimination de L. Jospin du second tour des présidentielles et ce duel Chirac/Le Pen. Pourquoi la gauche, mais faut il parler de gauche, au risque de salir ce mot issu de la révolution française, ne faut il pas plutôt dire les socio-libéraux n'ont pas réussi à convaincre ? Parce qu'ils ont toujours voulu ménager la chèvre et le chou ! Et laisser à la droite, au capital, les moyens de rebondir, faute de mesures radicales diminuant le pouvoir des nuisibles pour le donner au peuple.
Qu'est ce que je veux dire par là ? Deux exemples. Le premier, celui d'une mesure radicale, l'instauration de la Sécurité Sociale en 45 par le ministre communiste Ambroise Croizat. La sécurité sociale est encore là 70 ans après, certes attaquée, mais plébiscitée par les Français. L'autre d'une mesure mi chèvre mi chou, les 35 h, mi chèvre mi chou car n'obligeant pas suffisamment à des créations d'emplois et accompagnée d'un arrêt de la hausse des salaires. Elle est critiquée par ceux qui ne gagnent pas de quoi vivre dignement. Elle s'est accompagnée d'une intensification du travail dans trop d'endroits et je pense particulièrement aux hôpitaux.
Alors comment changer ? Changer, cela veut dire rassembler sur un programme.
Un programme radical.
La constitution française a transformé les choix politiques en un combat de coqs ! Et si l'on ne veut pas revivre le second tour de 2002 des élections présidentielles, il faut rassembler très largement, tous ceux qui ne veulent pas d'un retour triomphant de la droite, de ses 500 000 fonctionnaires supprimés, à l'école, à l'hôpital ..., même si ce ne sont pas des révolutionnaires nés !
Changer, cela suppose donc de faire des propositions qui répondent aux besoins des populations et qui ne peuvent être récupérées par le capital et de rassembler largement.
C'est dans ce cadre que se passe la consultation des communistes : faut il soutenir JL Mélenchon ou désigner un candidat du parti communiste, pour porter l'idée du rassemblement nécessaire.
-
-
-
-
Quelques mots d'histoire ensuite : cette longue alternance droite gauche depuis 1981 ; jamais plus d'une législature de gauche et au bout, la sanction, une sanction qui a pris un tour caricatural en 2002 avec l'élimination de L. Jospin du second tour des présidentielles et ce duel Chirac/Le Pen. Pourquoi la gauche, mais faut il parler de gauche, au risque de salir ce mot issu de la révolution française, ne faut il pas plutôt dire les socio-libéraux n'ont pas réussi à convaincre ? Parce qu'ils ont toujours voulu ménager la chèvre et le chou ! Et laisser à la droite, au capital, les moyens de rebondir, faute de mesures radicales diminuant le pouvoir des nuisibles pour le donner au peuple.
Qu'est ce que je veux dire par là ? Deux exemples. Le premier, celui d'une mesure radicale, l'instauration de la Sécurité Sociale en 45 par le ministre communiste Ambroise Croizat. La sécurité sociale est encore là 70 ans après, certes attaquée, mais plébiscitée par les Français. L'autre d'une mesure mi chèvre mi chou, les 35 h, mi chèvre mi chou car n'obligeant pas suffisamment à des créations d'emplois et accompagnée d'un arrêt de la hausse des salaires. Elle est critiquée par ceux qui ne gagnent pas de quoi vivre dignement. Elle s'est accompagnée d'une intensification du travail dans trop d'endroits et je pense particulièrement aux hôpitaux.
Alors comment changer ? Changer, cela veut dire rassembler sur un programme.
Un programme radical.
Je vais commencer et plus détailler ce que je
connais le mieux : la sécu. Une proposition radicale, c'est le
100% sécu. Qu'est ce que cela veut dire ? Déjà remettre la sécu au
coeur de la protection sociale et revenir à une gestion
démocratique en rétablissant les élections des administrateurs, en
supprimant le pouvoir de l'Etat (la loi de financement de la
sécurité sociale par exemple), du patronat. La sécu, c'est de
l'argent public, qui nous appartient, et qui n'est pas thésaurisé
: les cotisations d'aujourd'hui paient les prestations
d'aujourd'hui ... à la différence des fonds de pensions qui jouent
sur les marchés financiers et contribuent à déstabiliser
l'économie mondiale. Il faut donc élargir son champs, au lieu de
favoriser le recours aux assurances privées, pour la perte
d'autonomie par exemple : des assurances privées qui aimeraient
bien avoir plus d'argent pour enrichir leurs actionnaires,
favoriser les investissements spéculatifs et qui font le tri des
risques couverts. Le 100% sécu, c'est aussi plus précisément pour
l'assurance maladie aller vers le remboursement à 100% des soins
prescrits par la sécu. Plus besoin de mutuelles qui gaspillent
leur argent dans leur mise en concurrence et ont des frais de
gestion bien plus élevées que la sécu. La richesse militante des
mutuelles pourrait se tourner vers d'autres buts comme
l'éducation à la santé. D'autant plus que les mutuelles sont le
cheval de Troie des assurances privées qui ne cherchent qu'à
s'enrichir sur le dos des malades. Et la mise en application de la
mutuelle obligatoire en entreprise (une de ces mesures mi chèvre
mi chou) est en train de se traduire par une augmentation des
mutuelles pour les non salariés, retraités en particulier : la
perte totale des valeurs de solidarité. Et, évidemment, avec ce
100%, un tiers payant facilité pour les professionnels de santé !
On finance comment ? Il y en a des propositions à porter au débat
! Mieux réprimer la fraude des entreprises déjà ! Faire cotiser
les revenus financiers des entreprises à hauteur de la cotisation
patronale : cela rapporterait 80 milliards d'euros ! Cela pourrait
avoir un effet dissuasif sur les entreprises qui préfèrent payer
leurs actionnaires et spéculer avec leurs profits qu'investir ! Et
puis, évidemment, il faudrait revoir les cotisations, en finir
avec les exonérations de cotisations, majorer celles des
entreprises qui suppriment des emplois pour augmenter leurs
profits ... J'arrête là ce paragraphe, même s'il y aurait encore
bien des choses à dire et je termine avec deux idées forces. La
première c'est qu'il s'agit là effectivement d'une proposition
radicale, car elle remplit deux conditions : elle répond mieux aux
besoins de la population et elle s'attaque au pouvoir du capital,
à la financiarisation de l'économie. La seconde, c'est
qu'évidemment, pour que la sécu continue de s'attaquer au pouvoir
du capital, il faut que son financement reste basé sur la
cotisation. Se tourner vers la CSG, une TVA sociale, que sais-je,
c'est se priver de limiter les pouvoirs du capital. C'est aussi
une aberration économique puisque ce ne serait plus en lien direct
avec les lieux de production de la richesse et que l'on ne peut
redistribuer que ce qui est produit !
Il y en a plein d'autres des propositions de ce type, pour faciliter l'accès aux entreprises qui répondent à des besoins sociaux, pour les salaires, pour arriver à une société zéro chômeurs. Evidemment, il faut changer la constitution, révolutionner l'Europe ...
Rassembler sans anathèmeIl y en a plein d'autres des propositions de ce type, pour faciliter l'accès aux entreprises qui répondent à des besoins sociaux, pour les salaires, pour arriver à une société zéro chômeurs. Evidemment, il faut changer la constitution, révolutionner l'Europe ...
La constitution française a transformé les choix politiques en un combat de coqs ! Et si l'on ne veut pas revivre le second tour de 2002 des élections présidentielles, il faut rassembler très largement, tous ceux qui ne veulent pas d'un retour triomphant de la droite, de ses 500 000 fonctionnaires supprimés, à l'école, à l'hôpital ..., même si ce ne sont pas des révolutionnaires nés !
Changer, cela suppose donc de faire des propositions qui répondent aux besoins des populations et qui ne peuvent être récupérées par le capital et de rassembler largement.
C'est dans ce cadre que se passe la consultation des communistes : faut il soutenir JL Mélenchon ou désigner un candidat du parti communiste, pour porter l'idée du rassemblement nécessaire.
Question
délicate pour laquelle il n'y a pas LA réponse !
Prenons la question du rassemblement. A première vue, les sondages témoignent d'une fraction importante de la population intéressée par JL Mélenchon et désigner un candidat communiste ne serait que mettre un candidat de plus dans la division de la gauche, une décision mortifère !
Mais quelle est la capacité de JL Mélenchon de rassembler au delà ? Cela suppose de faire aller dans les bureaux de vote ceux qui s'abstiennent traditionnellement, et de faire voter pour lui des électeurs traditionnellement socialistes. Bien contradictoire avec le "plus jamais avec les soc ...", car tous les déçus du gouvernement actuel, ceux qui avaient cru en Hollande, sont prêts à voter plus à gauche, à condition d'être respectés !
Regardons le programme maintenant. Il a largement repris le programme partagé de 2012. Un bon point.
Mais, déjà, il a tranché des sujets non tranchés en 2012, la question du nucléaire par exemple. Elle divise la gauche. Prenons en acte, plutôt que de rejeter ceux qui ne pensent pas comme JL Mélenchon. Ce programme n'est donc pas rassembleur.
Et en plus il se plie aux sirènes du social libéralisme, propose de fusionner l'impôt sur le revenu et la CSG pour financer la sécu. Il condamne ainsi notre peuple à ne plus pouvoir agir sur le rapport de ce qui va aux salariés et de ce qui va au patronat dans la répartitiion des richesses produites.
Cela me donne l'impression que "plus jamais avec les soc", c'est pour les femmes et les hommes, pleins de bonnes volontés, souvent aussi de craintes, mais pas pour leurs idées et pourtant, c'est de leurs idées que l'on a soupé, ces demi-mesures qui ne règlent rien voir qui aggravent les problèmes.
Alors, oui, décidément, il me semble qu'il faut que le PCF ait son propre candidat pour porter une autre idée du rassemblement et on verra !
Prenons la question du rassemblement. A première vue, les sondages témoignent d'une fraction importante de la population intéressée par JL Mélenchon et désigner un candidat communiste ne serait que mettre un candidat de plus dans la division de la gauche, une décision mortifère !
Mais quelle est la capacité de JL Mélenchon de rassembler au delà ? Cela suppose de faire aller dans les bureaux de vote ceux qui s'abstiennent traditionnellement, et de faire voter pour lui des électeurs traditionnellement socialistes. Bien contradictoire avec le "plus jamais avec les soc ...", car tous les déçus du gouvernement actuel, ceux qui avaient cru en Hollande, sont prêts à voter plus à gauche, à condition d'être respectés !
Regardons le programme maintenant. Il a largement repris le programme partagé de 2012. Un bon point.
Mais, déjà, il a tranché des sujets non tranchés en 2012, la question du nucléaire par exemple. Elle divise la gauche. Prenons en acte, plutôt que de rejeter ceux qui ne pensent pas comme JL Mélenchon. Ce programme n'est donc pas rassembleur.
Et en plus il se plie aux sirènes du social libéralisme, propose de fusionner l'impôt sur le revenu et la CSG pour financer la sécu. Il condamne ainsi notre peuple à ne plus pouvoir agir sur le rapport de ce qui va aux salariés et de ce qui va au patronat dans la répartitiion des richesses produites.
Cela me donne l'impression que "plus jamais avec les soc", c'est pour les femmes et les hommes, pleins de bonnes volontés, souvent aussi de craintes, mais pas pour leurs idées et pourtant, c'est de leurs idées que l'on a soupé, ces demi-mesures qui ne règlent rien voir qui aggravent les problèmes.
Alors, oui, décidément, il me semble qu'il faut que le PCF ait son propre candidat pour porter une autre idée du rassemblement et on verra !
L’aménagement de la place de l'Hôtel de ville, la quadrature du cercle depuis la suppression du projet de bus à haut niveau de service !
Le maire de Charleville-Mézières a décidé de
faire rêver : un parvis devant l'hôtel de ville pour les photos de
mariage, une ouverture en escalier vers la Meuse pour la beauté du
paysage, moins de stationnement sur la place de l'hôtel de ville,
mais quand même du stationnement (bonjour la contradiction !).
Sauf que la place de l'Hôtel de ville est un carrefour incontournable de l'agglomération, rues vers le Theux, le quartier de Manchester, chemin de la Ronde Couture à la place ducale.
On peut sans doute faire quelques grandes catégories de ceux qui passent par cette place :
- Les touristes puisque le maire a commencé son exposé jeudi au conseil d'habitants par là. Dont acte : on profitera tous des embellissements et mises en valeur des richesses historiques du lieu. Il y aurait beaucoup à dire sur la politique touristique du conglomérat conseil général/agglo. C'est un autre débat que celui qui m'intéresse aujourd'hui.
- Ceux qui travaillent dans les administrations de ce centre des Ardennes. Ils ont besoin de s'y stationner ou tout du moins de passer un minimum de temps en transport.
- Ceux qui viennent dans les administrations ou services : ils ont aussi besoin de s'y stationner, souvent moins longtemps, mais connaissent moins bien le quartier.
- Ceux qui y habitent. Evidemment, les intérêts sont contradictoires avec ceux des précédents et quand on interroge les habitants du quartier, ils vous répondent que ceux qui y travaillent peuvent se garer plus loin, surtout quand on s'adresse majoritairement à des retraités qui ont un peu oublié à quel point ils aimaient bien se stationner le plus près possible de leur travail !
- Ceux qui traversent le quartier et qui veulent surtout que l'on puisse le traverser rapidement !
La question des voitures est centrale : ce n'est pas une spécificité du quartier, même si les problématiques sont particulières, mais bien une question générale dans toutes les villes qui passe par des aménagements pour des circulations douces et des transports en commun plus accessibles en terme de fréquence, de prix.
La précédente municipalité avait ébauché un projet de bus à haut rendement de service. De quoi inciter à prendre le bus plutôt que sa voiture et favoriser l'usage du vélo car cela s'accompagnait d'une circulation plus sécurisée.
Mais B. Ravignon a écarté ce projet et maintenant il ose dire que le tramway n'est pas adapté à notre ville. Certes, mais il oublie cet intermédiaire, lui parfaitement adapté !
Alors il y a le parking Picasso, au coeur des débats du conseil d'habitants, car quasiment vide ! Mais 7, 8, 9 mn à pied des administrations. Alors, le maire a une idée : faire une passerelle sur la Meuse. 2 à 2,5 millions d'euros pour raccourcir le trajet de 2 à 3 mn, sans doute en le rendant un peu plus pénible, car la passerelle devrait peut-être être en hauteur et il faudrait monter ! A ce prix là, il y a sans doute de quoi payer une navette aux heures de début et de fin de travail dans les administrations pendant 15, 20 ans ! Mais peut être a-t-il plus envie d'une passerelle qui porte son nom que d'un vrai service à la population.
Car, dans les utopies de grands travaux, pourquoi pas un pont routier le long du pont de chemin de fer de la rue Emile Beaucourt vers la gare de Mohon ! De quoi décourager la traversée du Theux pour tous ceux qui vont entre le Sedanais et Charleville-Mézières, faisant de la rue Ambroise Croizat un véritable danger.
Stop dans les rêves. Il y a besoin, comme cela a été dit jeudi soir d'un cahier des charges pour un appel à projet d'architectes. Mais il y a besoin d'une confrontation rapide à la réalité aussi. Il y a surtout besoin que des projets de professionnels puissent être, sans trop tarder, présentés à la population, à la fois ceux qui habitent le quartier et ceux qui y travaillent que ce soit dans les administrations ou les commerces. Car ce qui serait insupportable, c'est un cahier des charges fumeux et un projet choisi en comité restreint et on peut imaginer les explications du maire : techniquement, on ne pouvait pas faire autrement !
Et dans les choses plus immédiates, l'annonce par le maire de la vente vraisemblable de la friche du garage Inchelin n'est pas une bonne nouvelle. Un café avec terrasse au bord de la Meuse, ça pourrait être sympa, mais la privatisation de cet espace public est un danger pour l'avenir, car il n'y a aucune garantie sur ce qui se passera dans 5 ou 20 ans et là encore, ne rêvons pas ! Pensons au pire, une nouvelle verrue sur ce bord de Meuse, mais sur laquelle la ville ne pourrait plus rien faire car elle serait privée.
Sauf que la place de l'Hôtel de ville est un carrefour incontournable de l'agglomération, rues vers le Theux, le quartier de Manchester, chemin de la Ronde Couture à la place ducale.
On peut sans doute faire quelques grandes catégories de ceux qui passent par cette place :
- Les touristes puisque le maire a commencé son exposé jeudi au conseil d'habitants par là. Dont acte : on profitera tous des embellissements et mises en valeur des richesses historiques du lieu. Il y aurait beaucoup à dire sur la politique touristique du conglomérat conseil général/agglo. C'est un autre débat que celui qui m'intéresse aujourd'hui.
- Ceux qui travaillent dans les administrations de ce centre des Ardennes. Ils ont besoin de s'y stationner ou tout du moins de passer un minimum de temps en transport.
- Ceux qui viennent dans les administrations ou services : ils ont aussi besoin de s'y stationner, souvent moins longtemps, mais connaissent moins bien le quartier.
- Ceux qui y habitent. Evidemment, les intérêts sont contradictoires avec ceux des précédents et quand on interroge les habitants du quartier, ils vous répondent que ceux qui y travaillent peuvent se garer plus loin, surtout quand on s'adresse majoritairement à des retraités qui ont un peu oublié à quel point ils aimaient bien se stationner le plus près possible de leur travail !
- Ceux qui traversent le quartier et qui veulent surtout que l'on puisse le traverser rapidement !
La question des voitures est centrale : ce n'est pas une spécificité du quartier, même si les problématiques sont particulières, mais bien une question générale dans toutes les villes qui passe par des aménagements pour des circulations douces et des transports en commun plus accessibles en terme de fréquence, de prix.
La précédente municipalité avait ébauché un projet de bus à haut rendement de service. De quoi inciter à prendre le bus plutôt que sa voiture et favoriser l'usage du vélo car cela s'accompagnait d'une circulation plus sécurisée.
Mais B. Ravignon a écarté ce projet et maintenant il ose dire que le tramway n'est pas adapté à notre ville. Certes, mais il oublie cet intermédiaire, lui parfaitement adapté !
Alors il y a le parking Picasso, au coeur des débats du conseil d'habitants, car quasiment vide ! Mais 7, 8, 9 mn à pied des administrations. Alors, le maire a une idée : faire une passerelle sur la Meuse. 2 à 2,5 millions d'euros pour raccourcir le trajet de 2 à 3 mn, sans doute en le rendant un peu plus pénible, car la passerelle devrait peut-être être en hauteur et il faudrait monter ! A ce prix là, il y a sans doute de quoi payer une navette aux heures de début et de fin de travail dans les administrations pendant 15, 20 ans ! Mais peut être a-t-il plus envie d'une passerelle qui porte son nom que d'un vrai service à la population.
Car, dans les utopies de grands travaux, pourquoi pas un pont routier le long du pont de chemin de fer de la rue Emile Beaucourt vers la gare de Mohon ! De quoi décourager la traversée du Theux pour tous ceux qui vont entre le Sedanais et Charleville-Mézières, faisant de la rue Ambroise Croizat un véritable danger.
Stop dans les rêves. Il y a besoin, comme cela a été dit jeudi soir d'un cahier des charges pour un appel à projet d'architectes. Mais il y a besoin d'une confrontation rapide à la réalité aussi. Il y a surtout besoin que des projets de professionnels puissent être, sans trop tarder, présentés à la population, à la fois ceux qui habitent le quartier et ceux qui y travaillent que ce soit dans les administrations ou les commerces. Car ce qui serait insupportable, c'est un cahier des charges fumeux et un projet choisi en comité restreint et on peut imaginer les explications du maire : techniquement, on ne pouvait pas faire autrement !
Et dans les choses plus immédiates, l'annonce par le maire de la vente vraisemblable de la friche du garage Inchelin n'est pas une bonne nouvelle. Un café avec terrasse au bord de la Meuse, ça pourrait être sympa, mais la privatisation de cet espace public est un danger pour l'avenir, car il n'y a aucune garantie sur ce qui se passera dans 5 ou 20 ans et là encore, ne rêvons pas ! Pensons au pire, une nouvelle verrue sur ce bord de Meuse, mais sur laquelle la ville ne pourrait plus rien faire car elle serait privée.
Les citoyens de gauche avec I. Nivelet et C.Caruzzi pour les législatives 2017 dans la criconscription de Charleville-Givet
Santé, protection sociale : les solutions éculées de la droite.
ou comment
faire du mandat de François Hollande un tremplin
pour plus de liberté pour les plus riches et plus d'exploitation
pour 99% des Français.
Les candidats à la primaire de la droite
s'étalent dans les médias mais le socle de leurs propositions est
connue, adopté lors du conseil national de Les Républicains le 2
juillet dernier. Il s'agit de présentations différentes mais d'un
contenu identique : non pas remettre en cause les évolutions
législatives depuis 2012, mais s'appuyer au contraire sur ce que
F. Hollande et M. Valls ont fait de plus rétrograde contre le
monde du travail pour aller plus loin, vers une France au service
exclusif de la grande bourgeoisie et du capital.
Cet article a pour but, après une présentation de la « philosophie » de ce programme, d'en décrypter les propositions pour notre système de santé et pour la protection sociale.
Tout pour la France des patrons !
Le style des candidats est différent mais les propositions sont les mêmes : je me contenterai de deux citations, la première dans le projet des Républicains (et N. Sarkozy en reprend la formulation dans ce qu'elle a d'abrupt) : « Parallèlement, en ce qui concerne les étrangers en situation illégale, l’aide médicale d’État (AME) doit être supprimée et remplacée par une aide médicale exceptionnelle et provisoire qui ne concernerait que les urgences sanitaires et les maladies contagieuses. ». Selon A. Juppé, « L'AME sera désormais strictement réservée aux situations d'urgence médicale ». L'un supprime, l'autre non, mais le résultat est le même, inadmissible ! Les nuances ne sont que dans la tactique électorale !
Dans le livre de N. Sarkozy, Tout pour la France, c'est au chapitre "le défi de la liberté" que l'on trouve les propositions sur la santé. Ce choix - mais N. Sarkozy et Les Républicains ignorent "le défi de la solidarité " - est en lui même le programme santé : liberté pour les médecins, liberté pour les hôpitaux.
Les propositions pour la santé et la protection sociale ne sont que les déclinaisons d'une « philosophie » d'un monde à l'envers, manipulant des concepts exacts pour les retourner au service exclusif du patronat. Deux exemples :
- Travailler plus, oui, mais individuellement, ou collectivement ? Le lien entre richesses produites et protection sociale est au cœur du financement de la sécurité sociale, voulu en 1945 par le ministre communiste Ambroise Croizat, avec cette ambition d'augmenter les dépenses publiques pour, à la fois, favoriser la reprise économique et satisfaire les besoins sociaux. Mais la droite fait le choix du travailler plus individuel en ignorant les besoins d'investissements – et donc d'accès au crédit - des entreprises pour créer des emplois, en ignorant les besoins en emplois nouveaux dans les services publics, en traitant par pertes et profits les millions de chômeurs (pourtant, quelles possibilités pour augmenter la masse collective de travail fournie ! La droite ignore que la réduction de 1% du taux de chômage, c'est 5,7 milliards d'euros de plus pour les caisses de la sécurité sociale). Cela lui permet aussi d'ignorer superbement les questions écologiques alors que l'accès au crédit, les cotisations sociales des entreprises, pourraient être modulés en fonctions des objectifs sociaux mais aussi environnementaux. Dans le choix de société, baisser le coût du travail ou baisser le coût du capital, les candidats de Les Républicains ont fait leur choix : celui de baisser le coût du travail, pour maximiser les profits ! Ils pourront, s'ils sont élus, s'appuyer sur les réformes engagées par F. Hollande et M. Valls qui ont déjà fait le choix de la baisse du coût du travail, à l'opposé du choix qui aurait été judicieux d'une reprise économique par l'augmentation des salaires et retraites et l'augmentation de la consommation.
- Caricaturale aussi cette vision de l'entreprise, avec une polémique inutile sur l'importance à accorder aux entreprises. Evidemment les entreprises sont très importantes, mais les entreprises, ce sont des patrons et des salariés et sans ces derniers, pas de valeur ajoutée ! Alors, il ne suffit pas de faire des cadeaux aux patrons, surtout comme dans le CICE, si on ne s'assure pas que les salariés en bénéficient !
En s'appuyant sur la banalisation des thèses libérales, favorisée par le gouvernement actuel, Les Républicains développent ainsi un programme où la liberté se résume surtout à la liberté de mieux exploiter les salariés, de ne surtout pas chercher à corriger les inégalités de notre société. Ce sont ces orientations qui sont déclinées dans leur programme pour la santé et la protection sociale.
Rien de neuf sous le soleil pour la santé sauf des menaces supplémentaires !
Si le constat est partagé par l'ensemble des Français – ça ne va pas – désertification médicale, hôpital malade - prévention en berne …, le diagnostic est déjà faux et les solutions contradictoires même avec le constat fait !
Le diagnostic porté par N. Sarkozy, A. Juppé et les autres, c'est le manque de liberté, les tracasseries administratives (pour certains, pas pour tous). Mais qui a empêché un médecin de s'installer dans un désert médical ?
La charge portée contre le tiers payant témoigne de la volonté de s'appuyer sur tout le reste de la loi Touraine pour aller plus loin dans la casse de l'hôpital public, dans l'aggravation des inégalités de prise en charge, dans la privatisation des soins et de la protection sociale. Car c'est uniquement sur ce qui a été l'alibi de gauche pour obtenir le vote de cette loi mortifère que Les Républicains envisagent de revenir en arrière.
Commençons par la médecine ambulatoire. Pas un mot sur le numerus clausus, sauf pour dire qu'il doit être régionalisé pour mieux s'adapter aux besoins. Or c'est bien la pénurie de médecins qui rend particulièrement difficile les solutions à la désertification. Et, en ces années de départ à la retraite des dernières générations de médecins formés avant l'installation du numérus clausus, on voit à quel point ce ne sont pas certaines régions qui sont déficitaires, mais toutes, les périphéries étant plus atteintes que les centres : l'Aube dans le Grand Est, la Seine St Denis en Ile de France … Il y a urgence à supprimer le numérus clausus !
La droite nous présente des solutions éculées pour faire revenir les médecins dans les zones les plus en difficulté, essentiellement les incitations financières, accessoirement l'exercice en groupe.
Certes, des évolutions tarifaires sont nécessaires. Il n'est pas normal que certaines spécialités soient beaucoup mieux rémunérées que d'autres ou que la médecine générale, différence alibi à certains dépassements d'honoraires (qui devraient être interdits mais cela la droite n'en parle pas), une manière de transférer des dépenses de l'assurance maladie vers les mutuelles ou les patients. Une évolution vers un financement moins dépendant du nombre d'actes est indispensable. La dernière convention a d'ailleurs fait un geste significatif vis à vis de la médecine générale.
Mais les incitations financières ont déjà montré leur échec : la majorité des jeunes médecins veulent être salariés. La lourdeur administrative, ce n'est pas le tiers payant, c'est tout le temps passé à la logistique, à la gestion. Les obstacles, c'est dans cette profession devenue majoritairement féminine, la difficulté d'un vrai congé de maternité, c'est aussi le recul des services publics en zone rurale et semi rurale, dans les banlieues. Et de ce point de vue quelle catastrophe à attendre de la droite, qui, au chapitre de la ruralité, outre un long développement sur la nécessité de faire revenir dans ces zones des médecins (le chat se mord la queue), ne propose rien de mieux que « le renforcement de l’échelon intercommunal dans l’organisation du regroupement de services publics pour assurer une prestation optimisée ». Quand on sait la taille de certaines intercommunalités et les projets en cours de regroupement, la proximité devient totalement absente.
C'est un vrai service public de santé ambulatoire qui doit être mis en place ! Mais la droite ne parle même pas de médecine ambulatoire : elle ne sait que dire « médecine libérale ».
La liberté réglera les questions, dit N. Sarkozy. Sauf que le programme des Républicains prévoit d' « Assurer la contribution à la permanence des soins des praticiens hospitaliers et médecins libéraux installés dans certaines villes proches de déserts médicaux ». Va-t-on obliger les médecins du service public hospitalier, déjà trop peu nombreux, à assumer les manques d'une médecine libérale que l'on veut privilégier ? Quelle contradiction !
Télémédecine et délégation de tâches, sans aborder la nécessaire question de la formation et de la reconnaissance par la rémunération, complètent les propositions.
Remettre le médecin généraliste au cœur du système de santé, au cœur des parcours de soins, fait partie des éternelles promesses de campagne, sauf que les gouvernements successifs ont contribué à une réalité inverse et que le programme de la droite pour 2017 annonce de nouvelles difficultés, s'il devait être mis en œuvre. Car ce n'est pas en affaiblissant l'hôpital public que l'on réglera les difficultés de la médecine ambulatoire. C'est au contraire en lui donnant les moyens de sa proximité (les jeunes médecins hésitent plus à s'installer loin d'un service d'urgence, loin d'une maternité), c'est en lui donnant les moyens de ne pas être l'absent, car trop lointain, des essais de coordination des soins, c'est en lui permettant d'être en soutien à l'organisation d'un service public de médecine ambulatoire.
Or que nous propose la droite pour l'hôpital ? La liberté ! Mais si seulement c'était pour les salariés !
Pour les salariés, c'est liberté pour leur direction de décider du seuil de déclenchement des heures supplémentaires ! Et pour les patients, le forfait hospitalier à la carte !
Plus globalement, Les Républicains préconisent l'autonomie des établissements, l'effacement des différences public/privé et la concentration des soins aigus sur un plus petit nombre d'établissements.
Autonomie des établissements, comme le gouvernement Fillon l'a fait pour les universités : on sait à quel point cela n'a pas réglé leurs difficultés ! L'autonomie prônée est d'autant plus grave qu'aucune proposition n'accompagne pour une gestion plus démocratique. Bien au contraire : cette autonomie proposée se nourrit des réformes précédentes, les conseils d'administration remplacés par les conseils de surveillance, pour une gestion technocratique, sans liens avec l'expression des besoins. Autonomie, mais l'ARS garde le pouvoir d'une mise sous tutelle.
Il s'agit en fait d'une plus grande liberté donnée aux directeurs, accessoirement aux médecins présidents de CME, pour s'affranchir des règles du service public, avec tout ce que cela a de protecteur (déjà si peu, si peu!) pour le personnel médical et paramédical et pour mieux faire entrer les intérêts privés dans l'hôpital public, avec sanction à la clé, si cela ne va pas dans le sens décidé par le ministère et transmis par les ARS. C'est bien aller plus loin dans la gouvernance antidémocratique adorée des ultralibéraux.
Pas de mensonge au moins sur les intentions : il convient d'intégrer les cliniques privées au service public hospitalier. La droite annonce clairement la mort du service public hospitalier, s'appuyant là encore sur le triste bilan Hollande/Valls/Bachelot : « Les Républicains veulent cesser d’opposer de façon idéologique hôpitaux publics et cliniques privées. ». Le soutien à l'hôpital public du gouvernement actuel n'a été que dans la communication. De fait, il a manqué de la matière derrière cette communication. Il y a urgence à concrètement redonner au service public hospitalier les règles démocratiques, les moyens de fonctionnement qui en ont fait le rayonnement. La droite veut l'enterrer et tout est bon pour cela, même permettre à des médecins libéraux de venir travailler dans les services d'urgences … à l'opposé des espoirs des jeunes professionnels d'être salariés !
Finie toute proximité : là aussi, pas de faux espoirs. « Les Républicains souhaitent l’obligation d’une concentration des soins aigus sur un plus petit nombre de sites ». Les projets de recomposition incluent le secteur privé. La mise en place des Groupements Hospitaliers de Territoire, en cours actuellement, serait bien évidemment le socle de poursuite des réformes, ignorant la gradation des soins, ignorant tout simplement la réalité, le malade étant transformé en un objet sur lequel on fait un geste rémunéré, geste qui dépend de l'état du malade à son entrée dans l'hôpital, geste pour lequel on a un protocole de qualité – c'est mieux vendable – mais ce n'est plus du soin ! Et tant pis pour celui qui a hésité plusieurs jours avant d'aller consulter loin de chez lui, fini le soutien familial... Ces facteurs d'aggravation ne sont pas quantifiables ! Quant au recentrage annoncé des CHU sur leurs activités de pointe, que cache-t-il ? La délégation au secteur privé de l'essentiel des soins hospitaliers des populations des agglomérations universitaires ? Ou tout du moins tous ceux qui sont « rentables » ?
La prévention présentée comme source d'économie est une prévention tronquée. Elle se résume à la prévention secondaire. Pas un mot sur la prévention primaire, le service de santé scolaire, l'éducation à la santé, la médecine du travail, des questions aussi importantes que l'impact de l'environnement sur notre santé, l'alimentation, les produits chimiques.
Et quelle prévention secondaire ! Les Républicains ne proposent rien de mieux que la « signature d’un contrat personnel de prévention, entre l’assuré, l’assurance maladie et sa complémentaire », le rêve des complémentaires privées pour trier leurs clients en fonction de leurs comportements, les surveiller, bref, culpabiliser plutôt qu'éduquer, renvoyer chacun vers son comportement individuel plutôt que d'aller collectivement vers une société où, par exemple, on a le temps de faire du sport ! Et pour N. Sarkozy, la culpabilisation pourrait aller jusqu'à la sanction : « La prise en charge à 100% par l'assurance maladie pour les maladies chroniques pourrait être associée à leur respect. » (du traitement)
Les projets de la droite pour l'industrie pharmaceutique sont caricaturaux de ce qu'il ne faut pas faire : organiser le suivi des nouveaux médicaments en coopération entre les laboratoires pharmaceutiques, l'assurance maladie et les hôpitaux – chacun sait l'impartialité de l'industrie pharmaceutique – et conclure avec elle un accord pluriannuel de stabilité fiscale assurant sa compétitivité, moyennant quelques petites contreparties !
Une conception de la protection sociale pour baisser le coût du travail !
Il me paraît inutile de revenir ici sur cette aberration à choisir la baisse du coût du travail à celle du capital, les milliards d'euros perdus dans l'évasion fiscale, l'augmentation des profits qui ne sert même pas l'investissement et une consommation en berne.
Plus important me semble de détailler les réformes préconisées pour mieux les combattre en en démontant les pièges.
Côté recettes, rien à attendre ! Il s'agit bien de baisser les dépenses et d'orienter vers la protection individuelle, donner de la manne aux assurances (et banques) privées !
L'ambition de la droite, c'est de diminuer la part des dépenses publiques dans le PIB pour la ramener à 50% au terme du quinquennat, soit 100 milliards de moins de dépense publique dont plus de la moitié pour la protection sociale. Il s'agit là d'un projet mortifère, du chacun pour soi, alors que les services publics, la protection sociale sont des moteurs de la réussite de notre pays ! Pour se faire, elle propose une loi imposant le vote des budgets des différentes caisses de la sécurité sociale à l'équilibre, avec des mécanismes automatiques en cas de non respect de l'équilibre. Illustrons concrètement : cela pourrait être par exemple la baisse des retraites en cas de baisse des recettes du fait d'une nouvelle crise et poussée de chômage sans même consultation des administrateurs des caisses, je ne parle même pas des retraités.
Alimenter la finance privée revient, une fois de plus, en particulier comme solution pour la perte d'autonomie : « Les Républicains souhaitent que le risque « prévoyance dépendance » soit mieux accompagné par des incitations fiscales, compte tenu de l’allongement de la durée de la vie ». Et si N. Sarkozy évoque la sécurité sociale sur cette question, c'est pour parler de cinquième risque … favorisant ainsi le développement d'une offre d'assurance privée complémentaire, en lieu et place de la prise en charge des dépenses liées à la perte d'autonomie dans le cadre du fonctionnement actuel de la Sécurité Sociale.
Côté famille, la droite n'ose pas, électoralement parlant, et propose même de revenir à l'universalité des allocations familiales (sauf quand il s'agit de tacler les personnes d'origine étrangère, et le soit disant retour à l'universalité est donc un mensonge) : alors, c'est dans l'assurance maladie et la retraite que les coupes sont prévues, le tout assaisonné d'une volonté de diminuer les frais de fonctionnement de la sécurité sociale, A. Juppé variant un peu du socle commun sur la branche famille.
Une assurance maladie rabougrie : c'est une augmentation de l'ONDAM de 1,75% par an qui est prévu. J'ai déjà dit les projets pour l'hôpital, réduire leur nombre, faire travailler plus les personnels et payer les malades. C'est aussi une réduction du remboursement des médicaments avec l'annonce d'un taux passant de 76 à 73% et la volonté affichée de rediscuter des dépenses les plus utiles. C'est l'affichage de gains opérés à travers une soit disant meilleure coordination, mais comme rien dans le programme n'est de nature à permettre cette meilleure organisation, comme la traduction concrète du mot prévention, souvent cité, n'est pas évoquée, on peut craindre des mesures autoritaires : éviter des journées d'hospitalisation inutiles à des personnes âgées dépendantes permettrait 2 milliards d'économie. Les ALD (affections de longue durée) sont citées aussi …
Les retraites sont l'objet de tous les soins, pour qu'elles soient plus tard et plus maigres ! N. Sarkozy et A. Juppé divergent bien un peu sur l'âge légal de départ à la retraite, le calendrier, mais de toute façon, c'est plus tard, c'est le nivellement par le bas des régimes et c'est l'instauration de mécanismes d'ajustement automatique pour sortir ce sujet du légitime débat citoyen. Il s'agit pourtant bien d'un choix de société !
Et c'est plus tard pour tout le monde. Car une mesure phare est la suppression du compte pénibilité. Certes, il s'agit là d'une usine à gaz, dont le patronat se plaint, alors que c'est sa volonté même de reconnaître le moins possible la pénibilité qui a conduit à cette complexité. Alors, la droite nous fait des grands discours sur la prévention, mais concrètement la proposition de N. Sarkozy, dans son chapitre sur la compétitivité, c'est : « c'est à la médecine de faire l'expertise des conséquences particulières de la pénibilité sur chaque salarié », bref, une retraite anticipée seulement quand on est sur que l'on ne peut plus rien tirer du salarié abîmé par ses années de pénibilité !
Des grands discours sur les personnes en situation de handicap et les personnes âgées, mais où est le concret ? J'ai déjà évoqué les incitations fiscales pour le risque prévoyance dépendance. Mais quid de la moitié de la population qui ne paie pas d'impôt sur le revenu ? Il s'agit clairement là d'incitations à l'assurance privée. Pour le reste, beaucoup de paroles généreuses, quand il ne s'agit pas de culpabilisation : « les acteurs compétents – en matière de scolarisation, de logement, de santé ou d’emploi – n’adaptent pas leurs pratiques », sauf que l'école par exemple manque terriblement de moyens pour accueillir les enfants handicapés. Alors, Les Républicains veulent faire entrer le médico-social à l'école. Avec quels financements ?
En guise de conclusion
L'impression globale qui ressort de la lecture du programme des Républicains, des livres de N. Sarkozy et A Juppé c'est la peur de la solidarité.
Je vous ai gardé deux perles pour la conclusion. Tout d'abord, la volonté de faire payer les bénéficiaires de la CMU complémentaire (selon le programme, de la CMU elle-même selon N. Sarkozy) quelques dizaines d'euros par an. Ensuite une traque de la fraude à sens unique : pour A. Juppé, en matière d'URSAFF, « un droit à l'erreur sera instauré. Les droits de l'employeur lors des contrôles seront par ailleurs renforcés » à mettre en parallèle avec une déclaration du programme : « Les Républicains mettront en oeuvre une mesure forte. Les fraudeurs sociaux sanctionnés par la justice se verront appliquer un délai de carence de plusieurs années avant de bénéficier à nouveau de la générosité nationale. »
Cette peur de la solidarité, c'est aussi, en s'éloignant légèrement de l'objet de cet article, toute la réforme envisagée des indemnités chômage et du RSA : toujours moins pour inciter à la reprise d'emploi, comme si le chômage était du aux chômeurs, avec la volonté de transformer le RSA en une allocation unique d’activité fusionnant le RSA, la prime d’activité, l’ASS, les allocations logement, la prime de Noël et l’allocation de rentrée scolaire, et à terme les aides locales (quelle conception de l'indépendance des collectivités locales !). Cette allocation unique serait financée par l'Etat et gérée par les CAF, avec à la clé une économie annoncée de 2,8 milliards. Les CAF gèrent déjà le RSA pour les conseils généraux, mais demandons nous quel rôle on veut leur faire jouer à l'avenir. Là elles devraient aussi s'occuper de la formation des bénéficiaires de l'allocation unique, histoire de compliquer le cadre de celle-ci, déjà partagée entre les conseils régionaux et Pôle Emploi ! Avec au bout, travail obligatoire : « au-delà d’une certaine durée de perception de l’allocation, tous les bénéficiaires seront redevables à la collectivité d’heures d’activité dédommagées. » ! Il y aurait du travail pour eux ? C'est donc qu'il y a de vrais emplois à créer !
Ainsi, les solutions de la droite, c'est bien un monde à l'envers, au service exclusif du patronat et la peur de la solidarité, la peur de l'humain tout simplement ! C'est aussi une santé à l'envers, réserver l'hôpital aux soins les plus techniques, avant de mettre en place une vraie médecine ambulatoire publique, alors que l'hôpital n'a fait que répondre, au cours des années, aux besoins ( et aux manques) en ce domaine.
Cet article a pour but, après une présentation de la « philosophie » de ce programme, d'en décrypter les propositions pour notre système de santé et pour la protection sociale.
Tout pour la France des patrons !
Le style des candidats est différent mais les propositions sont les mêmes : je me contenterai de deux citations, la première dans le projet des Républicains (et N. Sarkozy en reprend la formulation dans ce qu'elle a d'abrupt) : « Parallèlement, en ce qui concerne les étrangers en situation illégale, l’aide médicale d’État (AME) doit être supprimée et remplacée par une aide médicale exceptionnelle et provisoire qui ne concernerait que les urgences sanitaires et les maladies contagieuses. ». Selon A. Juppé, « L'AME sera désormais strictement réservée aux situations d'urgence médicale ». L'un supprime, l'autre non, mais le résultat est le même, inadmissible ! Les nuances ne sont que dans la tactique électorale !
Dans le livre de N. Sarkozy, Tout pour la France, c'est au chapitre "le défi de la liberté" que l'on trouve les propositions sur la santé. Ce choix - mais N. Sarkozy et Les Républicains ignorent "le défi de la solidarité " - est en lui même le programme santé : liberté pour les médecins, liberté pour les hôpitaux.
Les propositions pour la santé et la protection sociale ne sont que les déclinaisons d'une « philosophie » d'un monde à l'envers, manipulant des concepts exacts pour les retourner au service exclusif du patronat. Deux exemples :
- Travailler plus, oui, mais individuellement, ou collectivement ? Le lien entre richesses produites et protection sociale est au cœur du financement de la sécurité sociale, voulu en 1945 par le ministre communiste Ambroise Croizat, avec cette ambition d'augmenter les dépenses publiques pour, à la fois, favoriser la reprise économique et satisfaire les besoins sociaux. Mais la droite fait le choix du travailler plus individuel en ignorant les besoins d'investissements – et donc d'accès au crédit - des entreprises pour créer des emplois, en ignorant les besoins en emplois nouveaux dans les services publics, en traitant par pertes et profits les millions de chômeurs (pourtant, quelles possibilités pour augmenter la masse collective de travail fournie ! La droite ignore que la réduction de 1% du taux de chômage, c'est 5,7 milliards d'euros de plus pour les caisses de la sécurité sociale). Cela lui permet aussi d'ignorer superbement les questions écologiques alors que l'accès au crédit, les cotisations sociales des entreprises, pourraient être modulés en fonctions des objectifs sociaux mais aussi environnementaux. Dans le choix de société, baisser le coût du travail ou baisser le coût du capital, les candidats de Les Républicains ont fait leur choix : celui de baisser le coût du travail, pour maximiser les profits ! Ils pourront, s'ils sont élus, s'appuyer sur les réformes engagées par F. Hollande et M. Valls qui ont déjà fait le choix de la baisse du coût du travail, à l'opposé du choix qui aurait été judicieux d'une reprise économique par l'augmentation des salaires et retraites et l'augmentation de la consommation.
- Caricaturale aussi cette vision de l'entreprise, avec une polémique inutile sur l'importance à accorder aux entreprises. Evidemment les entreprises sont très importantes, mais les entreprises, ce sont des patrons et des salariés et sans ces derniers, pas de valeur ajoutée ! Alors, il ne suffit pas de faire des cadeaux aux patrons, surtout comme dans le CICE, si on ne s'assure pas que les salariés en bénéficient !
En s'appuyant sur la banalisation des thèses libérales, favorisée par le gouvernement actuel, Les Républicains développent ainsi un programme où la liberté se résume surtout à la liberté de mieux exploiter les salariés, de ne surtout pas chercher à corriger les inégalités de notre société. Ce sont ces orientations qui sont déclinées dans leur programme pour la santé et la protection sociale.
Rien de neuf sous le soleil pour la santé sauf des menaces supplémentaires !
Si le constat est partagé par l'ensemble des Français – ça ne va pas – désertification médicale, hôpital malade - prévention en berne …, le diagnostic est déjà faux et les solutions contradictoires même avec le constat fait !
Le diagnostic porté par N. Sarkozy, A. Juppé et les autres, c'est le manque de liberté, les tracasseries administratives (pour certains, pas pour tous). Mais qui a empêché un médecin de s'installer dans un désert médical ?
La charge portée contre le tiers payant témoigne de la volonté de s'appuyer sur tout le reste de la loi Touraine pour aller plus loin dans la casse de l'hôpital public, dans l'aggravation des inégalités de prise en charge, dans la privatisation des soins et de la protection sociale. Car c'est uniquement sur ce qui a été l'alibi de gauche pour obtenir le vote de cette loi mortifère que Les Républicains envisagent de revenir en arrière.
Commençons par la médecine ambulatoire. Pas un mot sur le numerus clausus, sauf pour dire qu'il doit être régionalisé pour mieux s'adapter aux besoins. Or c'est bien la pénurie de médecins qui rend particulièrement difficile les solutions à la désertification. Et, en ces années de départ à la retraite des dernières générations de médecins formés avant l'installation du numérus clausus, on voit à quel point ce ne sont pas certaines régions qui sont déficitaires, mais toutes, les périphéries étant plus atteintes que les centres : l'Aube dans le Grand Est, la Seine St Denis en Ile de France … Il y a urgence à supprimer le numérus clausus !
La droite nous présente des solutions éculées pour faire revenir les médecins dans les zones les plus en difficulté, essentiellement les incitations financières, accessoirement l'exercice en groupe.
Certes, des évolutions tarifaires sont nécessaires. Il n'est pas normal que certaines spécialités soient beaucoup mieux rémunérées que d'autres ou que la médecine générale, différence alibi à certains dépassements d'honoraires (qui devraient être interdits mais cela la droite n'en parle pas), une manière de transférer des dépenses de l'assurance maladie vers les mutuelles ou les patients. Une évolution vers un financement moins dépendant du nombre d'actes est indispensable. La dernière convention a d'ailleurs fait un geste significatif vis à vis de la médecine générale.
Mais les incitations financières ont déjà montré leur échec : la majorité des jeunes médecins veulent être salariés. La lourdeur administrative, ce n'est pas le tiers payant, c'est tout le temps passé à la logistique, à la gestion. Les obstacles, c'est dans cette profession devenue majoritairement féminine, la difficulté d'un vrai congé de maternité, c'est aussi le recul des services publics en zone rurale et semi rurale, dans les banlieues. Et de ce point de vue quelle catastrophe à attendre de la droite, qui, au chapitre de la ruralité, outre un long développement sur la nécessité de faire revenir dans ces zones des médecins (le chat se mord la queue), ne propose rien de mieux que « le renforcement de l’échelon intercommunal dans l’organisation du regroupement de services publics pour assurer une prestation optimisée ». Quand on sait la taille de certaines intercommunalités et les projets en cours de regroupement, la proximité devient totalement absente.
C'est un vrai service public de santé ambulatoire qui doit être mis en place ! Mais la droite ne parle même pas de médecine ambulatoire : elle ne sait que dire « médecine libérale ».
La liberté réglera les questions, dit N. Sarkozy. Sauf que le programme des Républicains prévoit d' « Assurer la contribution à la permanence des soins des praticiens hospitaliers et médecins libéraux installés dans certaines villes proches de déserts médicaux ». Va-t-on obliger les médecins du service public hospitalier, déjà trop peu nombreux, à assumer les manques d'une médecine libérale que l'on veut privilégier ? Quelle contradiction !
Télémédecine et délégation de tâches, sans aborder la nécessaire question de la formation et de la reconnaissance par la rémunération, complètent les propositions.
Remettre le médecin généraliste au cœur du système de santé, au cœur des parcours de soins, fait partie des éternelles promesses de campagne, sauf que les gouvernements successifs ont contribué à une réalité inverse et que le programme de la droite pour 2017 annonce de nouvelles difficultés, s'il devait être mis en œuvre. Car ce n'est pas en affaiblissant l'hôpital public que l'on réglera les difficultés de la médecine ambulatoire. C'est au contraire en lui donnant les moyens de sa proximité (les jeunes médecins hésitent plus à s'installer loin d'un service d'urgence, loin d'une maternité), c'est en lui donnant les moyens de ne pas être l'absent, car trop lointain, des essais de coordination des soins, c'est en lui permettant d'être en soutien à l'organisation d'un service public de médecine ambulatoire.
Or que nous propose la droite pour l'hôpital ? La liberté ! Mais si seulement c'était pour les salariés !
Pour les salariés, c'est liberté pour leur direction de décider du seuil de déclenchement des heures supplémentaires ! Et pour les patients, le forfait hospitalier à la carte !
Plus globalement, Les Républicains préconisent l'autonomie des établissements, l'effacement des différences public/privé et la concentration des soins aigus sur un plus petit nombre d'établissements.
Autonomie des établissements, comme le gouvernement Fillon l'a fait pour les universités : on sait à quel point cela n'a pas réglé leurs difficultés ! L'autonomie prônée est d'autant plus grave qu'aucune proposition n'accompagne pour une gestion plus démocratique. Bien au contraire : cette autonomie proposée se nourrit des réformes précédentes, les conseils d'administration remplacés par les conseils de surveillance, pour une gestion technocratique, sans liens avec l'expression des besoins. Autonomie, mais l'ARS garde le pouvoir d'une mise sous tutelle.
Il s'agit en fait d'une plus grande liberté donnée aux directeurs, accessoirement aux médecins présidents de CME, pour s'affranchir des règles du service public, avec tout ce que cela a de protecteur (déjà si peu, si peu!) pour le personnel médical et paramédical et pour mieux faire entrer les intérêts privés dans l'hôpital public, avec sanction à la clé, si cela ne va pas dans le sens décidé par le ministère et transmis par les ARS. C'est bien aller plus loin dans la gouvernance antidémocratique adorée des ultralibéraux.
Pas de mensonge au moins sur les intentions : il convient d'intégrer les cliniques privées au service public hospitalier. La droite annonce clairement la mort du service public hospitalier, s'appuyant là encore sur le triste bilan Hollande/Valls/Bachelot : « Les Républicains veulent cesser d’opposer de façon idéologique hôpitaux publics et cliniques privées. ». Le soutien à l'hôpital public du gouvernement actuel n'a été que dans la communication. De fait, il a manqué de la matière derrière cette communication. Il y a urgence à concrètement redonner au service public hospitalier les règles démocratiques, les moyens de fonctionnement qui en ont fait le rayonnement. La droite veut l'enterrer et tout est bon pour cela, même permettre à des médecins libéraux de venir travailler dans les services d'urgences … à l'opposé des espoirs des jeunes professionnels d'être salariés !
Finie toute proximité : là aussi, pas de faux espoirs. « Les Républicains souhaitent l’obligation d’une concentration des soins aigus sur un plus petit nombre de sites ». Les projets de recomposition incluent le secteur privé. La mise en place des Groupements Hospitaliers de Territoire, en cours actuellement, serait bien évidemment le socle de poursuite des réformes, ignorant la gradation des soins, ignorant tout simplement la réalité, le malade étant transformé en un objet sur lequel on fait un geste rémunéré, geste qui dépend de l'état du malade à son entrée dans l'hôpital, geste pour lequel on a un protocole de qualité – c'est mieux vendable – mais ce n'est plus du soin ! Et tant pis pour celui qui a hésité plusieurs jours avant d'aller consulter loin de chez lui, fini le soutien familial... Ces facteurs d'aggravation ne sont pas quantifiables ! Quant au recentrage annoncé des CHU sur leurs activités de pointe, que cache-t-il ? La délégation au secteur privé de l'essentiel des soins hospitaliers des populations des agglomérations universitaires ? Ou tout du moins tous ceux qui sont « rentables » ?
La prévention présentée comme source d'économie est une prévention tronquée. Elle se résume à la prévention secondaire. Pas un mot sur la prévention primaire, le service de santé scolaire, l'éducation à la santé, la médecine du travail, des questions aussi importantes que l'impact de l'environnement sur notre santé, l'alimentation, les produits chimiques.
Et quelle prévention secondaire ! Les Républicains ne proposent rien de mieux que la « signature d’un contrat personnel de prévention, entre l’assuré, l’assurance maladie et sa complémentaire », le rêve des complémentaires privées pour trier leurs clients en fonction de leurs comportements, les surveiller, bref, culpabiliser plutôt qu'éduquer, renvoyer chacun vers son comportement individuel plutôt que d'aller collectivement vers une société où, par exemple, on a le temps de faire du sport ! Et pour N. Sarkozy, la culpabilisation pourrait aller jusqu'à la sanction : « La prise en charge à 100% par l'assurance maladie pour les maladies chroniques pourrait être associée à leur respect. » (du traitement)
Les projets de la droite pour l'industrie pharmaceutique sont caricaturaux de ce qu'il ne faut pas faire : organiser le suivi des nouveaux médicaments en coopération entre les laboratoires pharmaceutiques, l'assurance maladie et les hôpitaux – chacun sait l'impartialité de l'industrie pharmaceutique – et conclure avec elle un accord pluriannuel de stabilité fiscale assurant sa compétitivité, moyennant quelques petites contreparties !
Une conception de la protection sociale pour baisser le coût du travail !
Il me paraît inutile de revenir ici sur cette aberration à choisir la baisse du coût du travail à celle du capital, les milliards d'euros perdus dans l'évasion fiscale, l'augmentation des profits qui ne sert même pas l'investissement et une consommation en berne.
Plus important me semble de détailler les réformes préconisées pour mieux les combattre en en démontant les pièges.
Côté recettes, rien à attendre ! Il s'agit bien de baisser les dépenses et d'orienter vers la protection individuelle, donner de la manne aux assurances (et banques) privées !
L'ambition de la droite, c'est de diminuer la part des dépenses publiques dans le PIB pour la ramener à 50% au terme du quinquennat, soit 100 milliards de moins de dépense publique dont plus de la moitié pour la protection sociale. Il s'agit là d'un projet mortifère, du chacun pour soi, alors que les services publics, la protection sociale sont des moteurs de la réussite de notre pays ! Pour se faire, elle propose une loi imposant le vote des budgets des différentes caisses de la sécurité sociale à l'équilibre, avec des mécanismes automatiques en cas de non respect de l'équilibre. Illustrons concrètement : cela pourrait être par exemple la baisse des retraites en cas de baisse des recettes du fait d'une nouvelle crise et poussée de chômage sans même consultation des administrateurs des caisses, je ne parle même pas des retraités.
Alimenter la finance privée revient, une fois de plus, en particulier comme solution pour la perte d'autonomie : « Les Républicains souhaitent que le risque « prévoyance dépendance » soit mieux accompagné par des incitations fiscales, compte tenu de l’allongement de la durée de la vie ». Et si N. Sarkozy évoque la sécurité sociale sur cette question, c'est pour parler de cinquième risque … favorisant ainsi le développement d'une offre d'assurance privée complémentaire, en lieu et place de la prise en charge des dépenses liées à la perte d'autonomie dans le cadre du fonctionnement actuel de la Sécurité Sociale.
Côté famille, la droite n'ose pas, électoralement parlant, et propose même de revenir à l'universalité des allocations familiales (sauf quand il s'agit de tacler les personnes d'origine étrangère, et le soit disant retour à l'universalité est donc un mensonge) : alors, c'est dans l'assurance maladie et la retraite que les coupes sont prévues, le tout assaisonné d'une volonté de diminuer les frais de fonctionnement de la sécurité sociale, A. Juppé variant un peu du socle commun sur la branche famille.
Une assurance maladie rabougrie : c'est une augmentation de l'ONDAM de 1,75% par an qui est prévu. J'ai déjà dit les projets pour l'hôpital, réduire leur nombre, faire travailler plus les personnels et payer les malades. C'est aussi une réduction du remboursement des médicaments avec l'annonce d'un taux passant de 76 à 73% et la volonté affichée de rediscuter des dépenses les plus utiles. C'est l'affichage de gains opérés à travers une soit disant meilleure coordination, mais comme rien dans le programme n'est de nature à permettre cette meilleure organisation, comme la traduction concrète du mot prévention, souvent cité, n'est pas évoquée, on peut craindre des mesures autoritaires : éviter des journées d'hospitalisation inutiles à des personnes âgées dépendantes permettrait 2 milliards d'économie. Les ALD (affections de longue durée) sont citées aussi …
Les retraites sont l'objet de tous les soins, pour qu'elles soient plus tard et plus maigres ! N. Sarkozy et A. Juppé divergent bien un peu sur l'âge légal de départ à la retraite, le calendrier, mais de toute façon, c'est plus tard, c'est le nivellement par le bas des régimes et c'est l'instauration de mécanismes d'ajustement automatique pour sortir ce sujet du légitime débat citoyen. Il s'agit pourtant bien d'un choix de société !
Et c'est plus tard pour tout le monde. Car une mesure phare est la suppression du compte pénibilité. Certes, il s'agit là d'une usine à gaz, dont le patronat se plaint, alors que c'est sa volonté même de reconnaître le moins possible la pénibilité qui a conduit à cette complexité. Alors, la droite nous fait des grands discours sur la prévention, mais concrètement la proposition de N. Sarkozy, dans son chapitre sur la compétitivité, c'est : « c'est à la médecine de faire l'expertise des conséquences particulières de la pénibilité sur chaque salarié », bref, une retraite anticipée seulement quand on est sur que l'on ne peut plus rien tirer du salarié abîmé par ses années de pénibilité !
Des grands discours sur les personnes en situation de handicap et les personnes âgées, mais où est le concret ? J'ai déjà évoqué les incitations fiscales pour le risque prévoyance dépendance. Mais quid de la moitié de la population qui ne paie pas d'impôt sur le revenu ? Il s'agit clairement là d'incitations à l'assurance privée. Pour le reste, beaucoup de paroles généreuses, quand il ne s'agit pas de culpabilisation : « les acteurs compétents – en matière de scolarisation, de logement, de santé ou d’emploi – n’adaptent pas leurs pratiques », sauf que l'école par exemple manque terriblement de moyens pour accueillir les enfants handicapés. Alors, Les Républicains veulent faire entrer le médico-social à l'école. Avec quels financements ?
En guise de conclusion
L'impression globale qui ressort de la lecture du programme des Républicains, des livres de N. Sarkozy et A Juppé c'est la peur de la solidarité.
Je vous ai gardé deux perles pour la conclusion. Tout d'abord, la volonté de faire payer les bénéficiaires de la CMU complémentaire (selon le programme, de la CMU elle-même selon N. Sarkozy) quelques dizaines d'euros par an. Ensuite une traque de la fraude à sens unique : pour A. Juppé, en matière d'URSAFF, « un droit à l'erreur sera instauré. Les droits de l'employeur lors des contrôles seront par ailleurs renforcés » à mettre en parallèle avec une déclaration du programme : « Les Républicains mettront en oeuvre une mesure forte. Les fraudeurs sociaux sanctionnés par la justice se verront appliquer un délai de carence de plusieurs années avant de bénéficier à nouveau de la générosité nationale. »
Cette peur de la solidarité, c'est aussi, en s'éloignant légèrement de l'objet de cet article, toute la réforme envisagée des indemnités chômage et du RSA : toujours moins pour inciter à la reprise d'emploi, comme si le chômage était du aux chômeurs, avec la volonté de transformer le RSA en une allocation unique d’activité fusionnant le RSA, la prime d’activité, l’ASS, les allocations logement, la prime de Noël et l’allocation de rentrée scolaire, et à terme les aides locales (quelle conception de l'indépendance des collectivités locales !). Cette allocation unique serait financée par l'Etat et gérée par les CAF, avec à la clé une économie annoncée de 2,8 milliards. Les CAF gèrent déjà le RSA pour les conseils généraux, mais demandons nous quel rôle on veut leur faire jouer à l'avenir. Là elles devraient aussi s'occuper de la formation des bénéficiaires de l'allocation unique, histoire de compliquer le cadre de celle-ci, déjà partagée entre les conseils régionaux et Pôle Emploi ! Avec au bout, travail obligatoire : « au-delà d’une certaine durée de perception de l’allocation, tous les bénéficiaires seront redevables à la collectivité d’heures d’activité dédommagées. » ! Il y aurait du travail pour eux ? C'est donc qu'il y a de vrais emplois à créer !
Ainsi, les solutions de la droite, c'est bien un monde à l'envers, au service exclusif du patronat et la peur de la solidarité, la peur de l'humain tout simplement ! C'est aussi une santé à l'envers, réserver l'hôpital aux soins les plus techniques, avant de mettre en place une vraie médecine ambulatoire publique, alors que l'hôpital n'a fait que répondre, au cours des années, aux besoins ( et aux manques) en ce domaine.
Pour la santé et la sécu, mobilisation hier !
Ils étaient là, les personnels de la santé et
du social, des membres du collectif de défense des usagers de
l'hôpital, des représentants d'autres professions, de simples
usagers devant l'hôpital de Charleville-Mézières
Alors que le PLFSS2017 (le projet de loi de financement de la sécurité sociale) a été voté en première lecture dans un
silence médiatique tonitruant, le mouvement syndical et social
s'est mobilisé hier partout en France.
La loi de financement de la sécurité sociale 2017 s’inscrit dans le plan triennal d’économies …qui finance les quelques 41 milliards du « pacte de responsabilité ». C’est ainsi que nous avons pu entendre la ministre M. Touraine se faire la chantre du « bilan positif » de Hollande/Valls en s’exclamant sur la fin « du trou de la sécurité sociale » à l’horizon 2017 avec un déficit prévisionnel de 400 millions d’euros au lieu de 17,4milliards en 2011.
Mais cela s'est fait au prix de moins de sécu, quand il en faudrait plus, en réduisant les dépenses alors qu'il faudrait augmenter les recettes et que c'est possible. L’argent est là : dans les poches des actionnaires… ou plutôt leurs paradis fiscaux ; dans les banques, au plus haut niveau de l’appareil d’Etat !
En réalité, c’est la manifestation de l’application sans faille et sans état d’âme de l’axiome ultra-libéral : toujours moins pour les besoins humains, toujours plus pour la finance !
Au delà des chiffres et de quelques manipulations internes aux comptes sociaux, la décélération du déficit de la sécurité sociale cache une formidable atteinte aux droits sociaux, au cours de ce quinquennat, dont nous pouvions attendre un autre résultat !
Pour information, dans notre département, le député socialiste a voté ce PLFSS. Et si les autres députés ont voté contre, c'est politicart, pour ne pas dire que ce qu'ils veulent, c'est encore plus d'économies !
Si je relève le coup de pouce de la baisse de la CSG pour quelques milliers de retraités, que dire de l’allongement de délai pour partir à la retraite, de la cotisation « de solidarité » que seuls les retraités paient, du blocage de l’indexation sur le coût de la vie…
Au nom de l’équité, ce gouvernement a massacré le principe d’universalité des allocations familiales et les cotisations patronales auront disparues de leur financement…
Après la mascarade de la « stratégie nationale de santé », la loi dite de « modernisation de notre système de santé » consacre les groupements hospitaliers de territoire » (GHT), actant une destruction sans précédent de l’offre de soins hospitaliers dans notre pays : le PLFSS 2017 prévoit une énième pression financière sur les budgets hospitaliers avec une nouvelle ponction de l’ordre de 1,5 milliard au titre de « l’efficacité de la dépense hospitalière », du « virage ambulatoire » et de la « réduction des inadéquations hospitalières » !! Que de souffrances du côté des personnels, et de dégradation des conditions d’accès et de prises en charge de la population non comptabilisés dans les propos cyniques de la ministre de la Santé !
Enfin la politique de « redressement » des comptes de la sécurité sociale a été rythmée chaque année à coup de contrats d'objectifs et de moyens pour les caisses : des milliers de suppressions d’emplois, fermetures des centres d’accueil et de paiement, remise en cause des missions au service de la population et à terme un processus achevé d’étatisation de la sécurité sociale !
Les personnels n'en peuvent plus !
Ainsi le PLFSS 2017 prévoit 4,I milliards d’économies sur les besoins de santé dans la vie et le travail, de retraite et de politique familiale !
Non ! La remise en cause des droits sociaux et le démantèlement de la sécurité sociale ne relèvent pas de la gauche Madame Touraine ! Non ! La pression sur les dépenses de santé et de protection sociale ne seront jamais les indicateurs d’une politique de gauche : en attestent tous les candidats de la « primaire de droite » qui font dans la surenchère, le sourire aux lèvres !
Seule la volonté politique de respect des principes de solidarité, d’universalité, d’égalité peut répondre aux formidables défis de notre temps, tels que le vieillissement de population et le développement des maladies chroniques, la lutte pour un développement durable social et environnemental, la mise à disposition de toutes et tous des progrès médicaux et technologiques. Ils exigent une mobilisation sans précédent de moyens financiers pour l’Humain, enfin !
Dans l’immédiat les communistes n’auront de cesse de faire valoir leurs propositions immédiates : arrêter les exonérations des cotisations patronales et la fiscalisation de celles-ci ; une cotisation complémentaire exceptionnelle sur les profits financiers ; mettre en place la modulation des cotisations patronales selon les objectifs d’emplois et de salaires…
Se fixer l’objectif d’atteindre rapidement le 100% SECU mettra fin à l’éloignement de soins de millions de personnes.
La loi de financement de la sécurité sociale 2017 s’inscrit dans le plan triennal d’économies …qui finance les quelques 41 milliards du « pacte de responsabilité ». C’est ainsi que nous avons pu entendre la ministre M. Touraine se faire la chantre du « bilan positif » de Hollande/Valls en s’exclamant sur la fin « du trou de la sécurité sociale » à l’horizon 2017 avec un déficit prévisionnel de 400 millions d’euros au lieu de 17,4milliards en 2011.
Mais cela s'est fait au prix de moins de sécu, quand il en faudrait plus, en réduisant les dépenses alors qu'il faudrait augmenter les recettes et que c'est possible. L’argent est là : dans les poches des actionnaires… ou plutôt leurs paradis fiscaux ; dans les banques, au plus haut niveau de l’appareil d’Etat !
En réalité, c’est la manifestation de l’application sans faille et sans état d’âme de l’axiome ultra-libéral : toujours moins pour les besoins humains, toujours plus pour la finance !
Au delà des chiffres et de quelques manipulations internes aux comptes sociaux, la décélération du déficit de la sécurité sociale cache une formidable atteinte aux droits sociaux, au cours de ce quinquennat, dont nous pouvions attendre un autre résultat !
Pour information, dans notre département, le député socialiste a voté ce PLFSS. Et si les autres députés ont voté contre, c'est politicart, pour ne pas dire que ce qu'ils veulent, c'est encore plus d'économies !
Si je relève le coup de pouce de la baisse de la CSG pour quelques milliers de retraités, que dire de l’allongement de délai pour partir à la retraite, de la cotisation « de solidarité » que seuls les retraités paient, du blocage de l’indexation sur le coût de la vie…
Au nom de l’équité, ce gouvernement a massacré le principe d’universalité des allocations familiales et les cotisations patronales auront disparues de leur financement…
Après la mascarade de la « stratégie nationale de santé », la loi dite de « modernisation de notre système de santé » consacre les groupements hospitaliers de territoire » (GHT), actant une destruction sans précédent de l’offre de soins hospitaliers dans notre pays : le PLFSS 2017 prévoit une énième pression financière sur les budgets hospitaliers avec une nouvelle ponction de l’ordre de 1,5 milliard au titre de « l’efficacité de la dépense hospitalière », du « virage ambulatoire » et de la « réduction des inadéquations hospitalières » !! Que de souffrances du côté des personnels, et de dégradation des conditions d’accès et de prises en charge de la population non comptabilisés dans les propos cyniques de la ministre de la Santé !
Enfin la politique de « redressement » des comptes de la sécurité sociale a été rythmée chaque année à coup de contrats d'objectifs et de moyens pour les caisses : des milliers de suppressions d’emplois, fermetures des centres d’accueil et de paiement, remise en cause des missions au service de la population et à terme un processus achevé d’étatisation de la sécurité sociale !
Les personnels n'en peuvent plus !
Ainsi le PLFSS 2017 prévoit 4,I milliards d’économies sur les besoins de santé dans la vie et le travail, de retraite et de politique familiale !
Non ! La remise en cause des droits sociaux et le démantèlement de la sécurité sociale ne relèvent pas de la gauche Madame Touraine ! Non ! La pression sur les dépenses de santé et de protection sociale ne seront jamais les indicateurs d’une politique de gauche : en attestent tous les candidats de la « primaire de droite » qui font dans la surenchère, le sourire aux lèvres !
Seule la volonté politique de respect des principes de solidarité, d’universalité, d’égalité peut répondre aux formidables défis de notre temps, tels que le vieillissement de population et le développement des maladies chroniques, la lutte pour un développement durable social et environnemental, la mise à disposition de toutes et tous des progrès médicaux et technologiques. Ils exigent une mobilisation sans précédent de moyens financiers pour l’Humain, enfin !
Dans l’immédiat les communistes n’auront de cesse de faire valoir leurs propositions immédiates : arrêter les exonérations des cotisations patronales et la fiscalisation de celles-ci ; une cotisation complémentaire exceptionnelle sur les profits financiers ; mettre en place la modulation des cotisations patronales selon les objectifs d’emplois et de salaires…
Se fixer l’objectif d’atteindre rapidement le 100% SECU mettra fin à l’éloignement de soins de millions de personnes.