Les vraies questions, celles de la démocratie,
celles de la solidarité et pas celle de l'égo du président de la
communauté de communes Ardennes Rives de Meuse !
Le conseiller régional sortant de Les Républicains, président de
la comcom, se voyait déjà siéger à Strasbourg. Il pose une vraie
question mais ne voit pas plus loin que le bout de son nez, son
mandat perdu !
Une vraie question, car dans l'abominable réforme des régions,
cette fusion non voulue de la Champagne Ardenne avec la Lorraine
et l'Alsace, il avait presque disparu le fait qu'il y aurait moins de
conseillers régionaux dans les Ardennes (comme dans d'autres
départements de notre, encore actuelle jusqu'à jeudi, région !).
Mais il y avait tant de choses à critiquer ! Et en plus il était à
la mode de dire qu'il fallait moins d'élus !
Et cela a été amplifié par le mode de scrutin ! Mais qui a inventé
ce mode de scrutin ? L'UMP, le parti auquel appartenait le
président de la comcom avant sa transformation à l'américaine.
C'est en effet à l'époque de Chirac et Balladur qu'a été votée la
loi de 2003 modifiant le mode de scrutin. Jusqu'en 1998, les
conseillers régionaux étaient élus à la proportionnelle sur des
listes départementales. La loi votée en 2003 donne une prime à la
liste arrivée en tête. Mais en plus, le mode de répartition des
élus amplifie, à la fois la place des listes recueillant le plus
de voix, mais aussi la représentation au sein de chaque liste des
plus gros départements : la prime aux gros contre les petits ! Et
c'est ainsi que les Ardennes ne se retrouvent qu'avec sept
conseillers régionaux. C'est l'arroseur
arrosé !
Une vraie question : prenons seulement le cas des lycées. Chaque
élu sortant siégeait dans les conseils d'administration de trois
lycées (je ne vous parle pas de B. Dekens qui n'avait même pas
voulu aller jusqu'à Revin !). Là, cela va en faire encore plus,
alors que les CA ont souvent lieu aux mêmes dates, imposées par
des contraintes financières (le vote du budget avant le 30
novembre par exemple). Quel élu fera le choix d'aller jusqu'au
lycée de Givet, un lycée qui mérite pourtant beaucoup d'attention
au vu des menaces que fait planer la gestion à l'économie de
l'Education Nationale.
Mais apportons de vraies propositions de réponses !
- des élections à la proportionnelle
intégrale ! Ceux qui justifient leur refus de la
proportionnelle par le Front National (et ont contribué à donner
de l'importance à cette formation haineuse) devraient comprendre
que là aussi, c'est l'arroseur arrosé ! Le risque de voir le FN
gagner des régions a transformé les élections en calculs
politiciens au lieu du nécessaire débat sur les politiques
régionales et contribué à éloigner les citoyens des urnes ou à
leur poser des cas de conscience bien loin des projets à avoir
pour notre région et je ne reviendrai pas ici sur le second tour
dans notre région.
La proportionnelle intégrale ne résoudrait pas la question de la
Pointe des Ardennes, plus globalement de la répartition
territoriale des élus au sein des départements, mais au moins les
Ardennes n'auraient pas eu la désagréable surprise de voir leur
représentation en région diminuer au delà de ce qui était attendu.
- revenons sur la place des élus et
arrêtons de vouloir en diminuer le nombre ! Encore faudrait il que
les élus méritent cette place ! Mais les caricatures justifiées
par des exemples célèbres ne doivent pas cacher la réalité de tous
ces élus de l'ombre, qui font leur boulot d'élus et qui sont
nécessaires à notre démocratie. Leur nombre (et j'ai donné
l'exemple à propos des représentations dans les CA des lycées),
leur pluralité, est un gage pour notre démocratie. Sans doute
faut il se donner des garanties pour que les élus ne soient pas
dans leur monde, mais de vrais représentants du peuple et cela
passe à l'évidence par l'absence de professionnalisation de la
politique, le non cumul des mandats, la limitation dans la durée,
tout en sachant que c'est sans doute des changements beaucoup plus
profonds qui sont nécessaires, le mode de fonctionnement actuel
poussant par exemple au cumul des mandats, car avoir un mandat
sert à se faire connaître et donne plus de chance d'être élu ! On
revient donc à la question de la proportionnelle, favorisant
l'élection sur des idées plutôt que sur un nom, mais c'est aussi
la question de l'organisation du débat politique (et les partis
politiques ont, quoi qu'on en dise un rôle nécessaire dans ce
débat) et, pour aller plus loin vers un vrai débat de société,
c'est aussi toute la question du temps de travail : sa diminution
(justifiée par ailleurs par l'évolution de notre société)
favoriserait la possibilité pour tous de se livrer à d'autres
activités, et parmi celles-là l'engagement politique, tout en
restant en lien étroit avec les réalités de la vie de tous les
jours, le travail en étant un élément essentiel.
- la solidarité entre les territoires du
département, de la région, de la République française, de notre
planète ! Faire accréditer l'idée que la Pointe des
Ardennes serait oubliée parce qu'il n'y a pas d'élu siégeant à
Strasbourg, c'est contribuer à diffuser l'idée que les élus
régionaux n'auront pas une vue globale de la région, mais se
battrons chacun pour leur territoire ! Vu les élus que l'on a
après ces abominables élections, c'est malheureusement sans doute
vrai ! Et cela veut sans doute dire que B. Dekens ne fait même pas
confiance aux autres élus ardennais de sa liste ! C'est vrai que
les récentes déclarations de Ravignon sur l'hôpital, contre la
réalité des habitants du nord du département, contribuent à faire
partager ces craintes.
Arrêtons de propager ces idées d'opposition,
de division, les Givetois contre les Carolomacériens, les
Ardennais contre les Alsaciens, les Français contre les
étrangers ... C'est faire le jeu des riches de ce monde, pour
qui les frontières n'existent pas pour s'empiffrer sur le dos
des peuples, de tous les peuples !