Avec retard, quelques commentaires sur la dernière réunion du CNEFOP (Conseil National de l'Emploi, de la Formation et de l'Orientation Professionnelle) du mardi 9 juin avec deux points que je souhaite vous raconter : le long exposé d'un conseiller de Rebsamen sur "Work in progress", et le projet de décret TPE jeunes apprentis
Work in progress est la "démarche collective portée par le ministère et un consortium d'acteurs pour la transformation numérique du travail, de l'emploi, de la formation et du dialogue social."
A écouter ce titre flamboyant, vous vous attendez à une vraie réflexion sur ce qu'apporte la révolution informationnelle, le fait que contrairement à une marchandise, celui qui donne une information ne la perd pas, ne s'appauvrit pas, sur les nouveaux comportements liés aux réseaux sociaux, sur l'exigence plus forte que jamais qu'il s'agit d'apprendre à apprendre, pas de retenir par coeur ce que l'on trouve d'un clic sur internet, d'apprendre à trier les informations ..., bref que le numérique constitue une vraie révolution.
Vous rêvez !
Sur l'aspect formation on aurait espérer un engagement ministériel sur des moyens nouveaux pour développer tout ce qui peut favoriser des contenus de formation, exigeants, accessibles à distance, car c'est une chance pour un développement équilibré de nos territoires, accessibles à distance, mais en construisant aussi les mécanismes d'accompagnement pour que cela ne soit pas une nouvelle source d'inégalités en fonction de la capacité des uns ou des autres à s'emparer de ces modes de formation, renvoyant les individus vers leur responsabilité propre, pour que les rapports humains, au coeur des processus de formation, ne soient pas abandonnés sur l'autel du "numérique".
Rien de cela, mais simplement une plateforme pour recenser tout ce qui existe, des contenus sérieux, venant de l'université, des choses sans garantie venant de structures privées, même pas quelques moyens pour aider les universités françaises à développer les "MOOC" !
Je vous passe le reste : des grandes bases de données, l'utilisation de la puissance de calcul et de tri des ordinateurs, sans d'ailleurs tenir compte de ce qui existe déjà, dans les régions par exemple, mais rien en lien avec les changements comportementaux que cela induit ou permet !
Bref, c'est de l'activisme pour faire croire que l'on s'occupe de l'emploi, sans se donner les vrais moyens pour cela, une réorientation de l'économie, du crédit, de l'activisme et sans doute aussi la volonté de mettre l'ordinateur comme écran entre les citoyens et les administrations.
Projet de décret TPE jeunes apprentis : je vous avais déjà parlé du projet du gouvernement de favoriser l'apprentissage des jeunes mineurs dans les entreprises de moins de 10 salariés, à retrouver en cliquant ici. J'ai évidemment voté contre, après avoir rapidement expliqué - il était tard, après le temps passé sur le premier sujet ! - qu'à l'heure où les savoirs sont de plus en plus complexes, pousser les jeunes vers l'apprentissage dès 16 ans alors qu'il faudrait prolonger la scolarité obligatoire jusqu'à 18 ans n'était pas bon pour l'avenir et que si l'état avait de l'argent à mettre dans la formation, il pouvait le mettre dans les lycées professionnels ! Mais la réalité du scandale de cette mesure dépasse ces questions qui peuvent être discutées : en attendant une vraie réforme progressiste de l'école, du collège, pas la réforme actuelle, c'est vrai que certains jeunes sont contents d'aller en apprentissage !
Car l'activisme de l'état l'amène, alors que les autres aides aux maîtres d'apprentissage passent par les régions, à faire tout seul : bonjour la cohérence !
Et surtout, ces aides vont compliquer encore un peu plus la recherche d'un maître d'apprentissage pour des jeunes un peu plus vieux, qui sont sortis sans qualification du système scolaire, ont galéré : je pense par exemple aux jeunes de l'école de la deuxième chance ! Pourquoi le patron d'une toute petite entreprise choisirait il un jeune de plus de 18 ans, un peu en marge de la société, car désespéré du sort qui lui est réservé, un jeune qu'il va devoir payer, plutôt que le gamin bien inséré au collège ou au lycée,, mais inquiet des difficultés financières de sa famille et désireux d'apporter un complément aux ressources familiales en se faisant embaucher comme apprenti : du travail gratuit pour le patron de la TPME, le salaire de misère étant compensé par l'Etat ! C'est de la mise en concurrence des jeunes, et des cadeaux sans contrepartie à des entreprises (ce qui évite de réfléchir sur une réforme de la fiscalité des entreprises, favorisant celles qui créent de l'emploi et imposant davantage celles qui accumulent les profits !).