La campagne électorale ne doit pas faire
oublier tout le reste ... et tout le reste, c'est entre autre les
travaux de l'ARS (Agence Régionale de Santé), que ce soit dans
l'élaboration du futur PRS (plan régional de santé) ou sur le
terrain des hôpitaux. La gravité de la
situation a d'ailleurs un lien très concret avec la campagne
électorale : elle ne peut que nous inviter à voter Jean Luc
Mélenchon, le seul candidat susceptible d'être élu voulant
répondre aux besoins des populations, plutôt qu'à ceux de la
finance.
L'ARS du Grand Est vient de faire connaître
l'avant projet du COS (cadre d'orientation stratégique) du PRS,
un document essentiel puisqu'il engage les orientations de l'ARS
pour dix ans, deux PRS. Malgré un discours technocratique de
langue de bois, ce document est d'une grande clarté sur les buts
recherchés : faire des économies. Je cite : "Du fait d’une moindre
croissance économique et du niveau élevé du chômage, le dynamisme
des revenus d’activité ne suffit pas à couvrir celui des dépenses
de santé, principalement tiré par le vieillissement de la
population. Cette inadéquation entre les recettes et les dépenses
se traduit par un déficit persistant de l’Assurance maladie
obligatoire. (...) Le redressement des comptes publics est
donc une nécessité pour sauvegarder notre système social, et en
particulier notre système de santé."
Comme dans l'ensemble des politique de prévention en santé pour le
gouvernement et les autres adeptes du libéralisme, le travail
n'existe pas, le danger constitué par le recul de l'âge de la
retraite, évidemment pas non plus et l'orientation de ce COS
repose uniquement sur l'éducation des comportements, volontiers
culpabilisatrice.
Quand à la politique de soins, elle met la charrue avant les
boeufs : vider les hôpitaux, avant d'avoir construit un véritable
réseau de prise en charge ambulatoire (c'est vrai que les
techniques se modernisant, certaines hospitalisations peuvent être
raccourcies, mais sous certaines conditions de poursuite de soins
à construire et pas pour tous les patients, quoiqu'en disent les administratifs) et utiliser les technologies du numérique avant d'en
avoir valider l'utilité (car il y a à boire et à manger là dedans
!) et avec des contradictions énormes, car tout en reconnaissant
le vieillissement de la population, ce COS propose des perles,
comme de ne plus servir les hospitalisés dans leur chambre, mais
de faire des restaurants en self service : on imagine papy ou
mammie avec ses cannes porter son plateau repas ! Je reviendrais
sans doute dans quelque jours plus en détails sur ce document !
Quand à la situation de nos hôpitaux, elle
se dégrade en silence !
A Sedan, c'est la fermeture de 24
lits d''hospitalisation de semaine qui est annoncée avec à la clé
la suppression de 10 emplois. Des personnels mutent vers l'hôpital
de Charleville-Mézières (encouragés par la direction ?) : cela
fait craindre des annonces plus graves encore !
A Charleville-Mézières, l'ARS
demande à l'hôpital de revoir sa copie de l'EPRD (Etablissement
prévisionnel des recettes et des dépenses, ce qui remplace le
budget prévisionnel), car celui prévoit un déficit de l'ordre de 2
millions d'euros.
En allant un peu plus loin, on apprend que la chirurgie de
l'hôpital de Vitry le François ferme
: une action est décidée pour samedi prochain. Dans cet hôpital,
rattaché avec celui de St Dizier au groupement hospitalier de la
Meuse, c'est un cadeau pour les cliniques privées du groupe
Courlancy, pour la future clinique de Bézannes.
Et Marisol Touraine semble mettre un point
d'honneur à terminer le quinquennat en étranglant un peu plus
les hôpitaux : l'arbitraire de la tarification à
l'activité avec des tarifs décidés par décrets continue à frapper
: un décret paru le 1er mars transforme des soins autrefois
comptabilisés comme hospitalisation de jour en simple acte
effectué en consultation, avec un manque à gagner pour les
hôpitaux qui a été chiffré à 5 M € pour le
CHU de Reims, 600 000 € pour l'hôpital de Chalons en Champagne,
combien à Charleville-Mézières et à Sedan ?