Depuis la création de la Sécurité Sociale, les
remises en cause n'ont pas manqué !
Que chacun cotise selon ses moyens et reçoive selon ses besoins
est un principe de solidarité que le patronat ne peut supporter !
Mais avec l'aide de Jupiter, le PLFSS 2019
marque une rupture gravissime : le mélange entre les budgets de
l'Etat et celui de la Sécurité Sociale, qui pourrait être le
prélude à la disparition de la Sécurité Sociale !
Les administrateurs de la Sécurité Sociale l'ont bien compris : ce
PLFSS a reçu un avis négatif des conseils d'administration de
toutes les caisses. Mais cela n'a même pas retenu l'attention du
gouvernement.
En effet, sans sourciller, les Macron/Philippe/Buzyn ont décidé de
ne plus compenser intégralement les exonérations de charges
sociales, comme cela était le cas depuis une loi Weil : en gros,
profitant que le budget de la sécu n'était plus en déficit (et on
sait à quel prix, qu'il s'agisse de la caisse d'assurance maladie
et de la mise en difficulté tragique des hôpitaux, des retraites
ou des allocations familiales),
ils ont
décidé de piquer dans les caisses pour équilibrer le
budget de l'état, tout en continuant les cadeaux au patronat.
En 2019, c'est le jack pot pour le patronat : le CICE et les
exonérations de charge destinées à remplacer le CICE, dont on
attend toujours la démonstration qu'il a été créateur d'emplois !
Et c'est aussi l'absence de cotisations sur les heures
supplémentaires : une manière d'en renforcer l'attrait pour des
salariés au salaire trop faible et de limiter les revendications
pour des augmentations de salaires.
Je n'ai pas l'intention de détailler ici tout le PLFSS.
Il est le reflet de l'idéologie gouvernementale, de la
soumission aux intérêts de la grande bourgeoisie qui veut la
liberté de mieux exploiter tout le reste de la population, tout
cela derrière le masque de la bonne conscience. Le Président de la
République se dit inquiet de la montée des fascismes ... mais
oppose les plus pauvres aux un peu moins pauvres, tout en
favorisant le capital. La critique de ce PLFSS ne peut donc être à
la marge : nous sommes projet contre projet, le projet du capital
ou le projet des travailleurs !
Au delà de la limitation des recettes (et donc des dépenses) et
outre le mélange entre budget de l'Etat et de la Sécurité Sociale,
ce PLFSS se veut
étape vers la
privatisation de la protection sociale avec des mesures
comme le soit disant zéro reste à charges pour l'optique, le
dentaire et les appareils auditifs : un panier de soins pour
lequel l'augmentation des dépenses de la Sécurité Sociale va être
l'alibi pour donner plus de place aux complémentaires. D'autres
mesures vont d'ailleurs dans le même sens, et sans les citer
toutes, il y a aussi la transformation de l'aide à la
complémentaire santé,
alors que le projet rassemblant notre peuple
serait d'aller vers le remboursement à 100% des soins prescrits
par l'Assurance Maladie, y compris les dépenses liées à la perte
d'autonomie.
C'est aussi la
casse de cet en-commun que
sont les services publics par la mise en oeuvre du plan
Ma Santé 2022 (vous pouvez lire ce que j'ai écrit à ce sujet en
cliquant
ici), en mélangeant allègrement public et privé, tout en se
donnant des armes pour casser le public à travers des mesures
comme l'extension du financement à la qualité (tant que les
critères de qualité ne seront pas définis démocratiquement, ils
seront le fait du prince) ou la dernière trouvaille : payer les
hôpitaux pour qu'ils renvoient des patients vers le secteur
libéral ! Certains services d'urgence se sont donnés des moyens
pour orienter différemment la simple recherche d'un conseil en
urgence et l'urgence vitale ! Donnons à tous les moyens de le
faire, plutôt qu'un renvoi vers l'extérieur avec tous les risques
que cela comporte !
Petite remarque tirée de la lecture des débats à l'Assemblée
Nationale pour les lecteurs
Ardennais : Pierre
Cordier fait l'écolier chahuteur du fond de la classe : mais on
attend en vain une proposition constructive et Jean Luc Warsmann
a voté pour ce PLFSS, confirmant ainsi sa totale hypocrisie
lorsqu'il prétend défendre l'hôpital de Sedan.