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santé et protection sociale - Page 14

  • Plan régional de santé du Grand Est : inquiétant !

    Le plan régional de santé (PRS) doit être élaboré au premier trimestre 2018 par l'agence régionale de santé (ARS). Un avant projet est mis en concertation dans les instances, avec un cadre d'orientation stratégique pour dix ans et le schéma régional (SRS) pour 5 ans.
    Je me suis déjà exprimée sur le cadre d'orientation stratégique ici et ici. Le texte ci-dessous repose sur ma lecture du SRS. Il n'a pas pour but une analyse complète du document, mais simplement d'en dégager l'esprit et de citer quelques exemples démonstratifs. La synthèse de ce document est très difficile, comme si l'ARS avait pour but de masquer à travers des répétitions, des bonnes intentions et des propositions pointues sur quelques sujets le sens global de ce schéma : limiter les dépenses de santé et favoriser le développement du secteur lucratif de la santé. En effet, plutôt que d'assumer le rôle de représentant en région d'un état garant d'un bon service public de santé, stratège dans son développement, l'ARS se place en simple arbitre qui compte les points des initiatives privées. Cela va avec la dérive ultralibérale du gouvernement qui aimerait bien se limiter aux compétences régaliennes (armée, justice) pour se débarrasser de la compétence santé ! Avec toutes les conséquences en terme de développement des inégalités !

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  • Dans son rapport sur l'avenir de l'assurance maladie, la Cour des Comptes ignore le service public et la démocratie en santé !

    On n'en attendait pas moins de la Cour des Comptes (CC) : elle propose des pistes d'économie. Disons que c'est son boulot ! Mais comme cela devient monnaie courante, elle outrepasse son rôle pour donner son avis sur des questions qui relèvent du politique (au sens noble du terme), du débat citoyen et du parlement ! Avec leurs œillères, les conseillers de la cour des comptes ne semblent pas savoir ce que c'est que le service public, ce que c'est qu'un centre de santé (la seule utilisation de cette expression ne se trouve que dans le résumé d'un rapport de la CNAMTS) ni la démocratie en santé et je reviendrai en conclusion sur ce qui est proposé dans ce rapport dans ces aspects les plus antidémocratiques.
    Tout d'abord trois constats que l'on peut partager avec la Cour des Comptes pour en prendre acte. Même si les solutions proposées par la Cour des Comptes vont à l'encontre de l'intérêt des Français, le constat partagé montre que les reproches faits par les communistes et plus généralement par beaucoup de progressistes ont été entendus ; il n'y a plus qu'à faire entendre les solutions et à lutter pour que les aspirations populaires ne soient pas détournées !
    - Je cite le rapport de la Cour des Comptes : "L’actuelle mixité de la couverture maladie, partagée entre assurance maladie obligatoire et assurances complémentaires, pose ainsi des questions très lourdes d’inégalités dans l’accès aux soins, sans préjudice des difficultés qui en résultent pour un pilotage plus efficient du système de santé." Les chiffres donnés par la Cour des Comptes font froid dans le dos : la France est au premier rang des grands pays européens pour la part des dépenses de santé financée par les assureurs complémentaires ! Regardez donc le graphique.
    complémentaire.jpgLa solution existe : celle que proposent les communistes et d'autres, le remboursement à 100% des soins prescrits par la sécurité sociale et pour en savoir plus, n'hésitez pas à lire ou relire mon article précédent. Hélas, les remèdes de la CC sont eux toxiques : partage des risques entre sécurité sociale et complémentaires (l'optique, par exemple, serait pris en charge uniquement par les complémentaires) ou même ce qu'elle ose appeler un bouclier sanitaire que je qualifierais plutôt de bombardement austéritaire, les soins n'étant plus pris en charge qu'au delà d'un certain seuil de dépenses, y compris pour les Affections de Longue Durée (ALD).
    - La Cour des Comptes revient également longuement sur le côté pernicieux de la tarification à l'acte en ville, à l'activité à l'hôpital et critique l'action des précédents gouvernements, accusés de régulation des tarifs à la petite semaine, dans le seul but de respect de l'ONDAM, sans vision à long terme pour améliorer la qualité des prises en charge. Dont acte. Malheureusement, les propositions ne sont pas de financer pour permettra la satisfaction des besoins de la population, mais on retrouve dans ce rapport de la CC, comme dans le PLFSS 2018 (projet de loi de financement de la Sécurité Sociale) ou dans la Stratégie Nationale de Santé rendue publique par la ministre il y a quelques semaines, la volonté de s'appuyer sur le rejet massif de la tarification à l'activité dans les hôpitaux pour mettre en place de nouveaux modes de tarification tout aussi contraignants et sans doute plus pervers encore, conditionnant des ressources nouvelles à des "progrès" dans l'organisation et la "qualité" des soins. Les écrits officiels sont beaux, mais en langage décodé, cela pourrait par exemple être pour un hôpital une contractualisation permettant d'accéder à des ressources financières nouvelles à condition de diminuer sa durée d'hospitalisation, d'augmenter son taux de prise en charge en ambulatoire, bref de moins s'occuper encore des malades mais plus de son budget !
    - Troisième constat de la CC : la multiplication des aides à l'installation des médecins, sans grande efficacité sur une meilleure répartition des professionnels. De fait, nous sommes dans une surenchère stérile entre communes ou communauté de communes n'empêchant pas la désertification de s'étendre dans les zones rurales et les banlieues. Mais la CC ne fait que les propositions de replâtrage de la droite ou du gouvernement (c'est à peu près pareil !). Pas un mot sur le numerus clausus, sauf pour dire qu'il est détourné par l'arrivée de médecins étrangers et je cite : "Il est pourtant impératif de réguler les flux démographiques des professionnels, en vue d’adapter leurs effectifs aux besoins des populations concernées et de maîtriser une dépense dont la croissance est très supérieure à celle du PIB." Pas un mot non plus sur le développement d'un service public de soins primaires ! La CC ne connait pas les centres de santé. Même si la situation est complexe, la suppression du numerus clausus (progressive, en association avec une augmentation des possibilités de formation ) et le développement du service public, permettant aux jeunes professionnels le salariat qu'ils plébiscitent, les nécessaires mobilités pour couvrir l'ensemble du territoire, sont de nature à améliorer la situation ! Ce serait aussi un atout précieux dans le décloisonnement entre hospitalisation et soins ambulatoires et la création de vrais parcours de soins (pas d'un nouvel instrument financier comme le veut la CC : voir plus loin)
    La Cour des comptes propose évidemment des économies ! Dans ma précédente citation, la CC critiquait une augmentation des dépenses supérieure à celle du PIB. Mais est ce un drame si une société choisit d'utiliser l'augmentation du PIB pour mieux se soigner, mieux éduquer ses jeunes, mieux vivre à l'âge de la retraite ... plutôt qu'à favoriser les dépenses de luxe des ultrariches et leur optimisation fiscale ? Le choix de société de la CC n'est pas celui des communistes et témoigne de son absence d'objectivité et de son adhésion à l'ultralibéralisme. Amusons nous deux secondes de la comparaison avec l'Allemagne, si souvent cité comme l'exemple à suivre : Avec 11% de son PIB consacré aux dépenses de santé, la France est derrière l'Allemagne (mais aussi les Etats Unis, connus pour leur mauvaise politique de santé !). Cela n’empêche pas la CC de prendre plus loin dans le rapport exemple chez nos voisins d'outre Rhin.
    En vrac, j'ai relevé dans les propositions d'économies (mais ce n'est pas exhaustif) :
    - faire payer les patients en ALD : j'en ai déjà parlé ci-dessus.
    - utiliser les départs en retraite prévus dans la fonction publique hospitalière pour diminuer les effectifs
    - adapter les tarifs en fonction des hôpitaux les plus performants. Il s'agit là d'une logique dont on sait qu'elle favorise les plus grosses structures, en contradiction avec la nécessité d'hôpitaux de proximité.
    - fermer des blocs opératoires : en utilisant le seuil de 1500 actes chirurgicaux par an, 148 blocs opératoires seraient fermés !
    - transformer la tarification des urgences pour faire intervenir la gravité des malades pris en charge et inciter à d'autres solutions pour les urgences plus légères : une réforme qui serait dramatique pour les services d'urgences des zones déjà défavorisées par les pénuries de médecins généralistes ou la situation sociale de leurs populations. Et ne parlons pas de la présence ou non de services privés comme SOS médecins, spécialistes de l'urgence en zone rentable !
    - réduire les personnels des caisses d'assurance maladie, sans égard aux faibles coûts de gestion de la sécurité sociale par rapport aux complémentaires.
    - tarifier aux parcours et à l'épisode de soins. Méfions nous comme de la peste de cette intention qui parait louable, sortant de la tarification à l'acte mais qui risque de ressembler à la tarification à l'activité à l'hôpital, dont plus personne ne veut ! Tarif unique quel que soit le contexte d'affections associées ou d'isolement social nécessitant davantage de prises en charge. Mais plus dangereux encore que la tarification à l'activité de l'hôpital. Car qui va assembler une courte hospitalisation, les consultations du médecin généraliste, du spécialiste, la kiné, les médicaments, l'infirmière à domicile ....et répartir le tarif entre ces différents professionnels ?  En l'absence d'une politique volontaire de développement de centres de santé, d'un service public de soins primaires en lien avec l'hôpital (et la ministre ne semble pas en prendre le chemin), cela va être le privé avec quelques profits au passage pour les cliniques privées ou pour les assurances. Avec un risque majeur de parcours dont la qualité dépendrait du niveau de la complémentaire souscrite. Notons au passage que la Cour des Comptes dit tout haut ce que d'autres pensent tout bas : les pratiques avancées peuvent permettre de diminuer les coûts. Quel mépris pour ces professionnels de santé. On reconnait leur faire faire une partie du travail actuellement fait par des médecins en les payant moins.
    Passons aux propositions de la CC pour réorganiser le système de santé
    - La prévention est à la mode dans les discours officiels. Alors qu'il s'agit d'un sujet très important, elle est, pour les tenants du capitalisme, dans les discours et pas dans les actes, comme en témoigne la suppression des CHSCT décidée par les ordonnances Macron et toujours tronquée à la seule responsabilité individuelle. La CC est dans la droite ligne de ces politiques culpabilisantes, plutôt qu'éducatives et de véritable prévention primaire (amélioration de la qualité de l'alimentation, de l'air, du travail ...). Mais elle est même menaçante, évoquant la responsabilisation financière des patients.
    - La notion de service public est totalement absente des réflexions de la CC ! J'ai déjà parlé de son ignorance des centres de santé, mais elle veut aussi supprimer encore davantage les distinctions entre hospitalisation publique et privée en ouvrant les GHT aux structures privées et il ne lui vient pas à l'idée qu'un pôle public des médicaments mettant fin aux faramineux profits des laboratoires pharmaceutiques serait source d'économies. Elle préfère la fausse solution des génériques et s'en prendre à la marge des officines pharmaceutiques : c'est toujours plus facile de s'en prendre aux petits qu'aux gros !
    - la création d'une agence nationale de santé. J'ai gardé le meilleur pour la fin, cette perle technocratique et antidémocratique. La CC propose de réunir services du ministère de la santé et de l'assurance maladie dans une agence nationale de santé, réunissant les compétences de l'un et de l'autre, ayant autorité sur les ARS. Le ministre définirait la stratégie nationale de santé, le cadre financier à moyen et long terme et les technocrates de l'agence nationale de santé seraient responsables de la mise en oeuvre opérationnelle, définissant par exemple les leviers tarifaires. Ce serait la fin de ce qui reste de démocratie à la sécurité sociale, rendant impossible le retour à des élections et même une limitation du rôle du parlement. Avec la HAS (Haute Autorité de Santé) aux pratiques opaques, l'assemblage serait idéal, pour mieux mettre la santé au service du grand capital !

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  • Chiche, Monsieur le Président, le zéro reste à charge pour l'optique, le dentaire, c'est le 100% remboursé par la sécu !

    Le remboursement à 100% des soins est une nécessité éthique :  nous sommes tous égaux devant la maladie et devons pouvoir bénéficier des mêmes soins. Plus globalement, en englobant aussi la prévention, disons que nous sommes tous des ayants droits à la santé et seul le remboursement à 100% évite les discriminations par l'argent : c'est une condition au bien vivre ensemble, à une véritable citoyenneté.
    C'est une nécessité de santé publique : en favorisant des soins précoces, la prise en charge à 100% contribue à un meilleur état de santé de la population.
    C'est une nécessité économique car ces soins précoces coûtent moins chers !
    Le remboursement des soins à 100% s'impose donc et j'ajoute tout de suite, par la sécurité sociale.
    La sécurité sociale va mal : il faut donc réinventer la sécurité sociale du XXIème siècle, sur les valeurs qui ont fait le succès de la Sécurité Sociale de la libération, d'Ambroise Croizat. La solidarité, l'universalité, l'unicité sont ces valeurs. Le 100% sécu pour le remboursement des soins fait partie des mobilisations nécessaires pour une protection sociale de notre siècle face aux attaques incessantes des ultralibéraux, du capital.
    Une précision s'impose : historiquement, la France avait une dualité dans la protection sociale : sécurité sociale/mutuelles, résultat d'un compromis au moment de la création de la sécurité sociale. J'ai écrit "avait", car maintenant il y a aussi les assurances privées, les banques et l'on n'est plus sur un système dual, mais à plusieurs vitesses. Le compromis historique de la libération ne tient plus depuis que le code de la Mutualité a été modifié suite aux directives de l’Union européenne et les mutuelles alignées sur la réglementation des compagnies d’assurance à but lucratif.
    D'emblée, ajoutons qu'il ne s'agit en aucun cas de s'attaquer aux mutuelles,  mais simplement de les débarrasser de leur rôle assurantiel pour qu'elles puissent se consacrer à la prévention, à l'expression démocratique des ayants droits à la santé, à la gestion d'établissements, de centres de santé etc …
    Malgré le combat courageux de nombreux mutualistes, les complémentaires jouent le rôle de cheval de Troie dans la privatisation de la protection sociale. Les valeurs de la mutualité se perdent et l'on peut citer tout à la fois le recul démocratique lié aux regroupements, le rôle dans la financiarisation de l'économie et le développement des inégalités. Au delà de son apparence généreuse, l'accord national interprofessionnel rendant la mutuelle obligatoire en entreprise a eu des conséquences délétères qui avaient été prévues et dénoncées. Pour avoir les contrats, les mutuelles, d'autant plus qu'elles étaient souvent mises en concurrence avec des complémentaires moins éthiques, ont fait des offres financièrement intéressantes, sauf que ceci a été payé par les autres mutualistes, en particulier les personnes âgées. Les propositions peuvent se multiplier pour remédier à la situation de certaines fractions de la population, aide aux personnes âgées, mutuelles communales : elles ne font que fragmenter la population, cassant les solidarités et nous sommes très loin des valeurs de la sécurité sociale  chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins.
    L'évolution vers une protection sociale du XXIème siècle passe par le dépassement de cette dualité pour un remboursement à 100% par la sécu.
    Par ailleurs,  ce serait une simplification avec son corollaire une diminution des frais de gestion et cela faciliterait le tiers payant, sur lequel le gouvernement vient de reculer, malgré sa nécessité.
    Quelques mots de la situation d'Alsace Moselle, parfois donnée en exemple. Cela a l'avantage d'aider à la réflexion. Le régime local d'Alsace Moselle est une forme de complémentaire, financé exclusivement par une cotisation salariale et assurant un complément de remboursement à 90% sur les mêmes bases que la sécurité sociale avec une convention de gestion avec la CPAM : quasiment pas de frais de gestion, mais remboursement des frais d'optiques ou de soins dentaires sur les mêmes bases que la sécu, même si le taux est un peu plus élevé, donc quasiment pas ! La cotisation est proportionnelle aux salaires et le système donc plus redistributif qu'une mutuelle. Le régime local est géré par les salariés, une gestion d'autant plus louée qu'après une période de crise dans les années 80 et de fortes augmentations de cotisations, la cotisation a baissé après la résorption du déficit. Nos amis d'Alsace Moselle défendent farouchement ce régime local et ils ont raison, car concrètement il est avantageux et il ne peut être question de le supprimer, tant que tous les Français n'ont pas au moins l'équivalent. Mais la gestion salariée ne concerne que le régime local, cette complémentaire particulière, à l'image de la gestion des mutuelles et la sécurité sociale de base obéit aux mêmes règles que dans le reste de la France, les hôpitaux alsaciens vont aussi mal que les autres hôpitaux français. Dernière chose, certains avaient pu rêver que le régime local tienne la place de la mutuelle obligatoire en entreprise : le patronat l'a refusé, témoignant ainsi de sa volonté de faire rentrer la finance privée dans la protection sociale.
    Ce régime local ne règle pas la question des rapports entre le patronat et les salariés en particulier sur la répartition des cotisations, la nécessité de ressources nouvelles pour la protection sociale, ne règle pas la question globale de la démocratie à la sécurité sociale et ne règle pas une bonne part des restes à charges. Sa généralisation serait donc une impasse, car il nous faut répondre à toutes ces questions.
    Le remboursement des soins prescrits à 100% par la sécu fait partie d'un projet global de société visant à une protection sociale du XXIème siècle, sécurisant tous les moments de la vie, y compris dans le travail, articulée avec une sécurité d'emploi et de formation.
    Il s'appuie sur le développement du service public, car il ne saurait évidemment être question d'une prise en charge à 100% pour financer des dépassements d'honoraires ou les profits des laboratoires pharmaceutiques. Le service public est aussi la réponse à la volonté de mise en place de réseaux de soins par les complémentaires, à plusieurs vitesses, selon la formule de complémentaire souscrite, alimentant la marchandisation des soins et leur standardisation à l'opposé de l'humain. Enfin, face aux déserts médicaux, à la catastrophe sanitaire qui s'annonce avec le déficit en médecins généralistes, une meilleure régulation des professionnels ne peut être apportée que par le service public.
    Le remboursement à 100% nécessite des moyens nouveaux supposant de s'en prendre au coût du capital. Il ne peut s'agir en effet de se contenter de cumuler économies de frais de gestion et cotisation aux complémentaires : il faut aussi financer les dépenses actuellement à la charge des malades, mettre fin à l'étranglement financier des hôpitaux, prendre en charge correctement la perte d'autonomie. Faire cotiser les revenus financiers des entreprises comme les salaires serait un cercle vertueux : limiter la financiarisation de l'économie et cela rapporterait 40 milliards par an à la branche maladie de la sécurité sociale. Cercle vertueux aussi en faisant surcotiser les entreprises qui n'assurent pas de bonnes conditions de travail, paient au lance-pierre, négligent l'égalité hommes/femmes ou l'environnement.
    Enfin, il doit s'accompagner d'avancées notables en terme de démocratie en santé. Dans les échanges que les communistes peuvent avoir avec d'autres est posée la question du champ du remboursement à 100%, certains refusant de faire confiance aux médecins et préférant l'expression de soins démocratiquement définis. Mais cela renvoie à une définition à priori, freinant l'innovation, l'adaptation au cas particulier et le contrôle à postériori des soins prescrits, pour éviter les débordements est sans doute préférable. Cela suppose de remettre le service de contrôle de la sécurité sociale au service des ayants droits et non des injonctions gouvernementales, cela suppose un retour à une gestion démocratique de la sécu. Une raison d'ailleurs de plus pour regretter l'évolution de la cotisation vers la CSG, renforçant l'étatisation.
    Services publics, démocratie, lutte contre le coût du capital, le remboursement à 100% des soins prescrits par la sécurité sociale fait partie d'un projet global de société visant au progrès social et à la sécurisation de chaque moment de la vie. Correspondant à une aspiration profonde, il offre la possibilité de remettre la protection sociale au cœur du débat politique d'une manière offensive en lien avec le reste de la protection sociale, en lien avec la sécurité d'emploi et de formation, en lien avec l'exigence de droits nouveaux pour les salarié.e.s dans les entreprises pour que la production de richesses soit au service des travailleur.e.s, pas de la finance.
    Le 100% sécu peut être l'occasion de luttes très concrètes et je dirai volontiers au président de la république : chiche, le zéro reste à charge de l'optique, du dentaire, c'est le 100% sécu. Le gouvernement n'a évidemment rien compris. Les gens ne veulent pas financer Channel et les autres industries du luxe, mais ont besoin de lunettes esthétiques permettant de bien voir.
    Je dirai aussi : chiche, la suppression de la sécurité sociale étudiante, c'est le premier pas vers la mise en oeuvre de la sécurité emploi formation, vers la création d'un statut du salarié tout au long de sa vie, qu'il soit en emploi ou en formation. En tant que futur salarié en formation, les étudiants pourraient bénéficier de la gratuité de leur adhésion à la sécurité sociale, avec remboursement de leurs frais de santé à 100% et les dépenses afférentes compensées à la Sécurité sociale en faisant cotiser les revenus financiers des entreprises.

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  • Santé et démocratie : la caricature avec la consultation sur la stratégie nationale de santé !

    La ministre de la santé a lancé sur le site du ministère une consultation publique sur la stratégie nationale de santé à retrouver en cliquant ici
    Cette consultation s'apparente à la recherche d'un plébiscite, car les questions posées sous forme "Etes vous d'accord un peu, beaucoup, pas du tout ?" ne concernent que les objectifs. Or qui pourrait être en désaccord avec l'objectif de mettre en place une politique de prévention ou de lutter contre les inégalités sociales et territoriales ? Aucune question n'est posée sur les méthodes proposées pour atteindre les objectifs, beaucoup plus contestables !
    Mais vous pouvez vous faire plaisir (et qui sait, si on est très nombreux ...) en vous exprimant dans les deux zones de texte libre. Il n'est en effet pas nécessaire de cocher les cases qui précèdent pour que la réponse soit acceptée.
    Que contient cette stratégie nationale de santé (SNS) ?
    - La prévention est mise en avant (cela fait partie des objectifs incontestables). Il s'agit malheureusement plus d'une normalisation des comportements que de vraie prévention. Certes, les objectifs d’information et d’éducation sont importants, mais ne suffisent pas. Comme l'a indiqué A. Bruneel, député PCF du Nord lors de la discussion sur le volet santé du budget 2018 (intervention à retrouver en cliquant ici) "cette approche comportementaliste ne saurait masquer que, plus que les mauvais comportements, c’est surtout la violence sociale de notre société qui dégrade au quotidien les corps et les esprits de nos concitoyens. D’ailleurs les indicateurs de performance de ce programme, tant pour la prévalence du tabagisme que pour les taux de couverture vaccinale contre la grippe, sont tous calculés par moyenne. Or les moyennes sont souvent trompeuses en cela qu’elles rendent invisible la brutalité des inégalités. Si l’espérance de vie s’accroît dans notre pays, les inégalités sociales face à la mort sont plus violentes que jamais. La santé est donc avant tout le résultat de l’inscription dans les corps et dans les esprits du fonctionnement social inégalitaire de nos sociétés par lequel les disparités sociales passent sous la peau."
    Que dire aussi de l'alimentation, du bio pour ceux qui le peuvent et des pesticides pour les autres, du laissez-aller concernant les perturbateurs endocriniens (mais il ne faut pas perturber l'industrie chimique), de la pollution atmosphérique (mais pour la rentabilité, cars et camions sont mieux que le train, moins pollueurs) ...
    Et malheureusement, là comme dans les parties consacrées aux soins, la SNS noie le poisson de la pénurie : Il faudrait " Rapprocher les acteurs de la prévention, notamment médecine scolaire, services de santé universitaires, médecine du travail et autres professionnels de santé et les mobiliser autour des mêmes objectifs de promotion de la santé" Sauf que cela suppose d'avoir des médecins scolaires et des médecins du travail !
    - Le deuxième objectif est la réduction des inégalités sociales et territoriales. Le flou entretenu depuis la campagne des élections présidentielles sur le mode de réduction des restes à charge perdure. Ce qui est sur, c'est que l'on a vu le retrait de l'obligation du tiers payant et que les annonces de la SNS peuvent correspondre à tout, sauf à la seule mesure qui serait vraiment efficace, la prise en charge à 100% par la sécurité sociale de tous les soins prescrits. Bref, un zéro pointé à la SNS pour la réduction des inégalités sociales. La réduction des inégalités territoriales est du même tonneau. La télémédecine est mise à toutes les sauces ... sauf que si l'on n'augmente pas le nombre de médecins, il n'y aura personne au bout du téléphone et que faire sortir les médecins de l'hôpital n'aurait de sens que si les médecins hospitaliers étaient trop nombreux. Actuellement, ils sont débordés et en manque d'effectifs.
    Les objectifs suivants rebrassent les mèmes incohérences : qualité, innovation, télémédecine. Avec une certaine satisfaction, on peut lire qu'il faut prendre soin des soignants, mais au delà des mots ?
    Je voulais conclure ici ce déjà trop long article là, mais à la relecture il me semble que je donne l'impression que cette SNS ne contient que du vide. Or, ce n'est pas cela ! Car non seulement elle va faire perdre un temps précieux pour mettre en place les vraies mesures de progrès pour la prévention et les soins, mais en plus elle est dangereuse ! Juste un exemple avec l'évolution annoncée des modes de financements, que ce soit en ville ou à l'hôpital. De fait, la situation actuelle est mauvaise ... mais on peut faire pire en finançant non plus des actes, mais un parcours de soins pour lequel la rapidité et la qualité de la prise en charge serait fonction de la couverture sociale, une complémentaire à forte cotisation étant nécessaire pour ne pas attendre ou pour bénéficier de kinésithérapie intensive ou .... Et cette SNS fourmille d'allusions inquiétantes à des mesures qui contribueraient à la destruction de notre sécurité sociale et à une marchandisation plus importante encore des soins. Jupiter est vraiment le président des riches !

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  • La médecine scolaire en péril

    Dans mon précédent article, je faisais état du mépris de la ministre de la santé pour la médecine scolaire (Excusez moi d'utiliser ce terme de mépris, mais il n'y en a pas d'autres pour une ministre qui regrette que des médecins puissent préférer la médecine scolaire à une installation de médecine générale dans des zones déficitaires)
    Il se trouve que l'Académie de Médecine vient de publier un rapport à ce sujet : il est court (17 pages y compris les annexes), mais contient sans doute tout ce qu'il faut savoir à ce sujet : l'historique, le fait que la loi ne soit pas respectée (l'obligation d'un examen par un médecin scolaire dans la sixième année) et des propositions d'organisation et de formation qui semblent rationnelles.
    On y apprend entre autre qu'une évaluation de la médecine scolaire avait été demandée par le ministre en 2015 : le rapport de cette mission d'évaluation n'est toujours pas publié ! Cela évite évidemment de prendre les mesures qui s'imposent.
    A l'heure où la ministre de la santé établit la stratégie nationale de santé pour les années à venir, la totale impasse faite sur la prévention à l'école rend caduque tout discours tendant à vouloir accréditer la priorité donnée à la prévention.
    Pour lire le rapport de l'académie de médecine, cliquez ici.

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