Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Projet de loi de financement de la Sécurité Sociale 2018

    Un prix à la ténacité du combat mené par le grand patronat depuis 1945 pour tuer la sécu :  des moyens pour faire tomber cet édifice de solidarité !
    Pour la première fois, le financement par la fiscalité devient majoritaire pour l'assurance maladie : l'état, qui avait déjà beaucoup imposé à la CNAM et aux CPAM, va pouvoir se passer de l'avis des partenaires sociaux pour mieux servir les intérêts des assurances privées !
    Et pour ceux qui douteraient des cadeaux au patronat, la transformation du CICE (Crédit Impôt Compétitivité Emploi) en exonérations de cotisations sociales définitives, avec double cadeau en 2019 (à la fois bénéfice du CICE et exonération des cotisations sociales) est là pour témoigner que pour le gouvernement, le travail est une charge, pas une richesse ... et pourtant, à quoi servirait le capital sans lui !? Même France Stratégie, une institution rattachée au Premier Ministre, estime, dans son rapport, que le CICE s’apparente surtout à une politique publique inconditionnelle de reconstitution des marges des entreprises. Et le dernier rapport annuel du comité de suivi du CICE conclut à un effet modéré du dispositif sur l’emploi. Les estimations sont difficiles et l'incertitude grande vu l'absence d'exigence de contrôle sur les entreprises. En prenant le chiffre moyen de 100 000 emplois créés ou sauvegardés pour un manque à gagner pour l'Etat de 20 milliards d'euros, cela fait un coût de 200 000€ par emploi, incomparable avec le coût des contrats aidés que le gouvernement supprime, avec ses conséquences personnelles, pour ceux qui ne voient pas leur contrat renouvelé, mais aussi collectives du fait de l'importance de l'utilité sociale de la plupart de ces emplois.
    Analysons plus profondément la philosophie de ce PLFSS !
    Remarquons en préalable qu'il vient au moins trois semaines plus tôt en débat à l'Assemblée Nationale que les années précédentes, au milieu du débat sur le budget, histoire de mieux faire comprendre l'intrication des deux, l'étatisation voulue de la sécu (et de fait, quand les Macron/Philippe expliquent que la hausse de la CSG chez les retraités va être compensée par la baisse de la taxe d'habitation, c'est très intriqué !) et sans doute de donner des gages de "bonne conduite" à la commission européenne et aux grands capitaux européens.
    Après la réforme du code du travail, pour plus de sécurité du patronat ... et d'insécurité des salariés, la réforme de la sécurité sociale semble le deuxième volet du gouvernement, avant celui sur la formation professionnelle et l'assurance chômage, pour aller vers une législation du travail européenne minimale de protection des salariés : ce PLFSS 2018 poursuit le travail de réduction à peau de chagrin de la contribution des employeurs au financement de la protection sociale et d'autre part cherche à concrétiser le cadre institutionnel et financier permettant l'implication pleine et entière des complémentaires de santé dans la gestion de l'offre de soins. Ces deux axes d'attaque sont articulés et très cohérents l'un avec l'autre.
    Le précédent gouvernement avait déjà fait un pas important en ce sens en supprimant les cotisations sociales patronales de la branche famille et en remettant en cause son principe d'universalité. La Macronie utilise, poursuivant la transformation en allocations à caractère social, servant à la lutte contre la pauvreté et non à la politique familiale, transformant l'objectif de développement des capacités humaines du pays, moyen de dépassement du capitalisme, en palliatif à ses horreurs. Et concrètement, les grandes annonces pour les familles monoparentales sont financées au détriment des autres familles !
    Comme je l'ai dit en introduction, l'offensive est majeure dans la branche maladie : suppression des cotisations salariales et augmentation de la CSG, nouvelles exonérations dans la foulée du CICE. La fiscalisation devenue dominante dans l'assurance maladie s'accompagne d'une montée en puissance des complémentaires dans l'organisation des soins comme en témoigne l'article 15 du PLFSS (reversement des complémentaires à la sécu pour les nouveaux modes de rémunération).  D'ailleurs selon une ordonnance en préparation, une assurance privée pourrait devenir gestionnaire d'un centre de santé, changeant complètement le sens de ces structures, pouvant ainsi devenir source de profit).
    C'est plus discrètement que le gouvernement touche aux retraites : une simple préparation insidieuse pour les réformes à venir ! Car entre réformes passées et flexibilisation de l'emploi, le niveau des retraites a baissé et la branche est à l'équilibre. Difficile donc une nouvelle réforme, sauf à la rendre "indispensable", "souhaitable" ! Tel est le sens caché de l'intégration dans le régime général des indépendants, des artistes .. : un aspect progressiste, en faisant bénéficier du régime général plus avantageux ces professions, mais au détriment de l'équilibre de la CNAV, et sans doute avec l'arrière pensée d'un mouvement plus large de fusion des régimes spéciaux dans le régime général, y compris pour des professions où les avantages à la retraite sont la contrepartie de salaires réduits !
    Le PLFSS dans le détail
    Je ne vais évidemment pas citer ici les 57 articles du PLFSS, d'autant plus que j'avais déjà écrit dans ce blog à ce sujet après la conférence de presse de la ministre de présentation (à retrouver ici) mais vous donner une idée de son contenu en m'attardant sur certains articles. Selon la structure classique d'un PLFSS, les articles 1 à 3 concernent les budgets 2016 et 2017 de la sécu. L'article 4, s'il ne concerne pas des masses financières importantes, est caricatural : suppression de la C4S. C'était une contribution additionnelle payée par les entreprises dont le chiffre d'affaire dépasse 1 milliard. Quand le gouvernement dit que sa politique, c'est pour les petites entreprises ! Les deux articles suivants concernent 2017.
    Ensuite défilent les deux mesures phares de ce PLFSS, la suppression des cotisations maladies salariées et l'augmentation de la CSG, les exonérations de cotisation pour faire suite au CICE, cela en 2019. Je n'y reviens pas. L'article 9 concerne les créateurs d'entreprise : rien à dire à ce que des facilités soient accordées : on connait tous d'anciens chômeurs à qui il a été conseillé de créer leur entreprise et qui bossent largement plus que 35 h pour moins que le SMIC, mais il est amusant ... ou triste (?) de voir que le seuil de revenu au delà duquel les facilités cessent est bien au dessus de celui des retraités exonérés de la hausse de la CSG. L'article 10 consacre des facilités administratives. Encore une mesure phare avec l'article 11 et la suppression du RSI. Puis vient la hausse du prix du tabac, le verdissement du barème de la taxe sur les véhicules de société, du bricolage sur le prix des médicaments, pas du tout à la hauteur de ce qui serait nécessaire vis à vis de ces pilleurs de la sécu que sont les laboratoires pharmaceutiques. J'ai déjà parlé de l'article 15, augmentant les reversements des organismes complémentaires à la sécu et de l'article 16 (intégration du régime des artistes). Les articles 17 à 24 sont de technique financière et je vous en fais grâce (une technique évidemment sous-tendue par la philosophie décrite plus haut !).
    Après trois articles sur la branche famille et l'amélioration pour les uns, financée par les autres, c'est la même technique pour les retraites : revalorisation du minimum vieillesse mais décalage dans la revalorisation des autres pensions (Très hypocritement, c'est pour aligner toutes les dates de revalorisation au 1er janvier !)
    Puis c'est la branche Accidents du travail/Maladies professionnelles avec du bricolage par rapport à l'amiante, pas du tout à la hauteur de ce drame humain et la concrétisation dans le budget de l'ordonnance sur le compte prévention : j'ai déjà dit ici ce que j'en pense (à retrouver en cliquant ici).
    Vient l'article 34 sur les 11 vaccins obligatoires : si je suis certaine de l'intérêt de ces vaccins, (ils évitent de toute façon plus de maladies qu'ils n'en créent), il est tout à fait dommage que cela ne s'accompagne pas de financement de recherches pour les rendre encore plus surs !
    C'est ensuite une série d'articles concernant l'assurance maladie qui se termine avec ce scandaleux ONDAM (objectif national de dépense d'assurance maladie) à 2,3%. Le gouvernement se vante que c'est beaucoup d'augmentation, sauf qu'il y a eu les revalorisations salariales (trop minimes d'ailleurs pour les personnels) décidées par le gouvernement précédent ... et que pratiquement la moitié de cette augmentation va être mangée par l'inflation : 0,9% en Aout de cette année sur les douze mois précédents selon l'INSEE. L'évolution naturelle des dépenses de santé est évaluée au minimum à 4,5%. Cela va encore entraîner des difficultés insurmontables dans les hôpitaux. Alors, la Buzyn, elle a trouvé la solution : la pertinence des soins et affirme que 30% des prescriptions ne sont pas pertinentes et dans le débat à l'Assemblée Nationale vendredi soir, elle a donné des exemples : " Beaucoup d’entre nous ont déjà reçu un patient se plaignant de douleurs nécessitant un scanner. En attendant de passer ce scanner deux ou trois semaines plus tard, le médecin prescrit une radio : il sait qu’elle n’apportera pas de réponse, mais cet acte permet de faire patienter le malade et de le rassurer. Voilà un acte non pertinent ! De même, beaucoup d’entre nous ont déjà vu, lors de visites à l’hôpital, des malades hospitalisés pendant une semaine, attendant un acte de chirurgie, à qui l’on faisait tous les jours des prises de sang pour justifier leur séjour hospitalier." Ces exemples sont des réalités, même si je doute que cela représente 30% des prescriptions. Sauf que plus on impose des économies par en haut, plus ces attentes se multiplient avec les dépenses collatérales et que ce sont bien des moyens nouveaux, dans le premier exemple de Mme Buzyn, des scanners et des radiologues, qui permettraient à terme de faire des économies. Et oui, il faudrait former des médecins, supprimer le numérus clausus ! Le reste est à l'avenant : sans supprimer la T2A, ce mode de tarification qui a été utilisé pour étouffer les hôpitaux, elle propose des modes de financements complémentaires alternatifs, des dérogations pour innovation, la télémédecine, dans un embrouillamini où les bonnes intentions se mélangent au pire et qui, faute de moyens et de personnels médicaux et paramédicaux sont de toute façon vouées à l'échec : Les difficultés de coordination, si souvent décriées, ce sont avant tout des personnels constamment débordés, le manque de secrétaire ...Et pour donner un exemple du pire, il y a l'article 50 sur l'efficience du service médico social proposant la suppression de l’opposabilité des conventions collectives de travail aux établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS) signataires d’un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens ! Quant on sait les conditions déjà actuelles de travail et de salaire de ces personnels.
    Je vous ai mis en vidéo l'intervention générale de Pierre Dharréville, député communiste des Bouches du Rhône sur ce PLFSS. Les interventions des députés communistes ont été très nombreuses pour critiquer, mais aussi proposer. D'ailleurs un amendement du groupe communiste a été retenu demandant au Gouvernement de remettre au Parlement un rapport sur l’exposition des salariés aux risques chimiques, un rapport portant notamment sur les conséquences de l’exposition à ces risques sur la santé des salariés, les actions de prévention existantes, ainsi que les coûts de prise en charge induits pour la sécurité sociale.

    Catégories : santé et protection sociale Lien permanent 0 commentaire
  • Plan régional de santé (PRS) marqué par des oukases et c'est dommage

    L'Agence Régionale de Santé élabore actuellement sa stratégie pour les années à venir. Le premier document, le cadre d'orientation stratégique, les orientations pour les dix ans à venir, a changé depuis le printemps, témoignant de la richesse des contributions, de l'implication du personnel de l'ARS engagé dans ces travaux et ceci montre à quel point l'envie domine d'améliorer la santé dans le Grand Est : une immense bonne volonté et un gâchis phénoménal !
    Même l'analyse du déficit de la sécurité sociale est intéressante dans ce texte ; il pointe le rôle du chômage ! Mais la conclusion dictée est implacable : il faut faire des économies ! Pourtant on y apprend que les dépenses de santé dans le Grand Est représentent 8,5% de la dépense nationale, alors que la population compte pour 8,7% de la population française et que la mortalité "prématurée", la mortalité avant 65 ans, a un indice de 192 dans le Grand Est alors que le chiffre est de 187 en France. Ce même indice atteint 199 en Lorraine, 212 en Champagne Ardenne et même 226 dans les Ardennes et en Haute Marne (225 dans les Vosges).
    Ce document fourmille d'excellentes analyses. Mais, même la reconnaissance du problème lié au manque de médecins est masquée ! Dans l'avant projet du printemps, l'orientation stratégique n°2 était "Agir sur la démographie et la formation des professionnels de santé". C'est devenu plus discrètement le levier stratégique n°6 sous l'intitulé "Adapter la politique de ressources humaines". Une catastrophe sanitaire s'annonce avec l'importance des départs en retraite de médecins généralistes prévus dans les cinq ans, alors qu'il en manque déjà tant et que de plus en plus de gens se retrouvent sans médecin référent. Comment peut on se satisfaire de lire que les 3 UFR de la région ont un "numérus clausus médical important" ?  Plus globalement, c'est toute la politique prévue de "ressources humaines" qui est totalement désadaptée aux besoins Il y aune faille immense dans les économies attendues par le développement des hospitalisations ambulatoires : les besoins de personnels sont appréciés en fonction du nombre de lits, mais le raccourcissement des durées d'hospitalisation intensifie les soins, avec des conséquences dramatiques sur la qualité des soins malgré l'immense dévouement des personnels, malades de ne pas réussir à faire tout ce que l'on attend d'eux. Sans parler des maisons de retraite, qui accueillent des personnes de plus en plus dépendantes ... sans plus de moyens. 
    J'avais largement abordé dans mon précédent article sur le PRS (à retrouver en lisant ici) la perte complète de repère entre public et privé. L'adhésion affichée de ce document à l'idéologie libérale, le refus du service public ne permet même pas d'imaginer que certains médecins pourraient souhaiter être salariés, plutôt que gestionnaire d'une entreprise, car c'est bien en fait le travail annexe d'un médecin libéral, gérer son cabinet !
    La semaine dernière, j'ai participé à la CRSA (commission régionale de la santé et de l'autonomie) où je représente la Coordination Nationale des Comités de défense des Hôpitaux et Maternités de proximité Comme à l'autre réunion de la CRSA à laquelle j'avais assisté en mai (la Coordination Nationale n'a qu'un siège de suppléant), je suis intervenue sur la nécessité de permettre des formes d'exercice salarié de la médecine générale, de développer des centres de santé. Il y aurait tant de choses à dire sur un tel document, il faut bien choisir et si les tares les plus profondes sont liées à la politique nationale, l'impasse faite sur les centres de santé est bien une spécificité du Grand Est ! Au printemps, cela m'avait valu la réponse de l'élue représentant le conseil régional, là celle du directeur de l'ARS, avec le même mépris pour le travail salarié, pour ceux qui ne feraient que 35 heures par semaine ! Sans parler de la machine à décourager les meilleures volontés ! Sur le papier, on bouche des manques par les professionnels des établissements voisins, sans se rendre compte qu'ils ont déjà trop de travail, et on romance sur la notion de parcours, sur la télémédecine, sans se rendre compte que le contact avec un professionnel à distance, cela nécessite qu'il soit disponible ! Cinquante pour cent des jeunes médecins quittent la région. Sans commentaire.

    Catégories : santé et protection sociale Lien permanent 0 commentaire
  • Humeur du jour : avec la droite, une drôle d'image de la démocratie

    Deux faits du jour : au conseil général et à Charleville-Mézières
    Le conseil général a désigné son nouveau président, le précédent ayant préféré le Sénat. C'est à peine plus qu'un fait divers, car un président de droite va remplacer un président de droite et cela ne devrait donc pas notoirement changer la politique du conseil général. Mais cela a été l'occasion de division de la majorité de droite, dont on aimerait savoir les causes, s'il y avait des projets différents. A défaut, tout porte à croire qu'il ne s'agit que de conflits de personnes, de carriérisme ! Triste image de ceux qui sont sensés nous représenter et qui décident pour nous des politiques départementales. C'est vrai que l'absence de proportionnelle lors de l'élection des conseillers départementaux ne permet pas une vraie représentation des Ardennais !
    A Charleville-Mézières, mercredi prochain, étaient prévues les élections pour les conseils citoyens. Dans mon secteur, mais c'est le cas dans d'autres secteurs de la ville, le manque de candidat a conduit à l'annulation de ces élections : il y en a moins que de postes et ils sont donc tous désignés ! C'est le résultat de trois ans d'une tutelle écrasante de la municipalité, qui n'a pas permis aux conseils citoyens de jouer un vrai rôle d'animation de la démocratie dans leur quartier et de favoriser l'expression de toutes et tous. Beaucoup se sont demandés l'intérêt de participer à une telle institution ! Pour ma part, j'avais décidé de ne pas baisser les bras et voilà la profession de foi que j'avais faite et qui sera ma ligne de conduite :
    Démocratie participative : chacune et chacun a son idée pour mieux vivre dans le quartier, mieux régler les problèmes du quotidien mais ne prend pas le temps, ne sait pas où ou n'ose pas le dire ...
    Pour moi, le conseil citoyen doit avoir un rôle pro-actif pour promouvoir cette démocratie de proximité, faciliter l'expression de toutes et tous dans chacun des différents quartiers du secteur.
    Dans une totale indépendance vis à vis de la municipalité - mais en lien avec elle pour connaître ses projets, transmettre besoins et idées des habitantes et habitants, faire en sorte que les paroles dites ne soient pas perdues et que les projets, dans leur concret, répondent aux besoins - le conseil citoyen doit, à mon sens, impulser la démocratie du quotidien sur des sujets comme la rénovation de la place de Mézières, la politique de la ville et favoriser la mise en relation pour le bien vivre ensemble dans le secteur. C'est à cela que je vous propose de contribuer.

    Catégories : Ardennes Lien permanent 1 commentaire
  • Plan contre la désertification médicale : du bla-bla-bla

    - pas d'augmentation du numérus clausus
    - pas de réforme des études pour favoriser l'orientation vers la médecine générale
    - rien pour faciliter le développement d'un service public de médecine ambulatoire et le salariat des médecins généralistes qui seraient ainsi dégagés des tâches de gestion.
    Bref, juste un peu d'argent pour faire de la surenchère entre territoires très désertifiés et territoires à peine moins désertifiés, entre communes qui ont les moyens et communes qui n'ont pas les moyens de construire une maison médicale, bref, simplement changer un peu la carte de la pénurie : du gâchis !
    Et de la poudre aux yeux, avec la télémédecine, car évidemment, il y a là source de progrès, mais à condition qu'il y ait des professionnels pour l'utiliser !
    Le gouvernement est en pleine contradiction : son PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) est traversé par une volonté d'étatisation de la Sécurité Sociale, comme d'ailleurs de l'assurance chômage, avec même concrètement, pour 2018 ponction d'une partie de la CSG normalement réservée à la sécu pour alimenter les caisses de l'état (c'est tout l'intérêt pour lui du décalage entre l'augmentation de la CSG dès le 1er janvier et la baisse des cotisations salariales étalée au cours de l'année). Mais par contre, il ne veut pas que l'état prenne ses responsabilités pour lutter contre la désertification médicale et propose comme méthode de "faire confiance aux acteurs des territoires pour construire des projets et innover dans le cadre d’une responsabilité territoriale". En fait, il obéit à une logique, celle de l'argent pour les riches !
    Je ne reviens pas sur ce PLFSS. J'en ai déjà parlé sur ce blog (à retrouver en cliquant ici). La publication du texte jeudi n'a été l'occasion d'aucune surprise heureuse. Elle permet tout au plus d'apprécier à quel point tout est fait pour le patronat, avec un effet bingo pour lui en 2019 à travers la suppression des cotisations pour les salaires en dessous de 2,5 SMIC, alors qu'il bénéficiera encore du CICE, dont l'effet sur l'emploi a bien du mal a être prouvé !
    Parlons de la désertification médicale et regardons concrètement ce qui pourrait être fait :
    La suppression du numerus clausus ou tout du moins son augmentation rapide (en donnant les moyens aux facs d'accueillir les étudiants) ne résoudra pas l'urgence .. mais cela doit maintenant faire 20 ans que l'on dit que ce n'est pas la solution car elle n'agit qu'avec retard. Alors, n'attendons pas 20 ans de plus !
    La réforme des études médicales devrait permettre aux étudiants, non pas d'avoir des enseignements d'hyperspécialistes (ou tout du moins pas que), mais une formation plus générale, pas seulement purement scientifique d'ailleurs mais aussi en psychologie, sociologie .., leur facilitant l'approche globale de la médecine : il sera toujours temps pour ceux qui veulent se spécialiser de creuser leur domaine ! Et, sans doute, plutôt qu'un service civique pour aller porter la bonne parole de la prévention sans y avoir été formé, un stage obligatoire chez un médecin généraliste pourrait leur faire découvrir la richesse humaine du métier !
    Le développement d'un service public de santé ambulatoire, articulé sur le développement de centres de santé, répondrait à deux aspirations des jeunes médecins : le travail en groupe, mais aussi le salariat, aspiration fréquente, complètement absente des préoccupations gouvernementales, alors que le salariat décharge les médecins de tout ce qui n'est pas travail médical et simplifie grandement la prise d'un poste ! Pour mémoire, dans les maisons de santé, les médecins ont un exercice libéral et dans les centres de santé, un exercice salarié. Le gouvernement devrait donner un statut d'établissement public de santé aux centres de santé, avec pour les professionnels y travaillant un statut équivalent à la fonction publique hospitalière ou de praticien hospitalier pour les médecins (évitant les contractuels à vie, facilitant les mutations ...). Ce serait un geste fort. Et il devrait aussi impulser les créations, en s'appuyant là où les collectivités ou les mutuelles (les porteurs traditionnels des centres de santé) ne sont pas volontaires, sur les hôpitaux et tout particulièrement les hôpitaux locaux et pourquoi pas sur la Sécurité Sociale, une Sécurité Sociale rénovée, démocratisée ... Je rêve, sauf qu'il y a urgence sanitaire. La courbe est exponentielle de ceux qui se retrouvent sans médecin traitant. C'est à cause de cette urgence sanitaire que mon propos porte essentiellement sur la médecine générale, même si d'autres spécialités sont aussi très en difficulté, une raison de plus pour augmenter le numérus clausus. Face à cette urgence sanitaire, le gouvernement doit prendre ses responsabilités ! Or il ne les prend pas.

    Catégories : santé et protection sociale Lien permanent 0 commentaire
  • Rénovation de la place de l'Hôtel de ville de Mézières : la charrue avant les boeufs

    Certes, on peut se féliciter que le maire ne s'intéresse pas qu'à la plage ducale ! Et la place de l'hôtel de ville a besoin d'un coup de neuf .... mais il devrait aussi s'intéresser à la baignade de la Warenne, aux centres sociaux, aux escaliers du Mont Olympe, pour ne citer que les dernières choses dont j'ai entendu parler ... mais je pourrais allonger la liste !
    Cette place de l'Hôtel de ville est un croisement de circulation et pas seulement le passage d'une circulation nord sud, comme il l'évoque dans son projet à retrouver sur le site de la ville en cliquant ici.
    L'avenir est évidemment à la piétonisation des centre-villes et ne pas en tenir compte pour le centre de Mézières serait un affront à l'avenir. Encore faut il s'en donner les moyens en facilitant les transports en commun. En supprimant le projet de bus à haut niveau de service fait par la municipalité précédente, le maire s'est mis une sacrée épine dans le pied ! Car sauf à diminuer la circulation automobile, fermer la place de l'hôtel de ville à la circulation promet quelques embouteillages monstres : il suffit de voir actuellement les queues de voitures en provenance du Theux le matin ou après la pause de midi ! Et, ne rions pas, pour aller de Manchester au Theux, il faudra traverser une première fois la Meuse par le Pont de Pierre, pour la retraverser par le Pont de la Victoire.
    Circulation, stationnement aussi, avec trois types de stationnement dans le quartier, celui des habitants, celui de celles et ceux qui travaillent dans le quartier, celui de celles et ceux qui viennent y faire leur course ou dans les différentes administrations. Alors évidemment, le regard se tourne vers ceux qui y travaillent, qui viennent donc pour une longue durée et pourraient, parait il, se garer plus loin et pourquoi pas sur le parking Picasso, plutôt désert. Et on triche un peu sur le temps de trajet à pied, car pour le maire, il n'existe que l'hôtel de ville, sauf que la préfecture est un peu plus loin, le tribunal encore un peu plus et pour la cité administrative, il faut bien 9 à 10 mn : vingt minutes à rajouter à la journée de travail, plutôt quarante minutes pour beaucoup avec la pause de midi ! Mais ils n'habitent pas tous Charleville-Mézières donc cela n'a pas beaucoup d'importance pour le maire !
    Pourtant des solutions existent : le succès des navettes lors du récent festival des marionnettes (certaines débordaient : il en aurait fallu de plus fréquentes à certaines heures) témoignent que les gens n'hésitent pas sur les transports en commun et elles étaient même utilisées par celles et ceux qui travaillent dans le centre de Charleville. Ah, j'oublie, elles étaient gratuites ! Mais toutes les villes qui explorent la piste du transport en commun gratuit s'en trouvent satisfaites. Ça coûte cher ? Mais malgré la récente augmentation, nous avons encore un des versements transport les plus faibles de France ! (Pour info, le versement transport est payé par les entreprises résidant sur le territoire de l'autorité organisatrice des transports). Et si le maire veut y aller en douceur, il pourrait commencer par quelques navettes aux heures de début et de fin du travail. Il serait d'ailleurs intéressant qu'il y ait une concertation entre les administrations et leurs salariés du centre de Mézières et le maire pour travailler la question du stationnement.
    Et puis, il y a les circulations "douces" comme on dit ! Alors là, le maire a un projet est ouest, le long des berges de Meuse, mais pas Nord Sud, à part sur le Pont d'Arches, sauf qu'en venant de Mohon, il faudra, soit faire le tour par la préfecture, dans le flot de voitures, soit traverser le flot de voiture deux fois, à l'entrée et à la sortie de la place de l'hôtel de ville, pour profiter de cet espace sans voiture. De fait, la possibilité de circuler en vélo diminuerait la circulation et contribuerait certainement à la qualité de vie de beaucoup de parents qui font des aller et retour en voiture alors que les enfants pourraient prendre leur vélos, pour autant qu'il y ait une continuité des circulations douces, gage de sécurité.
    J'ai entendu le plaisir des gens du quartier à ces travaux :  se réapproprier la place de l'hôtel de ville, c'est ouvrir le champ des possibles à un quartier en le sortant de la froideur des administrations pour en faire un lieu de vie, et tout simplement supprimer des obstacles à des déplacements à pied de la citadelle à la rue Monge et à ses commerçants : les feux pour la traversée sont actuellement programmés uniquement pour l'écoulement rapide des voitures sans le moindre égard pour les piétons.
    Mais ne mettons pas la charrue avant les boeufs : développons les transports en communs, les circulations douces d'abord. Le projet de rénovation de la place de l'hôtel de ville ne peut être isolé d'un plan global de circulation dans l'agglomération, pour lequel on sait que l'achèvement de l'A304 est attendu depuis longtemps, facilitant la mise en oeuvre en supprimant les circulations de transit dans la ville.

    Catégories : Ardennes Lien permanent 0 commentaire