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Education, formation - Page 15

  • Congrès de l'association des régions de France : jeu de pouvoir, de réduction des dépenses publiques ou démocratie améliorée ?

    ARF-RVB.jpgJe viens d'assister au congrès de l'association des régions de France et j'en sors déçue, déçue sur la forme, déçue sur le fond !
    Sauf que cela permet d'enrichir, de préciser une réflexion alternative sur les réformes nécessaires.
    Car, plus que de décentralisation n'avons nous pas besoin d'une explosion de la démocratie ?
    Déçue sur la forme : succession de discours et de tables rondes pour promouvoir le fait régional, justifier les demandes de l'ARF de plus de décentralisation. Les interventions possibles de la salle ont du se compter sur les doigts de la main pour l'ensemble de cette journée et demi. Cela ne fait que confirmer mon sentiment : les décisions de l'ARF se prennent en catimini. Sans parler des invités aux tables rondes : politiquement, l'expression du président de la région Alsace était sans doute incontournable, mais la diversité à gauche s'est limitée, outre le PS, à un député Europe Ecologie, un parti dont on sait qu'il a fait le choix de casser les départements (sans doute, faute d'élus dans les conseils généraux) et côté syndical, heureusement qu'il y avait une table ronde sur la formation pour laquelle la secrétaire générale de la FSU avait été invitée à s'exprimer, car sinon, les centrales syndicales critiquant la réforme des retraites, pour prendre un critère d'actualité, avaient été écartées de l'expression publique ! Ce n'était pas le cas du patron du MEDEF, évidemment appelé à s'exprimer et salué à plusieurs reprises dans les discours inauguraux.
    J'ai été d'autant plus déçue sur la forme que le seul autre congrès de l'ARF auquel j'avais participé facilitait plus l'expression de la "salle".
    J'ai en fait été moins déçue sur le fond puisque je connais les discours de décentralisation à tout vent du président de l'ARF, A Rousset, président de la région Aquitaine, dont j'ai toujours l'impression que son but est avant tout le pouvoir et qui s'évite de réfléchir aux conséquences, dans la droite file des politiques ultralibérales, de réduction des dépenses publiques,  Ah, certes, il revendique plus de moyens financiers pour les régions, mais ce n'est que la fin du discours, après avoir revendiqué des pouvoirs nouveaux.
    C'est l'occasion de donner des éléments de réflexion alternative : cela repose sur quelques principes forts, qui ne s'opposent pas à un approfondissement de la décentralisation, mais pas n'importe laquelle ! Permettez moi de les illustrer à propos de la revendication, à mon avis nocive, de l'ARF de décentralisation des politiques de l'emploi. Je parle là bien uniquement des politiques d'emploi, (Pôle Emploi, missions locales ...) pas des politiques nécessaires pour la création d'emplois, de réindustrialisation, de développement de services publics nouveaux, de transformation écologique ...
    - premier principe : rapprocher les lieux de décision du citoyen favorise la démocratie. Il est évidemment plus simple pour les femmes et les hommes de peser sur une décision quand elles, ils, connaissent celle ou celui qui la prend. Et c'est pour cela que si évidemment, tout ne peut pas se régler au niveau de la commune, l'existence de celle ci reste indispensable, de même que le rôle du département est essentiel. Regardons la réalité tout simplement par la géographie ardennaise : il reste possible pour un Givetois ou un Vouzinois d'aller participer à une réunion au chef lieu après le travail. Cela devient presque du ressort de l'impossible s'il s'agit d'aller à Chalons en Champagne, qui n'est pas tout à fait un lieu de décision de proximité, mais où il est quand même beaucoup plus facile d'organiser des concertations, d'avoir des retours sur les décisions prises que si c'était Paris. Et le retour sur les décisions prises, l'évaluation, non pas administrative, mais par l'appréciation des personnes concernées est un gage d'efficacité des politiques publiques, l'assurance de ne pas être dans la communication sans lendemain.
    Et pour prendre l'exemple des politiques de l'emploi la critique de l'empilement des différents dispositifs faite par le rapport de Monique Iborra (voir à ce sujet mon blog en cliquant ici), et reprise par l'ARF, ne tient pas compte du fait que les privés d'emploi vont avant tout voir leur maire, leur centre d'action communal et le maire est souvent aussi très au fait de l'évolution des offres d'emploi dans sa commune et à proximité. Les conseils généraux ont aussi volonté de s'impliquer dans ces politiques pour aider à l'insertion professionnelle des bénéficiaires du RSA par exemple. Se passer de l'implication des ces échelons territoriaux, ce serait se priver de compétences par connaissance du terrain, essentielles à l'efficacité des politiques.
    - second principe : donner les mêmes droits à tous les citoyens : c'est essentiel dans l'Education Nationale, et vous savez, lecteurs de ce blog, combien je défends le fait d'une école ouvrant à tous les mêmes possibilités, une école pour ceux qui n'ont que l'école pour apprendre avec de grandes ambitions pour tous, pas une école au rabais dans les zones en difficultés. Mais c'est aussi essentiel dans les politiques de l'emploi, ne serait ce que pour des questions techniques : serait il acceptable qu'il soit plus facile pour un habitant de Signy le Petit d'accéder à la connaissance d'une offre d'emploi à Langres à l'autre bout de notre grande région qu'à Hirson, à quelques km de chez lui, mais en Picardie ? Et l'expérience de la formation professionnelle des privés d'emploi montre bien comment il est plus simple d'instaurer de telles frontières (avec l'excuse de "l'informatique") que de les lever. Mais il ne serait pas normal que l'accompagnement des chômeurs ne soit pas le même à Revin ou à Nantes : c'est sans doute déjà le cas. N'en rajoutons pas par des règles locales !
    - troisième principe : prendre l'argent où il est ! La suppression de la taxe professionnelle plutôt que sa réforme par le gouvernement précédent, en cédant au grand patronat (rappelons qu'en plus ce sont sans doute les plus petites entreprises, les artisans, les commerces de proximité qui ont le plus perdu dans la réforme) a privé des régions de ressources propres. M'étendre sur la réforme fiscale nécessaire rendrait cet article déjà trop long illisible, mais juste un exemple de possibilités : le versement transport, payé d'ailleurs par les entreprises d'Ile de France !
    Et, en ce qui concerne les politiques d'emploi et de formation, aucune réforme ne doit conduire à exonérer les entreprises de leurs responsabilité dans le chômage, évidemment par l'indemnisation des privés d'emploi, mais aussi dans le financement du grand service public de l'emploi que doit devenir Pôle Emploi, du financement de formations pour les privés d'emploi (sans que cela ne soit au détriment de l'indispensable formation des salariés).
    - Quatrième principe : assurer des péréquations financières : être dans une nation, cela veut évidemment dire partager les succès et les difficultés ! Pour rester dans le domaine de l'emploi, il est évident que Pôle Emploi a plus de dépenses à Revin pour simplement financer des frais de déplacement des privés d'emploi se rendant à un entretien d'embauche que dans une grande ville à faible taux de chômage (ou tout du moins plus faible qu'à Revin) où les demandeurs d'emploi peuvent déjà espérer trouver dans la ville ! Il y a donc nécessité de mécanismes de peréquations.

    Aurai-je donné des principes contradictoires ? Je ne le pense pas. Car l'on peut imaginer un grand service public national de l'emploi, où évidemment les organisations syndicales et patronales joueraient leur rôle, puisque les cotisations chômage sont une des principales sources de financement, mais où élus à tous niveaux pourraient apporter leurs propositions, leurs critiques. La fusion probable des CCREFP (comité de coordination régionale de l'emploi et de la formation professionnelle) et des CRE (conseil régional de l'emploi) qui n'a jamais trouvé sa place sera sans doute un pas dans la bonne direction, en permettant aux CCREFP de donner leur avis sur ce que fait Pôle Emploi dans les régions, mais il faut certainement aller beaucoup plus loin, tout d'abord en faisant en sorte que les conseils généraux soient représentés dans les CCREFP, sans doute la meilleure manière de faire le lien entre insertion des bénéficiaires du RSA, formation et emploi mais aussi en créant de vraies structures locales (départementales et au niveau des bassins d'emploi) où les élus locaux puissent échanger avec Pôle Emploi, râler contre les radiations par exemple (j'ai eu plusieurs exemples assez scandaleux dans le genre ces derniers jours pour les Ardennes), mais aussi contribuer à l'amélioration de l'accompagnement par leur lien avec les missions locales, les chantiers d'insertion ..., exprimer les besoins de formation en relation avec les emplois locaux, où les représentants syndicaux puissent s'exprimer (Ah, si les salariés avaient plus de droit de gestion dans les entreprises, il y aurait beaucoup de choses simplifiées sur la gestion prévisionnelle des emplois !). Bref, il faut trouver la manière d'avoir un véritable contrôle citoyen de Pôle Emploi, plutôt que de, comme le proposent certaines régions, vouloir faire sans Pôle Emploi, en réinventant son truc local.
    Au delà des particularités liées aux questions d'emploi, il faut sans doute retenir la nécessité de lieux de coordination entre tous ceux qui sont intéressés par un sujet, le tout encadré par des lois obligeant à cette coordination et à ces progrès démocratiques et fixant des cadres sur qui décide en cas de désaccord.
    L'exemple des contrats de plan de développement des formations professionnelles est instructif : la loi a obligé à faire et dans un contexte d'opposition politique entre le gouvernement et les régions, des contrats ont bien été passés. Certes ils n'ont pas tout réglé, il n'y avait pas de volet financier (c'est quand même le nerf de la guerre !) mais ils ont au moins permis des échanges d'information évitant des superpositions de politiques contradictoires ou superflues. Car j'ai bien entendu certains présidents de région dire qu'ils n'avaient pas besoin que la loi se mêle de leurs relations avec leurs conseils généraux ... sauf que c'est plus simple pour un A. Rousset en Aquitaine où tous les conseils généraux sont à direction socialiste que dans d'autres régions.
    Et il faut sans doute aussi retenir l'exigence d'une beaucoup plus grande démocratie : Plus que de décentralisation nous avons  besoin d'une explosion de la démocratie.

    En tout cas, il serait catastrophique que le débat (il semble que le gouvernement repousse de plus en plus les dates où la suite des textes de lois de réforme territoriales seront discutés : on parle d'après les municipales) se solde par une déconcentration des pouvoirs de l'état avec ordre aux conseils régionaux de décliner les politiques décidées à Paris, sans en avoir les moyens, sans un pouce de plus de démocratie, bref par l'application des politiques ultralibérales voulues par l'actuelle commission européenne à la solde des marchés financiers, de réduction des services publics de proximité. Et quand j'entends, comme je l'ai entendu, la ministre M. Lebranchu parler d'état stratège, j'hésite entre une version de communication soft d'un état ne s'occupant que des compétences régaliennes (armée, police, justice) ou d'un état donnant des ordres aux collectivités, sans en donner les moyens, mais en tout état de cause, cela me semble rester dans la droite ligne des politiques ultralibérales régressives !

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  • Modifier l'ordre de la file du chômage ou agir durablement pour éradiquer le chômage ?

    pe.jpgFaute de s'attaquer à la vraie cause du chômage, le capitalisme, les mesures emploi du gouvernement ne visent qu'à changer l'ordre dans la file du chômage.

    Car l'on aurait pu attendre d'un gouvernement de gauche une relance économique par la consommation - en plus la prise en compte du respect de l'environnement aurait pu accroître encore le nombre d'emplois ainsi créés.

    Car l'on aurait pu attendre d'un gouvernement de gauche une voix forte dans les négociations internationales, portant l'exigence de taxer les comportements asociaux des entreprises pour freiner la mise en concurrence des peuples entre eux.

    Car l'on aurait pu attendre d'un gouvernement de gauche une vraie loi de protection des salariés, sécurisant leur existence de 18 à 60 ans, permettant d'alterner périodes de travail et de formation sans la menace permanente du chômage, de la précarité.

    Hélas, l'inféodation de nos dirigeants aux exigences du capitalisme ne nous conduit pas dans cette voie et les mesures annoncées pour l'emploi ne visent qu'à changer l'ordre dans la file du chômage, faute de création d'emplois.

    Les communistes continueront à porter haut et fort les exigences d'une autre politique économique, mais cela ne les empêche évidemment pas de s'intéresser aux mesurettes pour l'emploi, les parlementaires communistes ont, par exemple, voter la loi portant création des emplois d'avenir, considérant qu'il y avait urgence pour notre société à faire plus de place aux jeunes.

    Des mesurettes pour l'emploi, changeant l'ordre dans la file du chômage, ce n'est pas l'essentiel, pas ce que l'on aurait pu attendre d'un vrai gouvernement de gauche, mais c'est effectivement utile pour ne pas exclure durablement toute une partie de notre société de ce qui en fait le "en commun", le travail. Encore faut il que ces mesures ne contribuent pas à fragmenter notre société, à fausser la concurrence entre les salariés potentiels, sans y mettre fin, créant jalousie, sentiment d'injustice et faisant le terreau des idéologies les plus rétrogrades. Ainsi, les aides à l'emploi n'ont de sens que si elles sont là pour compenser un handicap de quelque nature qu'il soit, financer le temps passer à tutorer par exemple un jeune sans qualification. Elles sont délétères dés lors qu'elles peuvent faire préférer un jeune de 24 ans à un de 27.

    Parmi les mesures pour l'emploi, le développement de la formation a l'avantage d'aller au delà du pansement, vers l'investissement dans l'avenir. Encore faut il que ce ne soit pas formation des salariés ou formation des personnes en recherche d'emploi, mais bien les deux.

    L'aide à l'insertion professionnelle, s'adressant à tous, jeunes à la recherche d'un premier emploi, ou demandeur d'emploi en quête de reconversion mérite également intérêt : une sécurité emploi formation ou une sécurité sociale professionnelle, selon les termes que l'on préfère nécessite un grand service public de l'emploi, de la formation et de la certification !

    Les mesurettes pour l'emploi étant à l'ordre du jour au Parti Socialiste faute de volonté de s'en prendre à la racine des problèmes, une députée socialiste, Monique Iborra, a présenté en juin un rapport d'information sur Pôle Emploi et le Service Public de l'Emploi, qui mérite attention. Vous pouvez le lire sur le site de l'Assemblée Nationale en cliquant ici. Il mérite attention pour ce qu'il contient ... et pour ce qu'il ne contient pas ! Annonciateur sans doute de la politique gouvernementale dans ces domaines pour les mois à venir, en particulier dans le cadre des projets de loi de décentralisation. Aussi il m'a paru intéressant de vous faire partager quelques unes des réflexions que sa lecture m'a inspirées.

    Dans ce qu'il contient, il y a un constat intéressant sur la situation de Pôle Emploi, la dénonciation par exemple des radiations abusives - on apprend qu'il y en a eu plus de 500 000 en 2012 - la reconnaissance des difficultés, à la fois à un véritable accompagnement des demandeurs d'emploi et au calcul de leurs indemnités. Mais les propositions restent bien timides, comme la proposition 24 : "réduire à moins de quatre mois le délai de convocation du demandeur d’emploi au premier entretien suivant l’entretien d’inscription et de diagnostic", d'une part parce que ce délai de quatre mois est en effet beaucoup trop long et que des objectifs ambitieux de réduction doivent être donnés, mais surtout, car il convient d'inverser autant que possible la démarche pour permettre facilement au demandeur d'emploi d'être à l'origine de l'entretien ! Mais la question des moyens de Pôle Emploi semble tabou !

    Dans ce qu'il ne contient pas, il y a tout le lien nécessaire entre Pôle Emploi et le service public de l'orientation créé dans les textes par la loi de 2009 sur la formation et l'orientation. Quelle participation de Pôle Emploi à ce service ? Seule est évoquée dans ce rapport la place des psychos de l'AFPA. Et pourtant, les demandeurs d'emploi doivent pouvoir accéder facilement à des informations leur permettant de s'orienter éventuellement vers un nouveau métier, leur permettant de choisir une formation. C'est ce que nous expérimentons en Champagne Ardenne avec notre charte pour un service public d'orientation incluant Pôle Emploi, avec nos Espaces Métiers qui sont pour certains dans les locaux même de Pôle Emploi.

    Car il ne suffit pas de faire de l'incantation en disant que les demandeurs d'emploi doivent se former : encore faut il que les éléments leur soient donnés pour se retrouver dans le maquis de la formation, qu'ils ne soient pas chargés de trouver les financements, laissés dans l'incertitude concernant les frais de transport ou tout simplement leur indemnisation si la formation est longue : cela nécessite une vraie complémentarité entre orientation permettant de choisir la formation adaptée aux souhaits et aux compétences déjà acquises et prescription de la formation ouvrant droit à la prise en charge des frais pédagogiques, frais annexes et rémunération pendant la formation.

    Pour en rester dans le domaine de la formation, on ne peut qu'être inquiet de la proposition n° 35 du rapport : expérimenter d’autres formes d’achat de formation que par le biais de la procédure des marchés publics afin d’améliorer la réactivité du dispositif de formation dans son ensemble. C'est clairement indiquer la volonté de rester sur de l'achat, sans vouloir sortir de la marchandisation de la formation, en ne cherchant à améliorer que la réactivité, pas la qualité, pourtant gravement mise à mal par des organismes de formation à but lucratif cherchant par exemple les moyens de faire les prestations pour lesquelles ils ont été sélectionnés, au vu sans doute du nombre de couleurs dans leur dossier, une fois qu'ils sont retenus, par l'embauche de formateurs précaires.

    Dans ce que ce rapport ne contient pas, il y a la nécessaire réflexion à avoir sur un vrai service public de la formation répondant aux besoins des demandeurs d'emploi !

    Dans ce qu'il contient, il y a toute la question du service territorial de l'emploi avec deux constats excellents, celui de la nécessaire implication des élus locaux, en particulier des maires, les plus interpellés par les chômeurs, et celui de la superposition de structures et dispositifs, conséquence du premier constat, des dispositifs créés au fil des années pour répondre à l'interpellation des élus.

    Mais les propositions faites sont en décalage avec la qualité des constats, avec tout d'abord un mélange entre les écoles de la deuxième chance, dispositif de formation occupant à temps plein les jeunes inscrits dans ces écoles, et les dispositifs ne faisant que de l'accompagnement, avec ensuite une mise en cause de la qualité des missions locales, alors que précisément, si un dispositif issu des territoires a démontré son utilité, ce sont ces missions locales avec leur capacité à accompagner les jeunes dans leur globalité, pas seulement dans leur insertion professionnelle. Evidemment, ici ou là on pourrait espérer qu'elles soient encore plus performantes, mais elles ont l'avantage, contrairement à d'autres dispositifs, les PLIE par exemple, d'être présentes dans tous les territoires. Et on ne peut que s'étonner que le rapport leur reproche de  tendre " à se substituer à l’éducation nationale dans la prise en charge des « décrocheurs »." Le reproche doit plutôt être adressé à l'Education Nationale, en échec vis à vis de ces jeunes abandonnés et les propositions devraient plutôt porter vers des moyens nouveaux pour l'Education Nationale, tout en tirant les leçons des expériences qui sont en train de se dérouler dans les missions locales où un accompagnement plus global permet de dénouer des situations, évitant la fuite en avant dans l'exclusion sociale de ces jeunes.

    Et dans ce que ce rapport ne contient pas, il y a les nécessaires propositions pour que le service territorial de l'emploi réponde véritablement aux besoins, c'est à dire qu'il s'appuie sur de vraies pratiques démocratiques, impliquant les élus locaux et les représentants socio économiques. La première proposition du rapport veut : "reconnaître la région comme chef de file d’un service public régional de l’insertion professionnelle, de la formation professionnelle, de l’orientation et de l’apprentissage.". Les régions ont effectivement une expérience dans la formation et sont sans doute un bon échelon pour coordonner toutes ces politiques mais cela nécessite d'institutionnaliser le lien avec les communes, le vrai lieu de démocratie de proximité et avec les départements, dont les compétences sociales doivent s'articuler avec l'insertion professionnelle. Et c'est localement que peuvent se construire les synergies nécessaires pour avancer dans la sécurisation des parcours professionnels, permettre des transitions professionnelles d'une entreprise vers une autre du même bassin d'emploi en anticipant sur la gestion des emplois et des compétences plutôt que d'exiger la mobilité géographique des demandeurs d'emploi, sans égard pour les conséquences familiales de celle-ci. Encore faudrait il qu'une loi en donne le cadre !

    Catégories : Education, formation Lien permanent 1 commentaire
  • L'esbrouffe des annonces sur la formation des demandeurs d'emploi

    poleemploi.jpg

    Je reprends ce blog après un long silence, en lien avec quelques jours de congés, mais pas seulement : aussi des articles laissés en attente pour les améliorer, comme celui-ci et un disparu malheureusement alors que je pensais l'avoir publié !

    Cet article fait partie de ceux que j'ai laissé en suspens pour le rendre plus lisible, car il y aurait tant à dire !

    Mais sans doute l'idée principale à travers toute cette campagne médiatique sur les efforts faits par le gouvernement pour former les personnes en recherche d'emploi, c'est bien encore de stigmatiser les chômeurs, de faire passer l'idée qu'il y a des emplois vacants et des personnes qui refusent de travailler, sans se poser la question du pourquoi de ces emplois vacants, prendre une fois de plus la défense des patrons contre le peuple ... et diviser !

    Et concrètement, pour ceux qui se sont penchés sur la question de la formation des demandeurs d'emploi, cela donne l'impression que le gouvernement Ayrault a trouvé le fil à couper le beurre : loin de moi l'idée de dénigrer la formation. Elle est indispensable, à la fois globalement pour le développement de notre pays et à titre individuel, la formation aidant à trouver, retrouver un emploi. Mais l'adéquationnisme entre la formation et les offres d'emploi n'est pas possible. D'autres s'y sont déjà essayé.

    Regardons donc quelles sont les offres d'emplois qui ne trouvent pas chaussure à leur pied, si je peux me permettre cette expression. Disons déjà d'emblée que leur nombre est bien inférieur au nombre des chômeurs  (un peu plus de 100 000 sans doute pour plus de 3 millions de chômeurs (nombre officiel, l'officieux étant bien au delà, car beaucoup ont renoncé à l'inscription à Pôle Emploi). Certaines ne relèvent pas du tout de l'absence de demandeurs d'emploi qualifiés susceptibles de les occuper mais de leurs conditions, la précarité du contrat, le salaire indécent, les conditions de travail... Une offre d'emploi cela peut être par exemple du démarchage auprès de particuliers, un travail de commercial pour laquelle l'entreprise qui recrute ne propose ni salaire minimum, ni véhicule, ni téléphone, ni liste de clients potentiels. Ne souriez pas : une telle offre, il y en a plusieurs par mois en Champagne Ardenne

    D'autres nécessitent de hautes qualifications - cela ne se réglera pas avec quelques mois de formation - ou une extrême spécialisation : on peut se demander dans ces cas si les entreprises ont vraiment envie d'aller de l'avant, car ne pourraient elles pas embaucher et permettre le développement de cette spécialisation par la formation ensuite ?

    Et puis, il y a les "trous perçés", les métiers, les entreprises où les gens ne font que passer, tellement ce qui leur est demandé n'est qu'un pis aller en attendant mieux, les centres d'appel par exemple. Ces entreprises là ne méritent pas qu'on leur finance la formation de leurs salariés : en la finançant elles-mêmes, elles seront beaucoup plus attentives aux conditions de travail et de salaires de leurs salariés, pour qu'ils restent !

    Le patronat reconnait d'ailleurs implicitement l'absence de possibilité d'adéquationnisme, puisque, à la préparation opérationnelle à l'emploi (POE) individuelle, il préfère les POE collectives ! Pour mémoire, les POE sont des formations financées par les fonds mutualisés de la formation professionnelle des entreprises à destination des demandeurs d'emploi. La POE individuelle correspond à une formation pour un emploi repéré dans lequel le demandeur d'emploi sera embauché au terme de sa formation. Les POE collectives ne donnent pas cette garantie d'embauche : cela permet aux patrons de pousser à la formation de 10 pour en choisir un !
     
    Le gouvernement Ayrault a trouvé le fil à couper le beurre, mais en plus, il veut le faire payer par d'autres ! Il a donné quelques sous à Pôle Emploi et compte pour le reste sur les financements des entreprises (ceux qui financent les POE citées plus haut) avec ce risque majeur que cela ne soit au détriment de la formation des salariés, pourtant indispensable aux transformations économiques en cours et sur les conseils régionaux, dont l'essentiel des ressources viennent des dotations de l'état, dotations annoncées en diminution !

    Certes, la formation des demandeurs d'emploi mérite amélioration : malheureusement, trop de demandeurs d'emploi sont déçus par les formations suivies. Trop mais pas tous, heureusement ! Car depuis les stages bidons, à seule ambition de diminuer le taux de chômage, bien des choses ont été faites, à la fois par les organismes de formation publics ou associatifs, comme les GRETA, l'AFPA et par les financeurs : conseils régionaux, Pôle Emploi,  sans attendre Ayrault et Sapin !

    Et je peux vous dire qu'en Champagne Ardenne, on n'a pas attendu cette année pour faire en sorte que les formations permettent de répondre aux offres d'emploi ... mais pas uniquement, car il est nécessaire de qualifier dans la durée la population, pas uniquement à l'offre passgère ou à l'utilisation très spécialisée d'un logiciel qui ne sera plus utilisé dans quelques mois.

    Améliorer les formations, faire en sorte qu'elles permettent d'amener des personnes très éloignées de la qualification recherchée à celle-ci, cela demande du temps, des innovations pédagogiques, c'est un peu un travail de broderie, pas d'injonctions médiatiques !

    La concertation pour adapter au mieux le programme des formations aux besoins n'a pas attendue Aurault pour s'engager en Champagne Ardenne et les réunions participatives territoriales sont rentrées dans les habitudes. La mise en place du réseau public régional de formation professionnelle et les procédures de mandatement permettent autant que le permet le droit européen de se sortir des peocessus de formation marchandise, avec son corollaire, la perte de qualité.

    J'aurais sans doute préféré comme aide du gouvernement, le renforcement des moyens de Pôle Emploi, car la qualité de la formation, cela passe aussi par le fait d'orienter les personnes vers les formations répondant à leurs besoins, mettre la bonne personne dans la bonne formation. Mais le gouvernement a sans doute jugé moins fun d'annoncer des recrutements pour Pôle Emploi que la formation de 30 000 demandeurs d'emploi, mais pour bien les orienter, les conseillers Pôle Emploi auraient besoin de beaucoup plus de temps !

    Les besoins de formation sont énormes : c'est donc malgré toutes ces réserves, avec satisfaction que l'on peut accueillir les annonces du ministre ... un peu plus, c'est toujours cela, mais attention à toutes les frustrations engendrées pour ceux qui ne trouveront pas d'emploi à la sortie !
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  • 30ème jour de la faim d'Emmanuel Jacquemin et le chaud et le froid !

    cden.jpgDix ans de droite ont mis à mal l'Education Nationale de notre pays : certains l'oublient trop vite !

    Mais cela ne peut excuser des pratiques indignes de notre pays : des déclarations du directeur académique des services de l'Education Nationale à Charleville Mézières et un communiqué contradictoire du Recteur à Reims le même jour !

    Car, en ce qui concerne la filiière L de Givet, c'est pourtant cela !

    Et c'est à l'image de ce qui s'est passé depuis quelques mois dans les collèges de l'Argonne et à Bazeilles, expliquant à la fois la résignation d'une frange trop importante de la population, mais aussi les résistances qui prennent des formes atypiques comme cette grève de la faim ! Vous pouvez à ce sujet aller lire l'article de L'Humanité de vendredi en cliquant ici.

    Avant de vous faire un petit retour en arrière sur la semaine écoulée, quelques éléments d'analyse.

    Le tous ensemble tend à faire oublier les vraies responsabilités, les suppressions de postes d'enseignants effectuées dans notre pays au cours du quinquennat de N. Sarkozy. La froideur des chiffres ne permet pas toujours d'appréhender la réalité concrète : ce sont de l'ordre de un dixième des postes d'enseignants qui ont été supprimés et à défaut d'avoir engagé une vraie politique de recrutement massif d'enseignants, dogme de l'austérité obligeant (les lecteurs habituels de mon blog savent ce que je pense de ce dogme qui entraîne notre pays dans le déclin et qui n'est pas inéluctable), le gouvernement gère la pénurie ! L'ensemble des adeptes de l'austérité ferait mieux de ne pas la ramener ! Les annonces de la semaine dernière ne doivent pas masquer la réalité : les 10 000 personnels supplémentaires annoncés ne sont pas des enseignants mais destinés à aider les directeurs d’école sachant que le nombre d'assistants d'éducation était passé de 20 900 en 2010 à 5 500 à la fin 2012.

    Mais même gérer la pénurie pourrait se faire avec un peu de transparence. Or le Recteur et le DASEN (nommés à l'ère Sarkozy) n'ont qu'une expression à la bouche : le bien des enfants ! Est ce réellement le cas ?

    Enseignement de proximité, hôpitaux de proximité ..., les arguments sont les mêmes pour fermer les services publics de proximité, celui de la qualité. Qu'en est il réellement ? Il y a l'approche technocratique du service standardisé, "marchandisé", partout pareil : on prend le jeune à son entrée dans le collège, le lycée et on le laisse à la sortie, de même que l'on prend le malade à l'entrée à l'hôpital, sans voir ce qui s'est passé avant. Alors évidemment, le service peut paraître mieux rendu s'il est fait par une équipe large, associant de multiples compétences et dotée d'un matériel important. Mais pas plus l'éducation que le médecine ne sont des processus industriels transformant la matière : elles touchent à l'humain, avec tout ce que cela a d'unique, de complexe et doivent donc prendre en compte l'individu dans sa globalité. Pour en rester à l'Education Nationale, le temps du collège ou du lycée n'est qu'un moment, même si cela en est une bonne part, de la journée du jeune, de ce temps de construction qu'est l'adolescence. Et à l'époque des technologie de l'information et de la communication qui permettent de sortir de l'isolement, du réchauffement climatique qui incite à ne pas multiplier les transports inutiles, le bilan global n'est sans doute pas à fermer les services publics de proximité !

    Mardi se tenait donc le Conseil Départemental de l'Education Nationale. L'ordre du jour ne portait pas sur la rentrée scolaire mais essentiellement sur l'amènagement du temps de l'enfant à l'école primaire. C'est assez incroyable que, mais c'était déjà le cas lors du Conseil Académique de l'Education Nationale (voir mon article en cliquant ici), les conditions de la rentrée prochaine ne soient pas abordées dans cette instance ! La mobilisation devant la préfecture a permis qu'une délégation puisse être écoutée par les participants du CDEN donnant lieu à un vrai dialogue de sourd avec le DASEN, mais débouchant sur une perspective de table ronde vendredi avec le DASEN et le préfet (il a fallu l'autorisation du Recteur pour que le préfet et le DASEN participent à la même rencontre !)

    Vendredi, c'était donc la table ronde. Emmanuel en était à son 28ème jour de la faim et que l'on soit d'accord ou non avec ce mode d'action, il y avait quand même urgence à ne pas répéter les mêmes monologues et à faire des propositions de sortie de crise !

    Et pourtant, le DASEN n'a fait aucune proposition concernant les collèges, alors que ce sont bien les méthodes employées qui ont entraîné cette situation extrèmement délétère dans notre département : l'annonce par le Recteur d'un statu quo à la rentrée prochaine pour permettre la mise en place de groupes de travail et une réalité se jouant des mots, du fait que les collèges multisites sont des établissements uniques pour prévoir, sans évidemment d'annonce officielle, puisque c'est organisation interne d'un établissement, fut il sur deux sites, que les collègiens de Buzancy iraient le mercredi à Grandpré, et que les troisièmes du Chesne devaient s'inscrire à Vouziers pour la rentrée prochaine, ce à quoi les parents, même si certains prétendent à leur acquiescement majoritaire, ne se sont pas soumis, à quelques exceptions près, sans parler des menaces sur tel ou tel personnel de l'Education Nationale, plus ou moins voilées.

    Et pire, les annonces du DASEN vendredi concernant le lycée de Givet ont été démenties par le communiqué du Recteur que vous pouvez lire en cliquant ici. Le DASEN a pourtant bien dit que la première L resterait à la rentrée prochaine à Givet et qu'une première L ouvrirait au lycée de Revin avec nécessité pour les équipes pédagogiques de travailler ensemble. Et à ma question, il a confirmé que le lycée de Revin avait la dotation horaire pour ouvrir une telle section pour 19 élèves. Ce qui en fait, renseignement pris auprès des équipes de Revin, n'est pas vrai, le lycée n'a pas de dotation supplémentaire, simplement l'injonction d'ouvir cette classe au détriment des horaires des autres classes !

    Ce n'est pas pour rien que la présence du Préfet était nécessaire : on compte sur lui pour relayer ces incohérences !

    Un dernier mot pour dire que les points de crispation sur l'Education Nationale dans le département ne sont que les parties émergées d'un iceberg beaucoup plus gros : le Sarkozisme a mis à mal durablement l'Education Nationale et l'enseignement agricole (j'ai rencontré des syndicalistes enseignants dans ce secteur cette semaine : eux non plus ne savent pas comment va se dérouler la prochaine rentrée)!

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  • "Boite à outil" à la commission permanente du conseil régional ce matin

    lyceerevin.jpgLe dispositif surnommé  "boite à outil", c'est une aide de la région aux lycéens rentrant en première année de lycée professionnel ou technologique pour acquérir les outils professionnels nécessaires au suivi de leur formation.

    La commission permanente de ce matin devait valider le nouveau règlement pour l'année prochaine, fruit d'un travail technique important pour uniformiser les pratiques entre les établissements (l'aide n'est pas donnée directement aux lycéens mais aux lycées chargés des achats)
    La nouveauté de cette année, c'est que les outils personnels sont donnés aux lycéens, tandis que certains moins usités ne seront que prêtés.
    Ce qui pourrait n'être que bonne gestion, si cela permettait de se donner des marges de manoeuvres financières pour d'autres besoins des lycéens
    Mais cela n'est pas le cas et cela a été le sens de mon intervention que je résume ainsi :
    Un travail technique important a été fait dont le rapport présenté à la commission permanente ne donne pas tous les éléments puisqu'il y a eu établissement d'une fiche par section que nous n'avons pas en notre possession.
    Si j'ai bien compris, tout ce qui est sur la fiche est autorisé et ce qui ne l'est pas ne peut être pris en charge. Les lycées professionnels du tertiaire utilisaient souvent ces dotations pour payer des cahiers de travaux dirigés très nombreux dans ces sections, qui ne peuvent être réutilisés l'année suivante puisque les élèves écrivent dessus et qui représentent des sommes dépassant ce qui est crédité sur  la carte Lycéo des lycées professionnels - je ne l'ai pas dit, mais il serait de bon goût que le ministre de l'Education Nationale appelle les lycées à arrêter de faire le jeu des éditeurs en utilisant ces fascicules, souvent d'ailleurs sous utilisés -
    La rigidification par un nouveau règlement risque d'interdire cela et c'est dommage.
    Le deuxième point que je souhaite aborder, c'est que, et c'est bien, le réglement prévoit le financement possible de tenues de travail : il semble que sur certaines fiches - gestion administrative d'après ce que l'on m'a dit - mais ne les ayant pas, je ne peux prouver, les tenues de travail soient devenues des robes pour les filles. Si cela s'avérait vrai, c'est quand même dommage que l'on laisse toujours la place à ce genre de stéréotype sexué.
    La vice présidente en charge des lycées et de l'apprentissage m'a répondu sur le premier point par "fond social lycéen".
    Il y en a marre de renvoyer à des démarches de charité, alors qu'il faut répondre par droit à la formation et gratuité de l'éducation nationale.
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