Fermer des collèges, en jouant sur les mots et sur l'usure des parents, des enseignants et des élus et au prix d'un chantage ignoble, une nouvelle scène de ce drame en 10, 15, ou 20 actes s'est jouée la semaine dernière avec un vote au Conseil d'Administration du collège multisite de Vouziers/Le Chesne en faveur (à une voix de majorité) de la fermeture du site du Chesne à la prochaine rentrée.
Un drame commencé le siècle dernier : 1995, date des premières consultations du Recteur de l'époque pour tâter le terrain !
Très vite, les résistances sont apparues, aboutissant à ce compromis : pas de fermeture, mais des collèges multisites.
Si le projet devait aboutir, il aura fallu 19 ans à l'Education Nationale pour arriver à ses fins : supprimer le collège du Chesne, 19 ans à endormir, à manipuler !
Une montagne d'hypocrisie : on ne ferme pas de collèges, mais simplement un site ... on respecte la démocratie : c'est le CA qui l'a demandé.
Des années à user les profs pour préparer le renoncement ...
Des années à jouer sur l'incertitude pour inciter aux départs vers l'enseignement privé.
Des années à concocter des réductions de moyens : jusqu'où faudra-t-il aller pour faire céder ?
Et la même continuité patiente : 95, la droite au pouvoir, puis Jospin, puis 10 ans de droite, aujourd'hui les solfériniens ...
Des opportunités, avec un DASEN de choc et ce cadre politique bien particulier où des postes d'enseignants sont recréés ... ailleurs en France mais supprimés dans les Ardennes : un contexte pour inciter à la fatalité. C'est la baisse démographique ...
Un prétexte constant : la PEDAGOGIE, L'INTERET DES ENFANTS. Histoire de renvoyer les parents, les enseignants de base, les élus à leur " incompétence "
Sauf que depuis 1995 on attend toujours que l'on nous démontre que ces collégiens "des petits collèges" réussissent moins bien que d'autres. Le discours a d'ailleurs changé "il y a moins de valeur ajoutée que dans d'autres"
Quel projet pédagogique d'ailleurs derrière cette volonté d'avoir de gros établissements scolaires facilitant parait il l'émulation ? Celui de dégager l'élite qui va continuer des études longues, que l'on prépare à "entreprendre" ... c'est la dernière trouvaille à la mode ... ou la volonté d'emmener tous les jeunes le plus loin possible sans en laisser aucun dans l'échec ?
Demain, le même scénario pourrait se reproduire à Grandpré, annonçant la fermeture du site de Buzancy.
Les membres des CA sont soumis à un chantage : des classes à effectifs surchargés, des conditions d'étude insoutenables ou accepter que les collèges multisites ne fonctionnent plus que sur un site. Il ne s'agit pas de démocratie puisque les dés sont pipés : les moyens sont donnés à ces collèges pour obliger à gérer la pénurie : les membres des CA doivent bien comprendre que ce que l'on retiendra, ce n'est pas qu'ils ont essayé de choisir le moins pire, mais bien qu'on leur demande en fait de se prononcer pour la fermeture d'un collège !
Quelle démocratie ? Comment l'augmentation du nombre des postes d'enseignants en France se traduit par une telle baisse dans les Ardennes ? Pourquoi le ministre de l'Education Nationale, quand il répond à une députée du Lot " considère que les territoires ruraux doivent être traités de façon particulière. " et ne prend pas en considération le Sud Ardennais, ni d'ailleurs le nord du département et se réfugie, en répondant à C. Léonard derrière la "condition que des objectifs pédagogiques de réussite des élèves soient poursuivis par les uns et par les autres." Comme si ce n'était pas ce que cherchaient les uns et les autres.
Sauf que les collèges ou lycées " usines " ne sont pas forcément le meilleur modèle, pas plus que les usines à bébés ou les usines à vaches ...
Je voulais aussi parler des lycées de Givet et de Revin, mais ce billet est déjà trop long. Simplement vous pouvez trouver les dernières informations sur le nouveau blog de Givi en cliquant ici.